« Lorsque j’ai composé mon premier roman, L’OEil le plus bleu [elle avait alors 39 ans et élevait seule ses deux garçons], je m’étais inscrite à un atelier d’écriture. J’ai alors eu envie d’écrire autour d’une anecdote qui m’a profondément marquée. J’avais 12 ou 13 ans. Nous débattions, avec une copine, de l’existence de Dieu. J’affirmais qu’il existait, elle soutenait le contraire. Parce que, m’avait-elle expliqué, cela faisait deux ans qu’elle le suppliait de lui accorder des yeux bleus, et rien ne s’était produit. Je me souviens avoir pensé qu’elle aurait été grotesque avec des yeux bleus et, dans le même temps, m’être aperçue combien elle était belle avec ses yeux étirés, ses pommettes hautes, son nez aquilin. Pour la première fois, j’accédais à cette dimension de la beauté unique, celle que chacun possède tel qu’il est. J’ai eu envie de comprendre et raconter pourquoi elle n’était pas en mesure de la voir.[…]
Je me documente énormément pour chacun de mes livres, afin de développer une compréhension de la réalité qui ait de multiples facettes, pas seulement celle qui m’arrange. J’ai par exemple commis une erreur dans mon premier livre avec le personnage de Maureen Peal, la petite blonde aux chaussettes impeccables. J’en ai fait le genre de fille que l’on adore détester, vous savez ? [Elle rit.] Je n’ai pas essayé de comprendre combien elle devait être effrayée d’être enviée. Je trouve toujours intéressant de regarder les choses à l’envers, pas seulement comme on vous dit qu’elles doivent être. Lorsque j’ai écrit Beloved, les femmes se battaient pour qu’on leur reconnaisse le droit de ne pas avoir d’enfants en ayant accès à la contraception et à l’avortement. À l’époque de l’esclavage, c’était le contraire. La liberté de Sethe, mon personnage, consistait à vouloir assumer la responsabilité de son enfant jusqu’à lui ôter la vie, pour lui épargner l’asservissement auquel il était promis. »
Extrait de Interview par psychologies.com
Toni Morrison, de son vrai nom Chloe Anthony Wofford, née le 18 février 1931 dans l’Ohio aux Etats-Unis. Elle est romancière, professeur de littérature et éditrice, lauréate du Prix Pulitzer en 1988, et du prix Nobel de littérature en 1993. Première femme noire à avoir été distinguée par ce prix prestigieux, elle porte la voix et l’histoire des afro-américains. C’est son roman « Beloved » qui l’a fait connaître en France. Aux Etats-Unis deux romans on assuré sa notoriété : Sula en 1973 et Song of Solomon en 1977. Son dernier livre « Home » est publié aux éditions Bourgois sous la forme d’une confession de Frank Money, un homme noir traumatisé par les violences dont il a été témoin pendant la guerre de Corée. Il décide alors avec sa soeur de retourner dans le village de leur enfance où ils ont tous les deux beaucoup souffert.
une auteure à lire et relire sans oublier son nouveau livre qui vient d’être plublié
Commentaire n°7 posté par Denis le 22/09/2012 à 19h29
Oui, et heureuse elle publie beaucoup donc il y a encore beaucoup de livres à lire.
Réponse de Anis le 23/09/2012 à 09h59
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Je l’ai vue en vrai hier… même de loin, quelle fraîcheur, quel oeil pétillant et quelle douceur dans la voix…
Commentaire n°3 posté par Anne le 23/09/2012 à 23h18
J’aurais beaucoup aimé la rencontrer. Lui poser quelques questions.
Réponse de Anis le 30/09/2012 à 08h13
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Je viens de lire ton article qui est très intéressant. Quelle femme incroyable et en plus une écrivaine talentueuse. J’ai déjà lu « Home » (privilège de bibliothécaire !!) Je vais mettre Beloved dans ma pile de livres à lire parce qu’elle me semble vraiment incontournable. Je te souhaite une bonne semaine.
Commentaire n°4 posté par Nina le 23/09/2012 à 22h27
Je vais relire Toni Morrison c’est sûr. J’aime particulièrement son style, très élaboré, très construit. Dans Sula, la narration est virtuose. j’avoue que j’aime quand c’est un peu compliqué, quand la forme traduit une certaine recherche.
Réponse de Anis le 30/09/2012 à 08h12
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Voilà le genre d’entrevues qui me donne l’envie de découvrir cette grande auteure (je viens d’acheter Home et j’ai hâte de m’y atteler).
Commentaire n°5 posté par Philisine Cave le 23/09/2012 à 20h11
Oui, il fait beaucoup de bruit ce livre, et je viendrai avec beaucoup de plaisir lire ton avis.
Réponse de Anis le 23/09/2012 à 21h41
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Je n’ai encore jamais lu cette auteure, assurément une grande dame de la littérature…
Commentaire n°1 posté par Nadael le 24/09/2012 à 15h36
Immense et génialissime, j’ai adoré les deux romans que j’ai lu d’elle, Sula et Beloved.
Réponse de Anis le 30/09/2012 à 20h55
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Hou là , jamais lu cet auteur! Le pire, c’est que j’étais au festival Amercia ce WE, et j’ai renoncé à la voir (trop de monde). Mais évidemment je peux toujours la lire!
Commentaire n°2 posté par keisha le 24/09/2012 à 14h29
Et bien pour une américanophile ! Bien sûr tu peux la lire, c’est la liberté du lecteur, que de faire ses propres rencontres à son rythme !
Réponse de Anis le 30/09/2012 à 08h14
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Je suis en ce moment assaillie par de nombreuses lectures obligatoires, mais dès que je peux, je lirai ce dernier roman de Toni Morrisson, dont on parle beaucoup et qui me tente bien.
Bon dimanche.
Commentaire n°6 posté par Bonheur du Jour le 23/09/2012 à 06h17
Bon dimanche. Oui Toni Morrison a une voix unique.
Réponse de Anis le 23/09/2012 à 10h07
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Elle, je l’adore et ne manque pas un de ses romans. Son écriture est originale et magnifique et ses thèmes captivants.
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Oui, une sacrée femme, vraiment géniale.
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« Beloved », dans lequel les voix sont si expressives et puissantes, est un sommet à égalité avec « le bruit et la fureur » du big Faulkner.
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Oui, c’est une grande dame, et cela fait un petit moment que je n’ai rien lu d’elle.
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