Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh

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Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh Glénat – 2010

Angoulême 2011 – Prix du public

Parler d'homosexualitéCette très jolie bande-dessinée  raconte l’histoire d’amour entre deux adolescentes, dont une découvre son homosexualité à travers le sentiment qu’elle éprouve pour une autre jeune femme.

Sentiment de culpabilité, écart par rapport à la « norme », sentiment d’appartenir à une minorité, difficulté d’assumer son homosexualité tout en se protégeant de la violence des autres, de ceux qui n’acceptent pas cet amour, autant de thématiques abordées par cette BD.

vignette Les femmes et la B.DUn graphisme élégant et subtil, des couleurs du bleu au gris qui nimbent cet album d’une très grande douceur, apportent un éclairage tendre et mélancolique à ce récit dont l’intrigue se déroule en France à la mort de Clémentine, l’une des deux jeunes femmes. Emma, sa compagne, accomplit les dernières volontés de son amie et se rend au domicile de ses parents pour récupérer son journal intime dans lequel elle évoque l’histoire de sa relation avec Emma, et la prise de conscience de sa « différence ».

Ce qui pour moi crée la beauté dans cet art est le dialogue entre le texte et l’image pour un même « moment » narratif, la manière dont il joue avec la complémentarité ou la redondance, ou encore les décalages, les contradictions qu’il instaure parfois entre les deux médias. J’ai trouvé le trait très expressif, il permet de lire les sentiments, les émotions des deux jeunes femmes, et les différents cadrages rythment bien la page, en donnant aux sujets un certain mystère (profils, visages tronqués ou vers les bords du cadre).

L’émotion aussi est au rendez-vous. On comprend la difficulté d’être et les multiples embûches du quotidien quand l’homosexualité assumée rencontre le mépris, les quolibets, l’exclusion alors que le seul enjeu est l’amour pour un Autre que soi. Culpabilité d’éprouver douceur, tendresse qui scinde le sujet en deux et le met dans une position intolérable.

« Je dis simplement que ce qui m’intéresse avant tout c’est que moi, celles/ceux que j’aime, et tous les autres, cessions d’être:
– insulté-e-s
– rejeté-e-s
– tabassé-e-s
– violé-e-s
– assassiné-e-s
Dans la rue, à l’école, au travail, en famille, en vacances, chez eux. En raison de nos différences. » s’insurge Julie Maroh sur son blog (que je vous invite à découvrir si vous ne l’avez pas déjà fait).

C’est vrai que le fond me fait délaisser les questions de forme ou d’expression, les quelques très rares maladresses sur le texte qui valent aussi par leur signification, un récit haletant, tenu, une certaine spontanéité et une urgence.

Palme d'Or
Palme d’Or (Photo credit: Wikipedia)

Abdelatif Kechiche l’a adaptée pour le cinéma en 2013 sous le titre La Vie d’Adèle, film qui a reçu la Palme d’or au Festival de Cannes 2013. je ne l’ai pas vu, je n’en parlerai donc pas.

Il est très intéressant de lire sur son blog l’article où elle livre ses sentiments notamment sur les scènes érotiques et l’adaptation du réalisateur.

22 réflexions sur « Le bleu est une couleur chaude – Julie Maroh »

  1. Cette BD m’attire beaucoup. Je regrette beaucoup que la réalisateur palmé cette année ait omis de citer sa source d’inspiration : j’ai trouvé cette attitude navrante et peu fair-play. Julie Maroh n’a même pas été invitée à fouler les marches du palais (quand on repère le nombre de décérébrés qui, eux, le sont, elle a raison de l’avoir mauvaise)

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  2. Je l’ai lu (dévoré) mais rendu à la bibli sans faire de billet. Cependant j’ai apprécié la délicatesse avec laquelle cette histoire est racontée, et graphiquement c’est une réussite, avec l’emploi des couleurs ou non couleurs.
    J’avais déjà fait une incursion sur le blog de l’auteur.
    Merci pour ton billet complet!

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  3. C’est incroyable qu’on ait tant parlé du film sans jamais mentionner qu’il s’agissait de l’adaptation d’une bd ! Personnellement je ne l’ai appris que tout récemment. Sinon le titre de cette bd me rappelle le manga Blue. Est-ce que c’est voulu ?

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  4. Tu as été séduite, comme moi par le graphisme, plus que moi par le texte… Il faut dire (à ma décharge) que je ne suis pas du tout une lectrice de BD… Moi, j’attends la sortie du film avec impatience, malgré tout…

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  5. ça fait longtemps que cette BD me tente, le sujet, le dessin, ce choix très esthétique et judicieux de choisir le bleu et le gris (qui me rappelle un peu Bilal d’ailleurs pour la femme piège), bret tout me tente… Par contre je ne comprends pas le choix d’avoir transposé cette BD au cinéma sans choisir la version dessins (par exemple comme pour « Persépolis » de Marjane Satrapi dont j’ai vu le film et adoré, une vraie réussite, d’ailleurs celui là aussi je me suis promise de le lire) !! Et d’ailleurs je lis les commentaires et ça me choque vraiment que le réalisateur est omis la source de l’histoire et qu’il n’ai pas invité l’auteur sur les marches avec lui… Choquant et inadmissible :0(

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  6. je ne lis pratiquement jamais de BD. En revanche, j’ai vu le film le jour de sa sortie et je suis au regret de dire que je me suis beaucoup ennuyée pendant les scènes de sexe, beaucoup trop long et répétitif.

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