L’amour, élégie – Adelaïde Dufrénoy (1765-1825)

"Le Baiser" ("The Kiss"). ...

Passer ses jours à désirer,

Sans trop savoir ce qu’on désire;

Au même moment rire et pleurer.

Sans raison de pleurer et sans raison de rire;

Redouter le matin et le soir souhaiter

D’avoir toujours droit de se plaindre;

Craindre  quand on doit se flatter,

Et se flatter quand on doit craindre;

Adorer, haïr son tourment;

A la fois s’effrayer, se jouer des entraves;

Glisser légèrement sur les affaires graves,

Pour traiter un rien gravement;

Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,

Timide, audacieux, crédule, méfiant ;

Trembler, tout en sacrifiant,

De n’en point encore assez faire;

Soupçonner les amis qu’on devrait estimer;

Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même;

Voilà qu’on se plaint de sentir quand on aime,

Et de ne plus sentir quand on cesse d’aimer.

(Opuscules poétiques, 1806)

« Le Baiser » (« The Kiss »).  Carolus-Duran  Palais des Beaux-Arts, Lille, France. (Photo credit: Wikipedia)

3 réflexions sur « L’amour, élégie – Adelaïde Dufrénoy (1765-1825) »

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