Les plaines de l’espoir Alexis Wright

les plaines de  l espoir

Ce livre retrace l’histoire de quatre générations de femmes aborigènes dont les vies furent inextricablement liées à l’histoire de la dépossession des terres des Aborigènes mais aussi de la politique d’assimilation qui fut menée à leur encontre, par les Blancs. Les femmes sont dans ces cas extrêmes les plus vulnérables puisqu’elles sont les premières à assurer la filiation. Il faut savoir que nombre de métissages en Australie furent le résultat de viols et d’enlèvements.

«Les enlèvements, les viols sont le grand problème de l’Australie. Ces métissages sur plusieurs générations ont produit des gens qui ne connaissent plus du tout leur identité», explique Marc de Gouvenain, son éditeur chez Actes Sud à un journaliste de Libération.

Ivy Koopundi Andrews est ainsi séparée de sa mère à l’âge de sept ans pour être placée dans une institution catholique. Elle devient l’esclave sexuelle d’Errol Jipp, le pasteur de la mission, et subira plus tard la violence extrême de son mari. Sa vie ne sera qu’une longue descente aux enfers dans un climat hallucinatoire. Femme, elle est doublement victime, des missionnaires puis ensuite des membres de la communauté Aborigène qui la rendent responsable des malheurs qui surviennent à St Dominique. Quel que soit le cadre, tout est affaire d’interprétation : des corbeaux qui se posent sur un arbre et restent plusieurs jours d’affilée, animal symbolique liée à la mort, une série de suicides, et voilà que l’on tient l’explication et du même coup la coupable.

Ivy trouvera-t-elle la paix ? En quelle lieu sera-t-elle réconciliée ? Sa fille puis sa petite fille, à la recherche de leurs racines noires se lanceront elles aussi dans la quête de leur identité volée.

Dans une Australie raciste dans cette première moitié du XXe siècle, impossible de contracter une union mixte. Les amours entre Noirs et Blancs sont condamnées à l’échec, les femmes abandonnées. Les femmes blanches ne sont pas en reste et défendent leur territoire et leur statut : « Quel culot elles ont ces noires, d’aller se pavaner, attifées comme des grues, sous le nez des nôtres ! »

Dans les couples Aborigènes, se prolonge la violence de la colonisation, les époux ne se sont pas choisis, ou plutôt ce sont les hommes qui choisissent : le pasteur et le futur époux. La femme est l’objet du contrat et n’a pas voix au chapitre.

Ainsi sont traitées parfois les femmes dans les cas les plus extrêmes : châtiée « à coups de badine et de sermons », disposant d’un peu d’eau et de nourriture, attachée par des cordes, le temps d’être matée, pour la nuit être attachée avec une chaîne pour chien.

Mais par ces femmes, aussi maltraitées soient-elles, se transmet parfois l’amour : « en secret, elle apprit aux enfants d’Elliot la joie de l’amour. Elle leur accorda le don de l’espoir. »

Il y a des portraits extraordinaires, ainsi cette danseuse du ventre, qui s’attache à faire surgir la beauté chez les patientes d’une institution psychiatrique auxquelles elles donne des cours, ou Bessie qui n’hésite pas à se départir des meilleures récoltes de son jardin, pour en faire pousser davantage la fois suivante afin de ne décevoir personne. Elle offre alors le fruit de ses récoltes à ceux, Noirs ou Blancs qui viennent lui demander.

Ces femmes n’hésitent pas non plus à se battre, comme des chiffonniers s’il le faut et à lutter pour faire entendre leurs voix.

Puissant récit, bouleversant témoignage, ce roman est portée par une des voix de femmes les plus puissantes de la communauté aborigène, Alexis Wright.Elle est née le 25 novembre 1950 à Cloncurry, Etat du Queensland . Elle publie Plains of Promise puis Carpentaria le 21 juin 2007. Elle a reçu le Miles Franklin Literary Award pour Carpentaria et quatre autres prix. Dans des entretiens qu’elle a accordés à la presse française, elle avoue ne pas parler le naanyi, la langue de ses ancêtres car elle n’était pas enseignée à l’école. cette langue est d’ailleurs en passe de disparaître. Elle raconte une enfance plutôt heureuse auprès de sa grand-mère qui lui racontait des histoires de la mythologie Aborigène de sa communauté. Mais elle n’en est pas moins ouverte à d’autres cultures , puisque elle-même a trois filles d’un mari Ukrainien !

8 réflexions sur « Les plaines de l’espoir Alexis Wright »

  1. Je ne connais pas l’auteure, je note. J’avais beaucoup aimé le roman de Kate Grenville Sarah Thornhill sur l’Australie, la colonisation et la communauté aborigène.

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