Francesca Melandri – Plus haut que la mer (2011) , Editions Gallimard, 2015 et Folio n°6103
Voilà un petit bijou littéraire. Un récit douloureux, tragique et joyeux dans lequel une rencontre a lieu entre deux personnes que tout sépare, l’éducation, le milieu social, les goûts mais qui ont une même qualité d’être, une même attention à l’autre et qui cheminent sans amertume.
L’auteure sait les rendre proches, et nous faire partager leurs pensées, leurs hésitations et tous leurs mouvements intérieurs. Ce voyage dans cette île paradisiaque, où le visiteur est saisi par la beauté de la mer, la senteur et les parfums est aussi le lieu de l’enfermement, de la douleur et de la violence. La prison a non seulement un effet sur les prisonniers mais aussi sur ceux qui viennent les voir, sur les proches et sur la société toute entière.
En 1979, Paolo et Luisa se rencontrent sur un bateau qui les emmène sur une île où sont détenus lui, son fils et elle, son mari. Le fils de Paolo a été condamné pour des actes terroristes, et le mari de Luisa, homme violent, pour avoir tué deux hommes alors qu’il était ivre.
Obligés de rester une nuit sur l’île à cause de la tempête, ils vont se raconter. Et s’ouvrir à nouveau à la vie. Ils seront surveillés par Nitti Pierofrancesco, gardien de prison, happé par la violence, qui ne parvient plus à communique avec sa femme, et s’emmure dans le silence. Témoin de leurs confidences, il va lui aussi se transformer.
Ce livre évoque » les années de plomb » en Italie et la pratique de l’attentat politique dans le cadre de la lutte armée entre 1969 et l’extrême fin des années 1980, la plus célèbre étant celle des « Brigades Rouges ». Le récit a lieu en 1979, lors des années les plus dures du terrorisme, l’année d’avant a eu lieu l’assassinat d’Aldo Moro, et l’année d’après l’attentat de Bologne.
Paolo, malgré les crimes perpétrés par son fils, est présent à ses côtés à chaque fois qu’il le peut. Il souffre mais n’abandonne pas. Luisa, elle, n’a jamais connu de véritable tendresse; elle ne regrette pas son mari violent mais accomplit son devoir. Chacun des personnages a une ténacité, une volonté de vivre et de cheminer qui lui permet de construire à nouveau un avenir.
J’ai été très touchée par ce livre, par la complicité qui se tisse entre les personnages, par leur profondeur, leur humanité. Un vrai coup de cœur.
« Scénariste pour le cinéma et la télévision, Francesca Melandri est également réalisatrice. Son documentaire Vera (2010) a été présenté dans de nombreux festivals partout dans le monde. Eva dort, son premier roman, a été plébiscité par la critique et les lecteurs en Italie, où il a obtenu plusieurs reconnaissances importantes, dont le prix des Lectrices du magazine Elle, mais aussi en Allemagne, en France et aux Pays-Bas. » Note de l’éditeur.
Un des plus beaux romans que j’ai lus l’année passée
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Il y a une incroyable grâce das ce roman et un message aussi, très fort.
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Un livre magnifique !
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Oui, c’est un livre qui fait du bien.
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Un de mes coups de cœur aussi !
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Oui, cela fait du bien d’être ainsi « remuée ».
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Moi aussi j’avais été particulièrement touchée par ce roman !
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Je suis heureuse que vous l’ayez aimé. Le miracle de la littérature est de rassembler.
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J’ai découvert tout récemment Francesca Melandri (Eva dort). Je lirai dès que possible celui-ci.
Il y a d’énormes qualités dans son écriture : sa formation, je pense, l’inspire pour créer une architecture de récit dans laquelle on peut déambuler librement, aller, venir, revenir dans une certaine pièce où l’on n’avait pas tout vu, etc. C’est très bien fait.
La langue est belle, profonde (il faudra que je la lise en V.O.) et puis, surtout, il y a dans cette écriture quelque chose que je trouve rarement dans la littérature française et qui me manque toujours : une espèce de relation charnelle avec les mots, les phrases. J’ai toujours l’impression que c’est l’idée, l’image qui viennent se cristalliser autour du mot, comme si la langue était un aimant… Enfin… Voilà, c’est de la belle ouvrage qui fait chaud au cœur.
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