Cette seconde vie – Virginia Woolf

« Observez perpétuellement, observez l’inquiétude, la déconvenue, la venue de l’âge, la bêtise, vos propres abattements, mettez sur le papier cette seconde vie qui inlassablement se déroule derrière la vie officielle, mélangez ce qui fait rire et ce qui fait pleurer. inventez de nouvelles formes, plus légères, plus durables. »

Virginia Woolf (Cité par Geneviève Brisac dans « Les filles sont au café »)

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Marie Morel : peintures/dictionnaire de femmes jusqu’au 30 décembre 2017

400 femmes ayant réalisé une oeuvre dans le domaine artistique, philosophique, littéraire, scientifique, … de l’époque préhistorique au XIXe siècle, enfin sorties de l’ombre.
Cette grande peinture est un véritable dictionnaire de ces femme totalement exceptionnelles et scandaleusement effacées de l’histoire de l’humanité.
Plus que quelques jours pour courir voir cette exposition de Marie Morel:
En voici un extrait :
 
Exposition du 30 novembre au 30 décembre 2017
Vernissage jeudi 30 novembre à partir de 19h
Galerie Librairie des femmes 35 rue Jacob 75006 Paris

« Je n’ai pas fait un tableau imaginaire : chacune des femmes qui y figure a bel et bien existé. Ce fut donc un énorme travail de recherche historique, parfois difficile, car leur présence est souvent cachée ou gommée, leurs traces effacées, leurs archives détruites. En plus, en cas de mixité, on utilise toujours le masculin.

Mon choix s’est porté sur les femmes qui ont réalisé quelque chose dans le monde scientifique, artistique, philosophique, littéraire ou qui, par leur démarche, ont marqué le monde dans les siècles passés.

Chaque portrait réalisé mesure environ 40 cm sur 50 cm, il se compose au centre d’un médaillon ovale peint à l’ancienne du visage de la femme (j’ai retrouvé la trace des visages de ces femmes grâce à des sculptures, des fresques, des mosaïques, des dessins, des gravures, des peintures anciennes, ou des photos pour le XIXe siècle). Au-dessus du médaillon j’ai inscrit le nom de la femme et, en-dessous, ses dates de naissance, de mort et le pays où elle a vécu. Ensuite, l’ensemble du portrait est peint de façon à ce que l’on voie très rapidement ce qui a fait la force de cette femme, et il est accompagné d’un résumé peint et écrit de sa vie et de ce qu’elle a réalisé.

Je déteste les discriminations, d’où cette recherche pour comprendre pourquoi et comment celle qui concerne ces femmes exceptionnelles a pu durer ainsi depuis des siècles.

Mais je veux surtout, à ma manière, avec ma peinture, rendre hommage à toutes ces femmes oubliées et les remettre à leur place dans nos mémoires. »

Marie Morel

Les jours de mon abandon – Elena Ferrante

Les jours de mon abandon - Elena Ferrante - Folio - Site Folio

Les jours de mon abandon Elena Ferrante 2002, 2004 pour la traduction française

L’immense succès de « L’amie prodigieuse », la saga napolitaine qui a rendu célèbre Elena Ferrante, éclaire rétrospectivement l’œuvre de l’auteure, déjà publiée et traduite aux éditions Gallimard depuis 1995 avec « L’amour harcelant ». C’est une belle histoire entre un auteur et un éditeur, dont la foi en son talent a été récompensée, même s’il s’agit ici uniquement des traductions et que le chiffre des ventes de l’auteur a dû aussi compter beaucoup.

Toujours est-il qu’en attendant la traduction française du 4e tome de « L’amie prodigieuse », les lecteurs ont tout le loisir de découvrir le reste de son œuvre.

Selon les interviews écrites de l’auteure, la majeure partie de son œuvre est d’origine autobiographique.

Une rupture amoureuse, inattendue, douloureuse, fait basculer l’héroïne dans un monde proche de la folie. Les repères disparaissent ; le sentiment d’abandon, dévorant, la solitude, la perte de sens la projettent à la frontière de ce monde patiemment construit autour de l’objet d’amour. La radiographie qui est faite de la séparation est minutieuse, et n’omet aucun détail de ce quotidien qui bascule. La haine, le désir de vengeance, la violence déchirent Olga menaçant de lui faire commettre l’irréparable. Son isolement, dû à une certaine tradition qui veut que les femmes restent à la maison, s’occupent des enfants, creuse encore davantage son égarement. Elle ne peut pas s’appuyer sur elle-même car elle n’a vécu jusqu’ici que pour l’autre dans une forme de fusion qui, aujourd’hui, serait jugée malsaine.

Il lui faut trouver qui elle est et en même temps se reconstruire : le projet abandonné autrefois, d’écrire. Et l’amour trahi comme matière à l’écriture.

Peut-être est-ce de cette manière-là qu’Elena Ferrante est née…