Le mot texte vient du latin textus, de texere, tisser. Celui qui conte, qui raconte est celui qui tisse, qui met ensemble, et fait naître l’histoire et le sens. Celui qui a une histoire, naît et meurt, a donc un début et une fin, un sens, une direction. Frasquita, l’héroïne de cette histoire, hérite de sa mère une boîte que se transmettent de mère en fille, les femmes de la famille, depuis plusieurs générations. Cette boîte est rempli de fils et d’aiguilles. Frasquita n’est pas celle qui raconte, celle qui tisse, car c’est Soledad, sa fille, qui aura pour rôle de transmettre l’histoire familiale, celle qu’on lui a racontée et qui s’est déroulée dans sa plus grande partie avant sa naissance.
Frasquita est celle qui coud, qui répare, qui recoud, qui fait tenir ensemble les deux bords du monde, l’ici et l’au-delà. Elle ne répare pas les blessures, car la cicatrice aussi fine soit-elle garde la mémoire des souffrances passées. Simplement elle recoud. Parfois le fil casse et l’homme et son désir qu’elle avait ainsi rassemblés, se séparent à nouveau.
Dans ce roman qui est aussi le récit d’une folle équipée, d’un voyage et d’une fuite, les femmes ne sont pas épargnées, victimes des traditions d’une Espagne du sud ancestrale et archaïque, où la religion se mêle de traditions païennes héritées des temps encore plus anciens et d’un fervent mysticisme. Les rencontres sont toujours manquées entre les hommes et les femmes dans cette société rigide où le plaisir est interdit et seule la procréation est valorisée pour la survie du groupe. Cette histoire se passe pourtant à l’époque de Pasteur, apprend-on avec surprise, tant on se croirait encore au Moyen-Age.
D’ailleurs l’une des filles se demande à un moment du récit si ce que ces femmes se transmettent à travers cette boîte n’est pas tout simplement leur douleur.
Mais cette société se fissure : bouleversements politiques, guerre civile, nouvelles idéologies font trembler ses bases. Car l’histoire de Carole Martinez se nourrit d’éléments empruntés à l’histoire, et possède une veine parfois réaliste, mêlée au merveilleux, à la magie des contes et de la poésie. C’est pourquoi certains critiques le rangent dans la tradition latino-américaine du réalisme merveilleux.
L’écriture de Carole Martinez sait rester légère malgré la gravité parfois du propos.
Ce roman a été un parfait coup de cœur. J’ai beaucoup aimé son écriture, très poétique et le texte s’orne de magnifiques métaphores. Une belle découverte, à lire absolument.
J’ai adoré aussi !
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Oui, je l’ai relu car j’avais perdu le billet que j’avais rédigé à l’époque où je l’avais lu.
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Un coup de coeur pour moi aussi, presque dix ans après je me souviens encore de l’endroit où je le lisais !
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Je l’ai relu dix ans après et toujours le même plaisir. un enchantement.
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Il reste aussi mon préféré de l’auteur dont j’attends avec impatience le prochain roman
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Oui moi aussi, je l’adore véritablement et chaque livre est un grand moment de littérature. Normalement elle suit l’histoire des femmes dans le temps d’après ce que j’avais lu.
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Lors d’une rencontre signature, elle avait dit produire un roman en dehors de la trilogie avant son dernier tome sur la femme contemporaine. Mais elle aime prendre son temps et elle a raison si c’est un gage de qualité
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Oui, je pense qu’elle a raison. D’accord, merci pour cette info.
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C’est avec ce roman que j’ai découvert Carole Martinez dont j’aime particulièrement l’écriture. Mon mari me l’avait offert par hasard, parce qu’elle portait le même prénom que moi… Un joli hasard… On ne la connaissait pas à l’époque… C’était son premier roman.
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Oui, c’était il y a longtemps, je voulais la relire parce que j’avais perdu l’article que j’avais écrit à l’époque pour mon ancien blog.
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Et oui, Carole est un très joli prénom.
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Lu l’an dernier pour ma part
J’avais adoré (ainsi que les deux autres de l’auteure dévorés dans la foulée)
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J’ai également lu les deux autres et j’attends le suivant avec impatience.
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J’ai un roman d’elle dans ma bibliothèque mais je ne l’ai pas encore lu. J’ai hâte de découvrir sa plume! Au plaisir!
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Elle est extraordinaire mais sans conteste celui-là est le plus beau !
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Merci pour la belle recommandation!
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Un très bon roman tout comme Du domaine des murmures (coup de coeur pour celui-ci)
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