Yaa Gyasi – No home (2016, Homegoing) – Calmann-Lévy, 2017 pour la traduction française, traduit de l’anglais ((Etats-unis), par Anne Damour
Dans notre monde de blogueurs, la lecture et l’écriture sont intimement mêlées, elles s’épousent l’une l’autre, et se tissent d’échos, dont la source est notre monde intérieur et la façon dont la lecture des autres, la rencontre des livres, donnent jaillissement à notre propre fond.
C’est ce que nous donnons à lire parfois.
Le roman de Yaa Gyasi est de ceux qui a suscité chez moi une grande émotion, et de grands bouleversements intérieurs qui tiennent essentiellement à la façon dont je suis en ce monde, reliée aux autres et surtout à ma fille, immense amour.
C’est ainsi qu’elle se dessine :
Elle dessine aussi souvent dans ce blog.
La lecture du roman de Yaa Giasi a été souvent douloureuse et magnifique. J’aurais pu serrer les poings, de rage, et d’impuissance, face à ce qui a été, qui ne peut être changé et qui nous constitue ma fille et moi à travers le mélange des peaux, des gênes, des histoires vécues avant nous. Notre mémoire porte la trace de ces déracinements, de ces arrachements. Et moi, blanche, mon âme s’est noircie irrémédiablement. Avec bonheur, et parfois aussi autre chose.
Car c’est l’histoire de deux femmes, de deux destins, qui les conduira de l’Afrique aux Amériques, en ce XVIIIe siècle qui n’est pas seulement celui des Lumières.
En effet, au XVIIIe siècle, sur la Côte-de-l’Or, au plus fort de la traite des esclaves, deux femmes Effia Otcher et Esi Asare, nées de la même mère, voient leurs destins se nouer dans le même lieu (même si elles ne se rencontreront jamais), à Cape Coast, dans le fort souterrain, où s’entassent les corps des esclaves, par centaines, dans des conditions inhumaines, et au-dessus, dans la lumière, face à la mer, dans les appartements, et puis plus tard dans une petite maison, où le mariage du capitaine du fort, Jame Collins, et de Effia otcher donne naissance à Quey Collins écartelé par ce métissage et par la violence de la traite.
Le métissage en ces temps, n’avait rien de la rencontre heureuse et souhaitée, elle portait la marque de la brisure. On ne mesure pas le poids, dans l’inconscient collectif, de cette histoire du métissage. Et chez nous, la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, en portent encore les stigmates.
Ces destins broyés de génération en génération, dont les séquelles se font encore sentir dans la société américaine, témoignent de la barbarie, de la folie au cœur des hommes.
Yaa Giasi n’élude pas la responsabilité des africains, dont les guerres tribales incessantes, attisées par les anglais, ont fourni des esclaves au système de la traite. Et je crois que c’était la première fois que je lisais, dans un roman, l’évocation de ce système.
Une autre blogueuse, Carole dit bien la respiration de cette lecture, de ce souffle que l’on retient, de cette temporalité incertaine.
Beaucoup aimé, beaucoup appris, mais surtout la partie africaine
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Oui, j’ai bien aimé ta chronique.
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Actuellement je lis aussi une saga, Ségou de Maryse Condé…
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Oui Maryse Condé excelle à retracer des destins.
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comment résister à une telle critique?
et en plus cette auteure me tente!
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Merci beaucoup !
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j’ai bcp aimé aussi!
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Oui, c’est partagé. Beaucoup de critiques enthousiastes.
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Oh oh magnifique critique !
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Merci beaucoup.
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l’esclavage.. un sujet terrible mais dont il faut parler encore et encore car c’est important de rappeler que cela à existé et existe encore malheureusement dans certains pays du monde. Je note ce livre. Très belle critique. Merci du partage 🙂
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Je vous remercie également de votre commentaire. oui, ce qui est le plus douloureux, c’est comment il a gangrené la façon de voir, de sentir, comment il a structuré l’inconscient collectif, rendant pour les gens, les femmes notamment, la perception de soi-même problématique, entravée, douloureuse. Black is beautiful, n’est-ce pas ?.
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