Lise Tremblay – L’hiver de pluie – Bibliothèque Québécoise XYZ éditions (20/09/2005)
Premier roman de l’auteure, L’hiver de pluie, cisèle son récit de mélancolie et d’errance au sein de la ville de Québec. Les hommes y sont soit petits, soit gros, toujours fuyants ou impuissants, incapables de tendresse et d’amour. Les aventures malheureuses, les déboires affectifs, les rencontres manquées et la ville et ses cafés peuplés de solitudes, de gens pas tout à fait comme il faudrait, voués au malheur et à la déconfiture (si l’on peut dire), sont au diapason de ces ciels gris, de ces flaques sur le sol dans lesquelles se reflète un ciel immensément gris. C’est le roman, peut-être, d’une génération, de la désespérance.
L’hiver de pluie, est un court récit, qui excède à peine une centaine de pages, divisé en deux parties inégales, dans lesquelles des tranches de vie, des moments sont relatés, (beaucoup de références à Poulin que je ne connais pas) qui donnent son atmosphère au livre, intimiste, où la narratrice est aux prises avec les mots, leur impuissance, et la tentation du silence, « dans un pays où on assassine les mots à force de redites], où on les épuise, un pays de peu de mots » (p. 99) ?
La narratrice écrit des lettres qu’elle n’enverra pas à l’homme dont l’abandon, le manque , la conduit à marcher sans fin. Elle marche pour ne pas céder à l’inertie, pour garder la vie en elle, mais elle marche sans but.
Ceux qui marchent : « Ils ne survivent que par compassion, caressés par leur propre douleur qu’ils voient se refléter dans le regard des passants. Ceux qui marchent ont des regards de bêtes qui meurent à petit feu, des bêtes qu’on a oubliées… »
C’est tellement bien écrit, c’est beau aussi comme un ciel pommelé, mais au sortir de cette lecture, on a envie de crier, de sauter dans les flaques, et d’arracher quelques rayons au soleil.
C’était ma dernière lecture pour « Québec en novembre » avec Karine et Yueyin.
Mon genre de livre… Je n’ai toujours pas lu de Lise Tremblay. Donc, je note ta suggestion. Merci!
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Oui, c’est vraiment bien écrit, mais vraiment très mélancolique. Cela peut donner un grand coup de spleen.
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Quelle belle chronique ! J’aime Jacques Poulin, je te conseille La tournée d’automne.
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Oui, j’ai l’impression qu’il est une référence. Je serais effectivement assez curieuse de le lire.
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J’allais te conseiller le même roman de Jacques Poulin. J’en ai lu plusieurs, en ai aimé plusieurs, mais celui-là est peut-être mon préféré. Je me souviens avoir beaucoup aimé aussi La traduction est une histoire d’amour. Un roman, oui, malgré son titre. Bref, Jacques Poulin écrit de très belles histoires. Pas de danger de spleen à l’horizon.
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Je vais chercher un de ses romans. Je ne déteste pas le spleen et comme tout le monde, je pense, j’ai éprouvé parfois le désespoir, mais ce qui m’a bouleversé peut-être dans son récit, c’est la description d’un monde sans amour partagé, où la solitude des êtres est abyssale. Cette désespérance. J’en suis ressortie un peu glacée.
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il faut vraiment que je découvre cette auteure!
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Le mois québécois permet de belles découvertes.
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Lise Tremblay.. Je note ce livre car j’aime ces histoires intimistes. L’extrait que tu cites est si beau : « dans un pays où on assassine les mots à force de redites], où on les épuise, un pays de peu de mots » Je rejoins les commentaires précédents. Bravo pour cette belle chronique et merci pour la découverte. 🙂
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Merci à toi de l’avoir lue !
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belle critique, le thème me plaît donc je note je connais l’auteure mais je n’ai rien lu encore.
Je note au passage Jacques Poulin que je ne connais pas 🙂
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De très belles plumes québécoises et tout un univers …
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Exactement le genre de livre que je ne dois pas lire en ce moment ! Mais je me soigne…
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Oui parfois, il vaut mieux reporter, on ne sait pas ce que peut provoquer réellement un excès de mélancolie.
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même si tu parles de vouloir arracher des rayons de soleil au sortir du livre, j’ai l’impression qu’il est beaucoup pessimiste
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Oui, justement, parce qu’il est noir, gris mélancolique, j’avais besoin de me tourner ver la chaleur, la joie, pour me dépétrer de cette atmosphère pesante.
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ok
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Une auteure que j’apprécie. Pas lu celui-ci encore, même si c’est son premier.
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Moi aussi, j’ai envie de découvrir le reste de son oeuvre.
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