L’autrice Nathalie Léger- Cresson a publié sur le blog un commentaire que je trouve éminemment intéressant, j’aimerais le mettre en avant afin que vous réagissiez à son propos.
Qui est Nathalie Léger-Cresson ?
Nathalie Léger-Cresson est née à Paris. Quatre ans au Mexique pour son doctorat en biologie l’orientent vers l’écriture. Elle publie d’abord pour la jeunesse. Auteure d’une pièce de théâtre et de fictions radiophoniques pour France Culture, elle anime des ateliers d’écriture, notamment à l’École de la deuxième chance de Seine- Saint-Denis. Ses trois derniers livres Encore et Angkor (2012 ), Hélice à deux(2014) et À vous qui avant nous vivez (2018) ont été publiés aux éditions des femmes-Antoinette Fouque.
« Auteure de trois fictions éditées aux Editions des Femmes-Antoinette Fouque, cette question m’intéresse. Il me semble que certaines écritures -pas toutes!- sont sexuées, au-delà du propos de l’auteur. Une vision du monde mais aussi une langue peuvent être imprégnées d’une sensualité plus typique de l’un ou l’autre sexe. Cas de Virginia Woolf ou de Pascal Quignard, par exemple. Nous sommes tous pourvus des deux aspects féminin et masculin de la libido. Un auteur peut donc fort bien écrire à partir de l’aspect qui n’est pas le plus associé à son sexe ou jouer des deux, (ou d’aucune libido si il ou elle écrit « d’ailleurs »). Mais il existe des écritures féminines, comme il existe des écritures masculines (question subsidiaire qui n’est jamais posée). Et elles correspondent quand même souvent au sexe de leur auteur… »
Quelques questions se posent : comment caractériser une écriture féminine ? Par ses thèmes, par son style, par l’utilisation d’une syntaxe, d’un champ lexical ? Par l’écriture du corps, mais de quelle manière ? Nous avons tous cinq identités sexuelles : chromosomique, anatomique, hormonale, sociale et psychologique. A quelle identité se référer ? Le débat reste ouvert, qu’en pensez-vous ?
Deux blogs, tenus par des hommes, traitent uniquement du féminin,
mon presque homonyme , femmesdelettres.wordpress.com et Il était une fois…le féminin
Ah le revoilà ce grand débat…
J’ai du mal à avoir un avis tranché sur la chose…
Si mon écriture poétique est féminine , j’en éprouve beaucoup de fierté temps que cette même féminité est vue par tous et toutes comme un atout extraordinaire…et pas comme un « à côté » d’une écriture qui serait masculine par essence…
Eluard était si féminin…
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oui, c’est quand même le problème ! La dévalorisation d’une écriture jugée féminine, pétrie de sensiblerie, voire de mièvrerie, ersatz de la vraie écriture (masculine). Et je le dis Barbara, elle est belle ton écriture (féminine ou pas).
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Merci Ann..
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Je remets ici mon commentaire : Votre propos est très intéressant et il s’inscrit dans le débat qui est aussi l’écriture du corps. L’écriture est-elle juste le produit d’un être en situation, un produit sociologique, avec les intérêts qui lui sont liés ou l’écriture d’un corps avec ses pulsions, sa libido, et comment le traduit-elle ? La question alors serait : il y a des hommes très féminins, des femmes très masculines, peut-être un dosage d’hormones, ou une question d’identité psychique, (un des cinq sexes que nous possédons), où commencerait une écriture féminine, et ou commencerait une écriture masculine.
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Je pense que l’écriture trahit toujours qui ont est ; femme ou homme, pauvre ou riche, vieux ou jeune, etc, ainsi que ce que l’on a vécu. Or, certains événements arrivent davantage aux hommes, d’autres aux femmes. À côté de cela, nous demeurons tous des identités complexes, des mélanges de problématiques et de sensibilités, ce qui peut à la fin rendre notre sexe ou notre genre difficilement identifiable…
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Oui, je suis vraiment d’accord avec toi, c’est finement analysé.
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… Que signifie féminine et masculine ? Parle-t-on bien d’écriture ? L’histoire n’influence-t-elle pas le style de l’ecrivain(e) ?
Une écriture féminine ou une écriture masculine ne me parle pas. Plus j’éclaire ces concepts et plus je tombe dans des clichés…
À mes yeux, il y a des écritures poétiques, sombres, lourdes, aériennes… Mais des écritures sexuées, non.
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Ton commentaire est très intéressant, il éclaire bien la difficulté à problématiser sans essentialiser.
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Je ne sais que dire (mais je le dis quand même) ; une lectrice de mon blog a un jour dit sa surprise d’apprendre que j’étais un gars, pour elle mes textes (écriture, inspiration, thème…) étaient naturellement ceux d’une femme. Et personnellement (mais je n’en ferais pas l’objet d’une polémique) je suis frustré de ne pouvoir tenter ma chance au prix George-Sand, même sous un pseudo féminin.
bref, je ne sais que dire
🙂
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Moi aussi j’étais persuadée que tu étais une femme mais c’est parce que je dois déconstruire certaines catégories qui m’ont été inculquées depuis l’enfance. Il y a deux blogs qui sont tenus par des hommes et qui traitent essentiellement du féminin : https://femmesdelettres.wordpress.com/ et Cherchez la femme, Il était une fois…le féminin http://eve-adam.over-blog.com/
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« Moi aussi j’étais persuadée que tu étais une femme » 🙂
mais alors qu’est-ce qui dans mes textes t’en a persuadé ?
ils rentrent dans quelles catégories à déconstruire ??
outre ma curiosité (j’aime qu’on me parle de moi), ça fait une sorte d’exercice pratique pour qualifier « l’écriture féminine » :)) !
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Et ce que tu ne sais que dire, tu le dis très bien !
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merci 🙂
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Ce qui m’en a persuadé c’est cela « Madeleine se leva, incommodée par le grognement des mioches, s’approcha de son amie et lui glissa à l’oreille :
« Paradoxalement tu deviens drolatour avec cette diatribe, trouverais-tu que je sens la crevette arctique ?
– Fatalimace ! Nous voici en insolitude ! La route court sous l’eau d’artificelles habitudes ! Met tes bottes, enfant. Les écriames et les pingouinations attendront que la polimalie des virgules se solve en délibules mirifiques !
– Alors, on n’a qu’à prononcer des mots d’amour comme ça, ils se tiendront chaud ! »
Cette façon de parler de l’amour peut-être. Ce regard très attentif au merveilleux dans le quotidien des choses, la façon de dire les femmes, avec humour et délicatesse, que je trouve plus souvent chez les autrices, plus que chez les auteurs que j’ai étudiés à l’école et à l’université. Mais le regard change avec le temps et l’éducation. Vous avez un parcours qui vous a permis aussi d’élargir vos horizons, de donner beaucoup d’acuité à votre regard.
Au fond, je le dis souvent, certains hommes sont des femmes comme les autres.
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Merci !! ce « regard là », je le trouve aussi chez Vian et Queneau…
J’irai plus loin, tous les hommes sont des femmes comme les autres ! il leur manque juste quelqu’un qui le voit 🙂
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Et bien je connais des hommes qui détestent le féminin en eux, et je me souviens du titre de cette saga, Millenium, du tome 1, « L’homme qui n’aimait pas les femmes ». Vian et Queneau ne sont pas la norme, et ce sont les exceptions qui font la règle. Je pense toutefois que les catégories, sont à déconstruire en littérature, comme ailleurs.
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Un débat intéressant autour de l’écriture… je n’ose pas me prononcer, mais c’est fascinant.
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Très complexe, mais passionnant, tu as raison.
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Salut ! Je m’étais dit que ton blog allait m’intéresser mais je n’ai jamais vraiment eu le temps d’y jeter un coup d’oeil sérieux. Mais me voici !
Pour ce débat, je suis sceptique. Pour moi, il n’y a pas d’écriture sexuée, ce serait essentialiser l’écriture comme on essaye d’essentialiser les deux sexes. Il peut, selon moi, y avoir une approche différente (et donc, une écriture différente aussi) selon comment notre éducation genrée s’est faite, sans compter l’expérience qui dépend forcément de notre genre attribué selon notre sexe. La preuve, on va attribuer une écriture douée d’une certaine sensibilité à une femme et celle comportant une certaine rationalité à un homme. Mais ça peut être l’inverse ! Une fois encore, ça dépend de notre déconstruction 🙂
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Oui, je suis assez proche de cette conception là d’un être en situation, influencé par l’histoire, la mémoire et l’éducation. mais j’avoue que l’idée d’une libido qui infuserait aussi l’acte d’écrire m’intéresse aussi.
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Oh, mais je pense qu’il y a une différence homme-femme mais qu’elle est beaucoup plus minime qu’on voudrait nous le faire croire.
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Au risque de te choquer, Anis, je vais te dire que c’est le type de débat, qui ne m’intéresse pas vraiment. Je lis des textes écrits, bien ou mal, par des hommes ou des femmes, qui expriment ou pas d’ailleurs ce qu’ils sont, ou parfois croient être. Cela me suffit et généraliser, oui il y a, non il n’y a pas, m’est totalement indifférent. Reste que la manière dont ces écrits sont reçus n’ont pas été et ne sont peut-être pas encore aujourd’hui les mêmes, c’est cela qui m’importe et contre quoi il faut lutter, ce que tu fais si bien ici.
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Cela ne me choque pas du tout. J’aime la diversité des opinions, et des approches. Et finalement, je rejoins assez ton analyse sur quelques points. Mon approche est féministe, et elle milite plus pour la reconnaissance de la place des femmes dans tous les secteurs de la vie artistique et notamment de la littérature.
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Je suis très intéressé par ces questions et cette volonté de déconstruire le genre masculin/féminin.. On colle tellement de poncifs à ces deux attributions. Ainsi la sensibilité, la psychologie.. seraient de l’ordre du féminin.. exemple parmi d’autres de ces banalités que l’on entend souvent. C’est archi faux. Je te rejoins totalement lorsque tu dis que nous sommes féminin et masculin, les deux à la fois. C’est tellement beau de laisser s’épanouir la part de l’un ou de l’autre sans les opposer. Ton blog est passionnant. Merci 🙂
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Oui et les hommes ont une éducation moins stricte et laisse davantage parler leurs émotions, les auteurs ont toujours par leur sensibilité d’artiste fait parler leurs multiples mouvements intérieurs mais il existe tout de même quelques constantes sociologiques : ce sont les femmes qui lisent des romans roses, et les hommes lisent statistiquement moins de romans que les femmes. Heureusement Frédéric que tu es là pour recomposer ce magnifique paysage ! Merci de la qualité, toujours, de tes participations.
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