Valentina D’Urbano – Le bruit de tes pas / L’été des romancières italiennes

Le bruit de tes pas – Valentina D’Urbano, Philippe Rey, 2013, Traduit de l’italien par Nathalie Bauer

« La Forteresse » est une cité de squats dans la banlieue de Rome, le lieu du pire déclassement, où échouent ceux qui n’ont pas d’avenir : « Siciliens, Calabrais, chômeurs, nomades, exigeant un toit qu’on leur refusait » . Lieu clos sur lui-même, « Les étrangers ne pouvaient pas y entrer et, à bien y réfléchir, on ne pouvait pas en sortir. », abandonné même par la police, pendant les années de plomb.

Deux enfants vont se connaître et s’aimer, d’un amour fait de rage et d’exclusion, où les caresses sont des coups et les mots d’amour, des injures.

« Si je le frappais, ce n’était pas dans le but de le tuer. Mais pour qu’il comprenne que j’avais raison et lui tort. »

Dans la Forteresse à peine parviennent les bruits du dehors, ces jeunes complètement dépolitisés acclament l’équipe de football mais ignorent qui est le président de la République.

La sauvagerie du lieu fait écho à la sauvagerie des êtres, et les murs décrépis des immeubles ont bâti des prisons intérieures. La drogue, l’alcoolisme y font des ravages, détruisent des vies, pendant que, jeune femme de vingt-quatre ans, Elena, la mère de Bea, tente d’offrir protection et réconfort à ses petits voisins brutalisés par leur père.

Alfredo et Bea, sont les « jumeaux », soudés l’un à l’autre, en plein naufrage. Jusqu’à ce que l’un d’eux sombre menaçant d’emporter l’autre.

L’écriture de Valentina d’Urbano est limpide, et fait mouche, sans jamais tomber dans le misérabilisme. Les motifs sont connus, mais c’est la façon dont elle les agence et les réorganise qui fait l’originalité de son récit. Le regard, empreint de délicatesse aussi, qu’elle porte sur la fragilité des êtres, son analyse de la société italienne et des processus de marginalisation. La force qui habite son écriture, et qui ne la fait jamais dévier.

4 réflexions sur « Valentina D’Urbano – Le bruit de tes pas / L’été des romancières italiennes »

  1. J’avais beaucoup aimé ce roman. J’en ai encore des images dans la tête. Ensuite j’avais acheté et lu Acquanera, très différent mais excellent aussi. Depuis elle n’a rien publié d’autre (ou alors non traduit en français) et c’est dommage, j’attends avec impatience un prochain.

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    1. Elle en a écrit deux autres : Alfredo : romanzo en 2015 et Non aspettare la notte en 2016. Peut-être sont-ils en cours de traduction ?
      Le premier, c’est la version d’Alfredo pour Le bruit de tes pas.
      Et voici le pitch de l’autre :
      Juin 1994. Rome est sur le point de faire face à un autre été de touristes et de chaleur quand Angelica se voit offrir une voie d’évasion: la grande villa de campagne de son grand-père à Borgo Gallico. Là, elle pourra se reposer des études de droit. Et elle peut continuer à se cacher. Parce qu’à vingt ans seulement Angelica est marquée par la vie non seulement dans l’âme mais aussi sur tout le corps. Après l’accident de voiture dans lequel sa mère est décédée, Angélique en effet, malgré sa beauté, est couverte de cicatrices. C’est pourquoi elle porte toujours des vêtements longs et un chapeau à larges bords. Mais personne ne peut se cacher pour toujours. Pour la découvrir ce sera Tommaso, un garçon de Borgo Gallico qui la croise par hasard et qui ne peut plus l’oublier. Même s’il ne la voit pas bien, car pour Tommaso il y a de plus en plus de jours noirs et de moins en moins de moments de lumière. Mais ça n’a pas d’importance, parce que Tommaso a un Polaroid, avec lequel il peut immortaliser même les choses qu’il ne voit pas , afin qu’il puisse les raconter quand il retrouvera la vue. Sur ces photos, Angelica est belle, sans cicatrices, et Tommaso tombe amoureux d’elle. . Mais juste au moment où il semble possible de ne pas attendre la nuit,elle les submerge

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