Née à Brooklyn, Randy Susan Meyers a toujours été passionnée de littérature. Pour ce livre, elle s’est inspirée de son travail auprès des victimes de violence domestique. Elle vit aujourd’hui à Boston avec son mari et ses deux filles.
Comment vivre lorsque votre père est un assassin ? Comment échapper à la culpabilité et au tourment ? Comment vivre et se reconstruire ? Telles sont les questions douloureuses que pose ce roman à travers l’histoire de Louise et Merry, dont le père, ivre, a assassiné la mère alors qu’elles n’avaient que 6 et 10 ans. Comment simplement survivre à un pareil drame ?
Louise, dite Lulu, essaiera de se protéger en oubliant, et raye une fois pour toutes son père de son existence, du moins le croit-elle, tandis que la cadette en proie à une culpabilité qui la ronge et l’empêche d’être heureuse, rend visite à son père en prison.
Est-on déterminé par nos actes, sommes-nous ce que nous faisons ou y a-t-il en nous quelque chose qui y échappe ? La conscience morale, le pouvoir de se retourner sur ses actes et de les juger, d’éprouver de la peine et du remords est-il ce qui nous permet de ne pas coïncider totalement avec nos actions même si nous en portons l’entière responsabilité ?
Dire que nous sommes responsables suppose que nous sommes libres, que nous pouvons juger de la valeur et les conséquences possibles d’un acte et que nous connaissons, les règles, les lois et les contraintes auxquels nous sommes soumis dans la société où nous vivons. Une personne violente sous l’emprise de drogues ou d’alcool est-elle encore responsable de ses actes ? On peut penser que oui, puisque rien ne l’obligeait à se droguer ou à boire plus que de raison. On pourra alléguer les circonstances qui poussent à la violence telle personne ou telle autre. Mais si ces circonstances peuvent alléger la sanction, en aucun cas elle n’efface l’acte.
Le mal qui est fait ne peut être défait sans aucun doute, mais peut-on réparer ? Est-il possible de payer sa dette à la société et plus encore à un être proche, voire à un membre de sa famille? Ce roman ne répond pas à toutes ces questions mais il tente de montrer comment des victimes de violences peuvent tenter de reconstruire leur vie.
Randy Susan Meyers sait adopter le ton juste, en totale empathie avec ses personnages, sans verser dans ce qui pourrait n’être qu’une tragédie sordide. Elle ne force jamais le trait, d’une écriture sensible et généreuse, évitant les jugements expéditifs et le ton moralisateur. Un livre bien écrit qui permet de réfléchir à des questions qui à des degrés divers ne peuvent manquer de nous concerner.