Archives pour la catégorie Poétesse syrienne

Les femmes comme moi de Maram al-Masri

 les ames aux pieds nus maram al masri

Les femmes comme moi de Maram al-Masri

Les femmes comme moi

ignorent la parole

le mot leur reste en travers de la gorge

comme une arête

qu’elles préfèrent avaler.

Les femmes comme moi

ne savent que pleurer

à larmes rétives

Qui soudain

percent et s’écoulent

comme une veine coupée

Les femmes comme moi

endurent des coups

et n’osent pas les rendre

Elles tremblent de colère

réprimée

Lionnes en cage

Les femmes comme moi

rêvent …

de liberté…

« Les Âmes aux pieds nus » aux éditions « le temps des cerises » 2011

Poétisons comme chaque dimanche avec Martine qui présente la poétesse

poetisons-Martine

« Maram al Masri fait le portrait de femmes victimes de violences, en France et dans le monde. Chaque texte est inspiré par une histoire vraie, une femme réelle et rencontrée. Ces poèmes – d’une écriture directe et simple – sont d’une grande émotion. Ils disent avec beaucoup de tendresse, la douleur mais aussi la dignité, la volonté de résister et de vivre libre, la joie et l’humour aussi, parfois, ainsi que le rire et la fantaisie. »éditeur le Temps des cerises ».

Ce livre a reçu le prix des découvreurs 2010-2011 et le prix PoésYvelines 2011

Cette très belle critique :  « Une voix, nue, humaine, libre et souveraine, s’est levée : une voix de femme. […] Le vers est bref, clair, sobre, pour dire l’émotion contenue, la langue est celle d’un quotidien économe de mots, et c’est justement, de cette économie et de cette pudeur retenue que naissent la justesse des images et la puissance du poème. Ces intimes blessures béantes, Maram al-Masri les recouvre avec délicatesse d’un voile de tendresse et les soigne d’une caresse d’amour, car, même dans le manque et la douleur, c’est bien l’amour que dit la poète. […] Sapho, oui, plutôt qu’Ishtar ou Shéhérazade, auxquelles elle se réfère pourtant, ou plus exactement une Louise Labé de la modernité, renouant avec le lyrisme incandescent de la poète de l’Antiquité et, comme elles deux, nous rappelant que la poésie est féminine. »
Alain-Jacques LACOT, De Blessures en caresses, Le Magazine littéraire, juillet-août 2011  Lire tout l’article

Elle va nue la liberté, Maram al-masri

 Maram al-Masri – Elle va nue la liberté – Editions Bruno Doucey

Dans ce recueil, sorte de carnet intime,  Maram al-Masri nous fait entendre la voix blessée d’une femme dont le pays natal souffre terriblement dans la chair des hommes et de des femmes qui luttent pour la liberté. Elle guette chaque jour les vidéos sur Facebook ou YouTube et nous les donnent à re-voir à travers des mots écrits tels des instantanés : « saisir un instant par les mots, mettre en lumière un « détail », faire ainsi« arrêt sur image », c’est une façon d’exprimer le mouvement de lavidéo et de le figer sur le papier, de fixer l’instant et de le mettre en perspective. »

La guerre ravive d’autres blessures dont celle de l’exil,tenace et enfouie :

« Mon corps était ici et mon âme là-bas. J’ai éprouvéde la joie, de la douleur aussi. Et même une sensation de culpabilité de ne pasêtre sur place, bien que je vive en France depuis longtemps ».

Un très beau poème dit ce déracinement :

« Nous, les exilés,/Rôdons autour de nos maisons lointaines/Comme les amoureuses rôdent/Autour des prisons,/Espérant apercevoir l’ombre /De leurs amants. »

De toutes les atrocités de la guerre, la mort des enfants est la plus terrible, « Les enfants de Syrie,/emmaillotés dans leurs linceuls/comme des bonbons enveloppés. »

Mariam crée des images saisissantes, « Tout fuit. /Même les arbres », et on sait l’urgence d’échapper à la mort, aux tirs, aux embuscades.  « Sauf la faim. », ajoute-t-elle plus loin, un peuple dans la guerre ne peut même plus choisir entre deux morts. Mourir pour la liberté ? La faim tue comme les balles.

Ces poèmes sont plein du bruit et de la fureur de la guerre, « le bruit de la peur et du froid ».

 Terrible recensement : 15 mars 2013 : 5 000 femmes dans les prisons syriennes :

 « Que faites-vous, mes sœurs,

Maram al-Masri
Maram al-Masri (Photo credit: Wikipedia)

quand vos seins gonflent

et durcissent de douleur ?

 Quand la souffrance

Déchire

Votre ventre

 Que la tristesse vous inonde

 et que le sang

coulant entre vos jambes

noircit, durcit.

 Que faites-vous de l’odeur ?

 Comment faites-vous, mes sœurs,

Quand vos règles arrivent

Dans les prisons froides

Et obscures

Maram al-Masri
Maram al-Masri (Photo credit: Wikipedia)

Dans les prisons où l’on frappe et l’on torture

Dans les prisons où vous êtes

Entassées

Enchaînées ?

Que faites-vous, mes sœurs,

Lorsque la rage coule dans vos yeux ?

J’ai été prise totalement par l’écriture de Maram al-Masri qui m’a accompagnée plusieurs jours, recueillie avec elle, en pensée avec tous les syriens qui luttent face au cynisme froid d’un pouvoir assassin. Quelle est véritablement le pouvoir des mots et de la
poésie se demande-t-elle ? Il est de tenir les consciences éveillées, de
faire en sorte que les hommes partout savent qu’ils ne sont pas seuls.

Peut-être le silence est-il le pire des assassins.

Maram lit ses poèmes un peu partout, Paris cette semaine, Achères jeudi prochain, dans le 78.

Rendez-vous sur le site des éditions Bruno Doucey pour connaître toutes les dates.

Éditions Bruno Doucey

 Ce recueil est le travail également de l’éditrice Murielle Szac.

Je la remercie pour l’envoi de ce livre et lui renouvelle mon admiration pour son travail et celui de Bruno Doucey.

Et comme tous les dimanches, poetisons-Martine.

Martine, , ce dimanche, nous présente une poétesse, Maria Desmée,  née en Roumanie. Elle s’est établie en France en 1985, et se dédie particulièrement à la création plastique et poétique.