Carme Riera – La moitié de l’âme Roman Seuil, traduit du catalan par Mathilde Bensoussan
Pour nous lecteurs, les manifestations autour du livre sont des moments importants car riches de rencontres. Je suis aussi heureuse d’avoir écouté Carme Riera que d’avoir lu son premier livre traduit en français, « La moitié de l’âme ». Ce salon a tenu toutes ses promesses. Une belle dame encore …
La narratrice est une romancière à la quête de ses origines ; elle demande l’aide des lecteurs afin de résoudre l’énigme insoluble que représente sa filiation. Je relaie bien volontiers cet appel désespéré. J’espère que vous pourrez lui donner les informations qui lui manquent. Surtout lisez bien cet article jusqu’au bout, il en va de la moitié de son âme.
Mais tout d’abord, voilà de quoi il s’agit : un inconnu, un jour lui a remis un paquet de lettres qui remet en question la paternité de celui qui l’a élevé et aimé comme sa fille. Sa mère est morte alors qu’elle était très jeune et elle ne sait pas grand-chose d’elle, sinon qu’elle était très belle, mais plutôt distante et froide. Son souvenir n’est pas exempt d’un certain ressentiment. J’espère que vous le lui pardonnerez, et que cela ne gênera pas votre lecture. Je comprendrai toutefois que cela puisse vous irriter quelque peu. Moi-même je l’avoue, ai été un peu agacée par tant d’ingratitude.
Voilà les faits : sa mère a disparu à la frontière espagnole entre le 31 décembre 1959 et le 4 janvier 1960. On ne sait pas ce qu’elle faisait là, était-elle un agent de la résistance au franquisme, ou jouait-elle double jeu ? Qui était cet amant qu’elle ne nomme jamais ?
L’auteure nous confie ses doutes et j’ai eu l’impression que plus ses recherches avançaient, plus le mystère s’épaississait. J’en ai vraiment été désolée pour elle. J’ai retourné les données du problème dans ma tête jusqu’à attraper un sacré mal de crâne. Mais je l’avoue, j’ai fait chou blanc…
Vous savez, en fait, j’ai eu la curieuse impression qu’au lieu de chercher son père, c’est sa mère qui était l’objet véritable de sa quête : cette mère étrangère qui lui a tant manqué. Les relations entre les filles et les mères sont parfois difficiles, mais nos mères se prolongent en nous que nous en ayons conscience ou non.
Quant à ses hypothèses sur son véritable géniteur, je les ai trouvées un peu fantaisistes. Mais pourquoi pas ? Vous me direz ce qu’à votre tour vous en avez pensé. Je pense qu’Ys a des opinions sur la question, quant à Denis, si tu lis cet article, je pense que tu es véritablement concerné et qu’il faut absolument que tu lises ce livre. Ton avis me semble essentiel…
Je n’exclus aucun lecteur, nous sommes tous concernés, c’est une question de mémoire collective aussi, car la France et l’Espagne furent toutes deux engagées dans la guerre civile et la lutte contre le franquisme et certains plus que d’autres.
« Le prénom et le nom se rattachent aux coordonnées qui nous enracinent dans un espace déterminé. Je sais qui je suis parce que je sais à qui j’appartiens, d’où je viens, quelle sève a nourri mes racines, quels traits, quel air de famille je partage avec les miens. » La filiation peut-être n’est pas si linéaire !
Car la mémoire, est la moitié de notre âme.
Il faut lire cet appel à témoins littéraire, le lecteur en sortira de toute manière enrichi même s’il est impuissant à fournir des renseignements supplémentaires…