Archives pour la catégorie Oeuvres de femmes : XII et XIIIe siècle

Mahsati Ganjavi (1089-1181) – Quatrains

Voici les quatrains (rubaiyat) d’une poétesse contemporaine d’Omar Khayyam, Mahsati Ganjavi (1089-1181), née à Ganja, Azerbaïdjan, offerts par Ulka que je remercie chaleureusement pour cette découverte.

« Depuis la période soviétique, il existe en Azerbaïdjan des rues et des écoles qui portent son nom. À Ganja, sa ville natale qui avait été rebaptisée Elisabethpol sous l’empire tsariste, un monument a été érigé en son honneur en 1980. »Voir ici…

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Hier, j’ai vu un homme sur le chemin:
Avec le bâton qu’il tenait à sa main
Il frappait violemment une pauvre femme.
Les passants admiraient ce beau souverain.
 
Tu ne peux pas me forcer parce que tu es le roi
Tu ne peux pas me garder par la force de la loi
Tu ne peux pas enchaîner une femme chez toi
Une femme dont les tresses sont une chaîne de soie
 
On ne peut faire de nous objet pour le mari
Impossible de nous séquestrer dans une salle de torture.
Un femme, comme une tresse de cheveux, hélas,
Enchaînée, ne peut être détenue dans une cellule si petite.

Dame Castelloza – C’est un honneur pour moi de vous aimer et de vous prier même sans profit

File:BnF ms. 854 fol. 125 - Na Castelloza (2).jpg

credit image (1)

Femme troubadour au début du XIIIe siècle. Gaie, belle, habitant un château près d’Aurillac, épouse d’un croisé vaillant et sanguinaire, elle dédia trois chansons de ferveur et d’humilité à Armand de Bréon, un grand seigneur qui lui en imposait.

Désormais de chanter, je ne devrais plus avoir envie,

Car plus je chante

Et pis il en va de mon amour

Puisque plaintes et pleurs

Font en moi leur séjour;

Car en un mauvais service

J’ai engagé mon cœur et moi-même

Et si, à bref délai, il ne me retient près de lui,

J’ai fait trop longue attente.

 

Ah! bel ami, du moins qu’un bel accueil

Me soit fait pour vous avant

Que je meure de douleur,

Car les amoureux

Vous tiennent pour farouche,

Voyant qu’aucune joie ne m’advient

De vous. Et pourtant je ne me lasse pas

D’aimer avec bonne foi,

En tous temps, sans cœur volage.

 

Mais jamais envers vous je n’aurai cœur vil

Ni plein de fourberie

Bien qu’en échange je vous trouve pire à mon égard,

Car je tiens à grand honneur

Pour moi cette conduite au fond de mon cœur.

Au contraire, je suis pensive, quand il me souvient

Du riche mérite qui vous protège

Et je sais bien qu’il vous convient

Une dame de plus haut parage.

 

Depuis que je vous ai vu, j’ai été à vos ordres.

Et jamais néanmoins,

Ami, je ne vous en trouvai meilleur pour moi;

Car ni suppliant

ne m’a envoyé par vous ni messager

Disant que vous tourniez le frein vers moi,

Ami, et que pour moi vous fassiez rien.

Puisque la joie ne me soutient pas,

Peu s’en faut que de douleur je n’enrage…

 

1) BnF_ms._854_fol._125_-_Na_Castelloza_(2).jpg ‎(443 × 590 pixels, file size: 49 KB, MIME type: image/jpeg)

Béatrice de Die – Chanson

Au XIIe siècle, en Provence, la Comtesse de Die épousa Guillaume de Poitiers. Elle chanta dans la langue d’Oc de l’époque son amour pour Raimbaut d’Orange, qui lui fut indifférent et infidèle. Voici sa chanson extraite d’une anthologie établie par Régine Desforges, dans la traduction de Pierre Seghers. Voir ici : les trobairitz

Chanson

Grande peine m’est advenue

Pour un chevalier que j’ai eu,

Je veux qu’en tous les temps l’on sache

Comment moi, je l’ai tant aimé;

Et maintenant je suis trahie,

Car je lui refusais l’amour.

J’étais pourtant en grand’folie

Au lit comme toute vêtue

 

Combien voudrais mon chevalier

Tenir un soir dans mes bras nus,

Pour lui seul, il serait comblé,

Je ferais coussin de mes hanches;

Car je m’en suis bien plus éprise

Que ne fut Flore de Blanchefleur.

Mon amour et mon cœur lui donne,

Mon âme, mes yeux, et ma vie

 

Bel ami, si plaisant et bon,

Si vous retrouve en mon pouvoir

Et me couche avec vous un soir

Et d’amour vous donne un baiser,

Nul plaisir ne sera meilleur

Que vous, en place de mari,

Sachez-le, si vous promettez

De faire tout ce que je voudrais.