



Edna O’Brien est née dans un petit village catholique en Irlande. Elle grandit dans une ferme isolée entre une mère sévère et un père alcoolique. Ses débuts littéraires datent de 1960, année de la parution du premier volet de la trilogie qui la rendit célèbre, The Country Girls Trilogie. Ses premiers livres publiés en Angleterre, ont longtemps été interdits en Irlande, à cause de leur contenu explicite quant à la sexualité. Bientôt divorcée, Edna O’Brien élève seule ses deux fils, menant une vie libre et brillante, entre l’Angleterre et les Etats-Unis. Après Crépuscule irlandais, son recueil de nouvelles Saints et pécheurs, a paru aux éditions Sabine Wiespieser.
.Dans un hôpital de Dublin, Dilly attend le verdict mais elle sait depuis longtemps qu’elle est gravement malade. Sa fille Eleonora, écrivain, femme libre à la vie tumultueuse et brillante lui manque cruellement. Malgré l’affection qui les lie, un mur d’incompréhension s’est élevé au fil des années. Dilly, fervente catholique, admet difficilement les mœurs de sa fille qu’elle juge dissolues, et les livres de celle-ci sont mal accueillis dans ce coin d’Irlande. Leur ton est trop impertinent, et trop libre.
« Mais sa fille, comme elle dit, prise au piège d’une vie de vice là-bas en Angleterre, avec ses fils en bas âge dans une école de Quakers, à propos de laquelle Dilly n’avait pas été consultée, et ses livres qui ont scandalisé le pays… »
Eleonora a fui l’Irlande qui enferme les femmes dans des rôles d’épouse et de mère qui ne lui conviennent pas et dans lesquels elle étouffe. C’est dans les livres qu’elle est née à la liberté et à la vie. En compagnie du doyen Swift, écrivain et pamphlétaire anglo-irlandais, de Stella, d’Esther, des journaux de Dorothy Wordsworth et de Christina Rossetti, poétesse anglaise.
« C’était quoi le pire, ça ou Emma Bovary, avec un mari, deux amants clandestins, et pour finir juste cette poignée de poudre blanche volée chez l’apothicaire pour s’empoisonner ? »
Elle se met à écrire « des riens ou des presque riens . Les orties, les poules qui pondent, ou la jacasserie des oies et leur joie quand on les laisse s’égailler dans l’éteule et se gorger des restes de blé et d’orge ». Alors une autre vie s’offre à elle, libérée des carcans de la tradition et des préjugés.
Ce roman brillant et difficile est largement autobiographique puisque l’héroïne, Eleonora est en fait Edna O’Brien elle-même. Tout y est, la fuite hors d’Irlande, la rencontre avec la littérature, l’écriture comme révélation et comme destin.
L’écriture est extrêmement travaillée et parfaitement maîtrisée. Les accents en sont parfois bouleversants : ode à la mère, déchirement de l’exil, solitude de l’écrivain, ce roman est profond et émouvant et cette auteure à suivre absolument.
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