
Mina Canth (1844-1897) , née Ulrika Johnsson, romancière et dramaturge finlandaise.
Après trois années à l’école de filles, elle entre à l’institut de formation des maîtres de Jyväskylä, ouvert en 1863, qui lui permet d’apprendre un métier et d’être indépendante, à une époque où la poursuite des études est limitée pour les femmes. Cependant elle ne deviendra pas institutrice car elle épouse son professeur d’histoire naturelle !
Elle écrit pour les journaux, sous un pseudonyme des articles servant à promouvoir
l’éducation des filles, et analysant les difficultés de la condition féminine.
Elle fut veuve très jeune à trente-cinq ans et mère de sept ans (rien que ça) commence une carrière de journaliste et de femme de lettres.
Kaarlo Bergbom, le directeur du Théâtre national de Finlande en visite à Jyväskylä, lira sa première pièce Murtovarkaus (Vol avec effraction), et acceptera de la monter.
Femme courageuse, malgré les idées étroites du temps, elle défend les idées progressistes, prend le parti des plus faibles, des plus démunis et s’insurge contre la condition qui est faite aux ouvriers, aux prisonniers et aux aliénés. Féministe militante, elle dénonce dans « La femme de l’ouvrier » les lois injustes envers les femmes, la morale hypocrite de l’Eglise et l’alcoolisme. Elle suscita de vives polémiques et choqua profondément ses contemporains, notamment les conservateurs, et se fit quelques ennemis ! Nous devons beaucoup, je crois, en Occident à ces femmes courageuses.
Elle tient salon et réunit sous son toit, dans sa maison de Kuopio, un groupe de jeunes écrivains qui forma le mouvement jeune Finlande.
Son œuvre rassemble essentiellement des pièces de théâtre, très marquées par l’influence d’Ibsen (Ou est-ce Ibsen qui fut influencé par elle ?) et a laissé deux romans de veine naturaliste, engageant des problématiques sociales.
« Sans verser dans l’excès, il est possible de qualifier la littérature dramatique finlandaise de forme d’expression féminine. »[1]
Ses trois derniers drames, où se font sentir l’influence de Tolstoï et d’Ibsen acquièrent plus de finesse psychologique : La Famille du pasteur, puis Sylvi, écrite en suédois, et enfin, Anna Liisa, qui traite de l’infanticide et du déni de grossesse.
Le 19 mars est jour d’égalité en Finlande, ses nouvelles et ses pièces sont étudiées dans les lycées finlandais.
En français, Hanna : Et autres récits, Editions Zoé, coll. « Les classiques du monde », 19 août 2012, 414 p. (ISBN 978-2881828744)
En voici un extrait : « Salmela était au comble du bonheur, il la serrait dans ses bras au point de presque l’écraser et il lui embrassait fougueusement les joues, les lèvres et le cou. Le chapeau d’Hanna tomba par terre et ses cheveux se répandirent sur ses épaules. Mais elle était heureuse et encore plus heureuse du bonheur de Salmela. Puis ils apprirent à se tutoyer et à s’appeler par leur prénom.“Kalle.”
Dans son for intérieur, Hanna pensa que ce n’était pas un joli prénom, mais sans doute apprendrait-elle à l’aimer peu à peu.
http://data.bnf.fr/12572765/minna_canth/
[1] Hanna HELAVUORI, dictionnaire universel des créatrices
sources wikipedia, Dictionnaire des femmes célèbrs, Laffont 1992.
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