
Louise de Vilmorin, Sainte-Unefois, Editions Gallimard, 1934
Si ce roman fait date dans l’histoire de la littérature, c’est qu’il emprunte les chemins d’une nouvelle écriture, initiée par les surréalistes, une écriture inventive, qui ne se soucie pas de réalisme mais construit des personnages fantasques, proches des contes de fée et à rebrousse-poil de la psychologie traditionnelle des personnages dans les romans de l’époque. Si la trame narrative est assez conventionnelle, Grace retrouvant son cousin après des années de séparation, et vivant avec lui une nouvelle histoire d’amour, le traitement des situations lui, ne l’est pas.
Car elles sont souvent absurdes, et tout à fait étranges, défiant toute rationalité, proche du merveilleux des contes, et utilisant des images qui semblent générées par l’écriture automatique.
« Il n’y a pas de sujet mais c’est plein de perles » déclarera Max Jacob.
Si les événements s’enchaînent selon une causalité assez fantaisiste, que dire des motivations des personnages ?
Mais il y a parfois, dans le texte, des accents d’une grande sincérité.
« Mon corps et moi nous entendons mal, je ne pourrai jamais appartenir à personne. Il faudrait qu’on m’étouffe, qu’on force l’amour en moi et que je meure ».
L’héroïne me fait penser à ces dames de la haute société, qui n’ayant jamais rien à faire, se diluaient dans une forme d’oisiveté qui confinait à la folie. L’héroïne a toujours une attitude d’extrême fatigue, pâle et éthérée, indécise et capricieuse. Son cou est « fragile », son cri « plaintif » et le bonheur du moment lui tire des larmes. Sa liberté est de l’inconstance, rien ne tient, et surtout pas l’amour. Mais socialement, elle impose un modèle de femme en rupture avec son temps : mondaine et volage, elle va où ses inclinations la portent.
La drôlerie n’est pas absente et les jeux de mots, ainsi le serviteur qui annonce un « gonflé » au lieu d’un « soufflé ».
Une forme de poésie, un travail rigoureux sur la langue, font le charme de certains moments de lecture.
Mais que cette héroïne est lassante, elle dit de « belles choses », s’amuse de « jeux simples », mais se révèle complètement inconsistante. Elle n’a pas de mission, et ne tire pas les ficelles, condamnée à plaire :
« A qui m’offrirais-je, avec dans la main, quelque chose qui serre le cœur ? »
Louise de Vilmorin, ou du moins son œuvre, n’est pas complètement parvenue à la postérité, même si ses inventions formelles présentent de l’intérêt du point de vue de l’histoire littéraire.
Mais il me semble qu’aujourd’hui, elle a du mal à nous parler, du moins avec cette œuvre.
J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal avec ce livre que je n’ai pas du tout aimé malgré l’intérêt littéraire qu’il présente.
Mais il faut se faire son avis, et la lire !
Merci pour ton regard. Pour l’instant du moins, je m’en contenterai.
Sachant d’emblée « qu’elle a du mal à nous parler »…
Merci, Ann.
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On ne sait jamais, peut-être suis-je passée à côté de quelque chose. Belle soirée, Caroline.
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Je sais bien. Mais il y a tant à lire.
Belle nuit à toi.
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D’elle j’ai lu Madame de (enfin, c’est un souvenir vague)
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J’avoue que je n’ai pas tellement envie d’aller plus loin. a part ses poèmes, qui sont souvent très beaux.
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Il y a eu un film éponyme de Mac Ophuls!
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Ce serait intéressant de voir ces films. Enfin, peut-être y reviendrais-je plus tard. Ce n’est pas fermé.
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Je ne connais pas les romans de Louise de Vilmorin mais j’apprécie certains de ses poèmes, qu’on peut lire dans certaines anthologies récentes.
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Oui, elle a créé de très beaux poèmes, je suis d’accord avec vous. C’est ce qui me semble le plus intéressant la concernant.
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