Constance de salm – L’histoire d’une vie (1767-1845)

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Constance de Salm est née Constance-Marie de Théis, à Nantes, d’un juge-maître des eaux et forêts qui lui a fait donner une solide éducation. Devenir une femme de lettres nécessitait qu’une fille ait pu au moins apprendre à lire et à écrire, ce qui, en ces temps difficiles (pour les femmes) était relativement rare. En 1783, elle vient à Paris et fait publier ses premiers poèmes dans « Le journal général de France », puis dans « L’almanach des grâces ». Un de ses poèmes « Le bouton de rose » devient une romance à la mode ; « Bouton de rose/Tu seras plus heureux que moi /Car je te destine à ma Rose/Et ma Rose est ainsi que toi /Bouton de rose. » 

            Elle épouse en 1789 , M. Pipelet de Leury, fils d’un secrétaire du roi et chirurgien, elle vient vivre à Paris, reconnue par Marie-Joseph Chénier, comme « la Muse de la raison ». Insigne honneur s’il en est, le destin d’une femme n’était-il pas d’être la muse du seul créateur, l’homme ? Elle crée une tragédie Lyrique « Sapho »en 1794, sur une musique de Martini, qui connaîtra plus de cent représentations.

            Elle est la première femme à être admise en 1795 au Lycée des arts sur la recommandation de Sedaine. Il faut savoir que 9% des écrivains sont des femmes à la fin des années 17801. Et elles ont fort à faire pour être reconnues et s’imposer.

            Elle réagit à la querelle des femmes auteurs déclenchée par Ecouchard-Le Brun dans la Décade philosophique (en 1796-1797)  par une Epître aux femmes2 (1797) courageuse et passionnée (. Il faut savoir que ledit Ecouchard-lebrun dans son « Ode aux belles qui veulent devenir poètes » propose d’interdire aux femmes le droit de versifier.3)

Constance donne des lectures publiques de son Epître qui connaissent un certain retentissement. Les femmes auteurs livrent une bataille de tous les instants contre une dénonciation masculine vigoureuse mais aussi contre leurs consœurs qui telle Sophie Cottin,

clament à qui veulent bien les entendre que la littérature n’est pas une occupation sérieuse pour une femme.

            Constance de Salm écrit des poèmes et chants patriotiques, un drame en 1799, « Amitié et Imprudence », au Théâtre français qu’elle retire et détruit ensuite.

            Divorcée la même année, elle épouse en 1803 le comte de Salm-Reifferscheid-Dyck, élevé à la dignité de prince en 1816.  Elle reçoit alors dans un salon brillant, ouvert à de multiples sensibilités.

            Mais son combat ne s’arrête pas là et elle interpelle en 1810 dans une épître en vers sur les articles 324 et 339 du Code pénal (sur le meurtre de l’épouse par l’époux, et l’entretien d’une concubine au domicile conjugal).

Une édition en quatre volumes de ses écrits triés, classés et commentés par elle-même paraît en  1842.

« L’intérêt principal de son œuvre, dont l’écriture paraît aujourd’hui souvent datée, réside dans l’analyse lucide des enjeux et des conséquences de la Révolution française pour les femmes. Très sensible aux formes nouvelles de misogynie qui apparaissent alors et veulent en particulier interdire aux femmes l’accès à la culture, Constance de Salm cherche au contraire à faire bénéficier les femmes des Lumières de la raison. Elle affirme fermement leur droit à l’expression littéraire et politique, et leur appartenance à un espace culturel commun, en se réclamant d’un principe de solidarité entre femmes de façon pour son temps originale et novatrice »4


  4 Christine Planté et Maryam Sharif : « Femmes poètes du XIXe siècle Une anthologie »

Une réflexion sur « Constance de salm – L’histoire d’une vie (1767-1845) »

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