Archives pour la catégorie 7 – Autrices du XIXe siècle

Marie-Louise Gagneur – 1832 – 1902

Détail – Portrait Galerie des gens de Lettres

Née Marie-Louise Mignerot en 1832, Marie-Louise Gagneur a publié des essais, des nouvelles et plus de vingt romans. Membre de la Société des Gens de lettres, elle œuvre pour la féminisation des noms de métiers, lutte pour l’égalité des droits des femmes, et dénonce le sort injuste qui leur est fait depuis la Restauration, les plaçant sous la tutelle de leur mari, et leur interdisant de divorcer.

Ses propositions sur la féminisation du nom d’écrivain sont rejetées, sous prétexte que ce métier n’est peu ou pas exercé par les femmes. Elle mourra à l’entrée du siècle, en 1902, quelques mois après avoir reçu la Légion d’Honneur.

Elle dénonce l’éducation des femmes dans les couvents auxquelles on fait subir un véritable lavage de cerveau, visant à les rendre parfaitement soumises à Dieu et à leur mari. Son expérience du couvent nourrira son anticléricalisme.

Les éditions « talents hauts » publie un inédit, « Trois sœurs rivales » , roman feuilleton  du journal « La presse » de juillet à août 1861 dans lequel « elle place les premiers jalons de son combat en faveur de l’émancipation des femmes »[1].

En outre le site Gallica lui consacre un long article sous la plume de Roger Musnik avec des liens vers ses œuvres désormais dans le domaine public.

Elle mérite d’être redécouverte, la littérature est pour elle une arme de combat, qu’elle manie avec une redoutable efficacité et sa vie est passionnante à lire (Voir Gallica).


[1] Préface d’isabelle Pasquet

Rosemonde Gérard ( 1866-1954)

Rosemonde Gérard ( 1866-1954) Photo credit : Wikipedia

Je me souviens d’une conversation passionnée avec Jacques Fournier, ancien directeur de la Maison de la Poésie de saint-Quentin-en-Yvelines (Il a fait tout un travail biographique et des lectures autour de Rosemonde Gérard), et sa compagne, au sujet de la pièce qui faisait grand bruit à l’époque autour d’Edmond Rostand, et dans laquelle Rosemonde Gérard, compagne de l’écrivain, jouait un rôle tout à fait mineur. Ce qui prouve combien les processus d’invisibilisation des œuvres de femme sont encore vivaces dans nos sociétés.

Or, Rosemonde Gérard était loin d’être une inconnue dans le domaine des Lettres. Son premier recueil poétique, Les Pipeaux, la fait connaître en 1889 et la même année elle épouse Edmond Rostand.

Par la suite, elle publie d’autres ouvrages, notamment l’Arc-en-ciel en 1926, Les Papillotes en 1931, Féeries en 1933, et Rien que des chansons en 1939.

Elle a écrit aussi pour le théâtre, Un bon petit diable avec son fils Maurice, et des pièces comme La Robe d’un soir, La Marchande d’allumettes, ou La Tour Saint-Jacques.

D’ailleurs la vie de Rosemonde Gérard ne se résume pas à sa vie amoureuse, car elle en eut plusieurs.

Non, sa vie se lit dans ses poèmes, dans ce feu sacré qu’elle entretiendra toute sa vie.

Nous connaissons tous ces quelques vers : « Car vois-tu, chaque jour je t’aime davantage,
Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain. »

Ils font partie d’un très beau poème « Lorsque nous serons vieux ».

J’ai appris par Diglee, et son magnifique recueil dont je vous conseille la lecture « je serai le feu », aux éditions « la ville qui brûle », qu’elle avait entrepris le projet littéraire d’un recueil de poèmes exclusivement composé de poétesses, Les Muses françaises publié en 1943 chez Fasquelle éditeurs.

En 1901, elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur

Elle fait partie du jury Femina en 1939.

Romancière italienne : Matilda Serao ( 1856-1927)

De père napolitain et de mère grecque, elle fit ses études à Naples et entra à l’Ecole normale. Elle fut employée des télégraphes pendant trois ans, expérience qu’elle a relatée dans son roman  » Le Télégraphe d’Etat » (1885). Elle commença sa carrière littéraire avec des nouvelles et des croquis parus dans les journaux, dont Simple Vérité (1879). Ses premiers livres, Opale (1878), En Vérité (1879), Légendes Napolitaines et Cœur blessé lui valurent des critiques élogieuses. Elle s’installa alors à Rome où elle collabora à de nombreuses revues ; elle épousa en 1884 Eduardo Scarfoglio, avec lequel elle fonda Il Corriere di Roma, Il Corriere di Napoli et la revue Il Matino dont elle fut codirectrice. Séparée de son mari, elle fonda Il Giorno.

Ses meilleurs romans, parmi une quarantaine de volumes, furent publié entre 1885 et 1900 : La Vertu de Checchina, (La virtù di Checchina, 1884), vie morne d’une femme qui n’ose pas vivre son amour adultère , Le Roman de la jeune fille,( Il romanzo della fanciulla), en partie autobiographique,  Le Ventre de Naple ( Il ventre di Napoli ),où on voit la solidarité des Napolitains, abandonnés par leur administration.

S’ensuivront des romans aux nombreux thèmes : la spéculation financière (Trenta per cento, 1889), le jeu (Au pays de cocagne, 1890), la solitude et les souffrances d’une danseuse du corps de ballet (Vie en détresse, traduit de La ballerina, 1899)

Elle est, comme beaucoup de femmes de son époque, pétrie de contradictions : elle est contre le divorce malgré les infidélités de son mari, et contre l’émancipation des femmes malgré le droit à travailler qu’elle leur reconnaît. Difficile de s’affranchir de siècles de traditions ! Elle fut antimilitariste, assez critique puis plus modérée envers Mussolini après l’attentat dont fut victime le siège de son journal Il Giorno.

«  Ce qui restera chez elle, ce sont les pages où elle s’inspire de l’angoisse des humbles et fait revivre avec passion les aspects multiples et changeants de la vie napolitaine. » B. Croce

Sources : A. Consiglio, Le più belle pagine di Matilda Serao, Milan, 1914, Dictionnaire des femmes célèbres de tous les temps et de tous les pays – Bouquins Robert Laffont, 1992, Graziella Pagliano in Dictionnaire Universel des Créatrices, consulté le 15/07/2020

Annie Besant (1848-1933), écrivaine et libre-penseuse britannique

Annie Besant (1847-1933)

Quelle curieuse personnalité et quel tempérament que ceux d’Annie Besant, née Wood !

Orpheline de père, elle fut élevée dans un milieu  très mystique, dans lequel se mêlaient de manière très originale, les récits religieux irlandais et les histoires merveilleuses des contes de fée.  Cette manière non conventionnelle de pratiquer la spiritualité explique certainement pour une part sa façon très personnelle de concevoir la vie religieuse et aussi les luttes qu’elle engagea plus tard.

En 1855, sa mère, alors sans ressources à la mort de son mari,  l’envoya dans le Devon, « chez Ellen Marryat, sœur de l’officier de marine et romancier Frederick Marryat (1792–1848). Cette dernière, riche et célibatiaire[1], offrit à Annie l’éducation classique d’une jeune lady, mais aussi le goût de l’étude. »

Elle eut la chance de recevoir une solide éducation, et  fut une des premières femmes admises à la prestigieuse à la prestigieuse University College de Londres.

Mais tout d’abord, comme beaucoup de femmes à l’époque, elle fut mariée contre son gré à un pasteur anglican,  qu’elle quitta au bout de six ans  pour s’installer à Londres avec sa fille. Mère de deux enfants, un garçon et une fille, elle obtint une séparation légale et la garde de sa fille dans un premier temps.

Mais victime des lois injustes qui briment les épouses, elle perdra la garde en 1878. Les deux enfants retrouvèrent leur mère à leur majorité.

Mais, au fond, pourquoi ?  Car si son père gagna son procès , Mabel Besant-Scott le vit à peine les dix années suivantes puisqu’il l’avait placée en pension et elle ne revit pas sa mère que bien plus tard.

Annie Besant devint athée militante, se lia à Charles Voysey et aux libre-penseurs et eut une vie assez agitée au cours de laquelle elle fut couturière, garde-malade et journaliste. Sur le plan intellectuel , elle n’eut peur des contradictions, et ses engagements ne cessèrent de susciter la polémique , voire l’hostilité.

(sécularisme,monisme, positivisme, maçonnerie entre autres !)

C’est à université de Londres qu’elle rencontra des intellectuels philantropes socialisants de la Fabian Society (Why I am a Socialist, 1886).

Elle rencontra Charles Bradlough, libre penseur et journaliste anglais avec lequel elle provoqua le scandale en raison de la campagne qu’ils menèrent pour la limitation des naissances. Ils publièrent en 1877  The fruits of Philosophy de l’américain Charles Knowlton qui contenaient des illustrations d’organes génitaux ! Il n’en fallait pas plus pour la société pudibonde de l’époque, ils furent condamnés pour obscénité !

Cela l’amena à fonder une ligue néo-malthusienne (1887) (Law of Population : Its Consequences, and its Bearing upon Huan Conduct and Morals, 1877).

Mais son engagement le plus marquant fut peut-être la thésophie, qui réconcilia en elle certainement des aspirations qui pouvaient apparaître opposées, et notamment son goût pour les interrogations métaphysiques et ses opinions républicaines. En 1889, elle se convertit à la doctrine d’Helena Blavatstky après la lecture de « La doctrine secrète ». En 1907, elle lui succèdera à la tête de la Société de théosophie.

Elle fut une grande oratrice populaire et assista aux manifestations du « Bloody Sunday » du 13 novembre 1887.

Activiste infatigable, elle effectua de très nombreux voyages en Inde, et créa, à Madras, en 1914 le journal New India, pour réveiller les consciences, participa à la fondation de L’Indian Home Rule League,  et présida à l’Indian National Congress.

Elle milita aux côtés de Ghandi, fut internée trois mois par les anglais en 1917. Elle tenta de créer un mouvement plus modéré sans succès.

Au final, elle participa à la vie intellectuelle de son temps, fut l’amie de Henry Hindman, William Morris, George Bernard Shaw.

Références : A.H Nethercot, The First Five Lives of Annie Besant, Londres 1961,  et The Last Four Lives of Annie Besant,Dictionnaire des Femmes Célèbres , Lucienne Mazenod, Ghislaine Schoeller, Bouquins Robert Laffont , Londres 1963, Martine Monacelli, Dictionnaire Universel des Créatrices,Des femmes Antoinette Fouque S.R. Balshi, Home Rule Movement, New Delhi, 1984, Notice Anne Besant, Le Maitron

Quelques oeuvres : On the Nature and Existence of God, 1875

Law of Population : Its Consequences, and Its Bearing upon Human Conduct and Morals, 1877

Why I Am a Socialist, 1886

Consultez l’excellente biographie du Maitron , ici

https://maitron.fr/spip.php?article75315, notice BESANT Annie [née WOOD Annie] par Muriel Pécastaing-Boissière (nouvelle version, janvier 2011), version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 5 août 2016..


[1] https://maitron.fr/spip.php?article75315

Angèle Dussaud Bory d’Arnex- Femme de lettres française (1849-1942)

Son portrait par Leon Comerre en 1887 au Musée d’Orsay

Angèle Bory D’arnex, née Angèle Berthe Venem (1849-1942), fut une femme de lettres française, épouse d’un riche banquier. Si elle signa ses articles « Mme Angèle Bory » dans le Revue des Deux Monde à laquelle elle collabora, elle[1] publia sous le pseudonyme de Jacques Vincent une dizaine de romans entre 1878 et 1901.

(Ame d’Artiste, Ce que femme veut, Un bonheur, etc).

Elle tint, avec son mari, un salon littéraire qui rassembla les célébrités littéraires de l’époque, parmi lesquelles Leconte de Lisle, Heredia, Henri de Régnier, Coppée, Camille Flammarion, Renée Vivien, et Edmon Rostand qui avait obtenu le succès avec Cyrano de Bergerac.

Ses œuvres sont disponibles sur le site de la BnF, mais elle est, aujourd’hui, tombée dans l’oubli, car à l’exception d’un prix, ses œuvres ne rencontrèrent pas véritablement le succès.

Elle a publié ses souvenirs de salonnière  dans : Un salon parisien d’avant-guerre, paru en 1929.

1888 Prix Montyon de l’Académie française
Vaillante : ce que femme veut


sources : Femmes de lettres au XIXe siècle : Autour de Louise Collet

Dictionnaire des femmes célèbres de tous les temps et de tous les pays – Lucienne Mazenod – Ghislaine Schoeller

Fières de lettres – Une chronique de Gallica sur Libération

Quel magnifique titre de chronique, j’aurais aimé l’avoir trouvé ! Il dit tout et plus encore !

Chaque première semaine du mois, l’équipe de Gallica, dans une chronique intitulée « Fières de lettres » va mettre en avant une femme de lettres oubliée. Son oeuvre sera téléchargeable gratuitement. Ce mois-ci, il s’agit de Sabine de Marie- Amélie Chartroule de Montifaud, dite Marc de Montifaud (1849-1912). J’en ai lu quelques extraits, et elle semble fleurer bon tous les préjugés de l’époque, notamment à l’égard de l’Afrique du Nord. De nos jours, où l’on fustige « Gone with the wind » pour ses relents de racisme, je ne sais pas encore si l’oeuvre de Marc de Montifaud pourrait réussir l’examen.

Il faut savoir pourtant que Les Courtisanes de l’Antiquité. Marie Magdeleine, son premier ouvrage, lui vaudra de bonnes critiques de Zola.

Ce qui la rend sympathique peut-être est son impertinence ! Elle écrit des contes ou nouvelles érotiques et pour faire ses recherches à la Bibliothèque Nationale, se travestit en homme.

Cette femme étonnante fut même emprisonnée pour avoir écrit un livre contre les religieuses.

Elle était passionnée par l’art mais fut réticente à aimer les impressionnistes. Elle fut en tout cas une sacrée effrontée et une femme libre !

Petit - photo Marc de Montifaud.png
Pierre Petit (1831-1909) — scanned photography

Le texte disponible sur Gallica

 

éditions de l'arbre vengeur

Auteure du mois de septembre : Cristina Di Belgiojoso (1808-1871), écrire pour lutter dans l’Italie du XIXe siècle…

Il aurait été dommage de ne pas vous parler de Cristina Di Belgiojoso (1808-1871), cette brune à la beauté particulière que vous pouvez contempler sur ce portrait, dont les activités littéraires sont très dépendantes de son activité politique et militante dans l’Italie du XIXe siècle. Ecrire permet de penser et de réformer.

J’ai dû croiser un grand nombre d’informations dont certaines divergeaient légèrement.

Elle a été la première femme à diriger un journal, « la Gazzetta italiana » en 1842. Elle écrira 4 volumes « L’essai sur la formation du dogme catholique » qui prône un catholicisme libéral, écrira dans la Revue des Deux Mondes (1848) à propos des événements auxquels prend part.

Elle publie dans le premier numéro de la revue Nuova Antologia de 1866 son étude Della presente condizione delle donne e del loro avvenire (« des conditions actuelles des femmes et de leur avenir »)[1].

Mais qui est-elle ?

Elle fait partie de la noblesse, née marquise Trivulzio, et épouse en 1824 le prince Emilio de Belgiojoso qui, mari infidèle, lui transmit la syphilis [2]. Il était à la tête d’une société secrète « la Federazione », ennemi irréductible de l’Autriche[3]et fervent patriote. Elle devient une activiste en faveur de l’unité italienne et tente de soulever l’opinion en faveur de la libération de l’Italie grâce à son journal.

En 1831, pour fuir la répression, elle s’exile à Paris, tient un salon où elle fréquente Balzac, Musset, Heine, Liszt ou l’historien François-Auguste Mignet.

Sa personnalité originale et exaltée en fera l’icône du romantisme mais aussi de l’indépendance de la femme.

En 1848, elle participe à l’insurrection milanaise qui sera un échec, fait lever à ses frais une troupe de volontaires, portant un immense drapeau déployé aux couleurs italiennes.[4]

Elle s’exile et entreprend un voyage avec sa fille et quelques autres exilés en Grèce et Asie mineure, et écrira des mémoires d’exil.
A partir de 1856, elle se fixe à Locato près de Milan et entreprend des réformes sociales en faveur des paysans.  La proclamation du royaume d’Italie se réalise le 17 mars 1861 et un an avant sa mort, en 1871, elle assiste à la dernière phase de l’unification de son pays avec l’annexion de Rome.

[1] Ginevra CONTI ODORISIO in Dictionnaire des créatrices.

[2] idem

[3] Dictionnaire des femmes célèbres, Laffont

[4] idem

Auteure du mois d’Août : Louise Ackermann (1813-1890)

Louise Ackermann

Louise Ackermann est née Victorine Choquet le 30 novembre 1813 à Paris et décédée le 2 ou 3 août 1890.

Elle a passé une enfance plutôt triste et solitaire dans l’Oise, à la campagne.

Elle résume ces années ainsi : « …une enfance engourdie et triste, une jeunesse qui n’en fut pas une, deux courtes années d’union heureuses, vingt-quatre ans de solitude volontaire. »

Ses relations étaient assez lointaines, son père, voltairien convaincu l’éduqua dans l’Esprit des lumières. Elle fut pensionnaire à Paris et écrivit ses premières poésies, assez pessimistes, très influencée pas Schopenhauer. Elle y évoque l’angoisse existentielle et le refus de tout secours religieux. Elle va tenter de se démarquer de la poésie subjective qu’on attribue généralement aux femmes.

A partir de 1832, ses poèmes sont publiés dans des journaux, dont Les Œuvres (Elan mystique, 1832, Aux femmes, 1835, Renoncement, 1841, de plus en plus désespérés. Elle décrit un monde sans Dieu, et la finitude de l’esprit humain.

Elle fut qualifiée de « Sapho de l’athéisme », de « Pythonisse proudhonienne »

Elle épousa Paul Ackermann, grammairien et pasteur protestant et s’installa avec lui à Berlin jusqu’à sa mort trois ans plus tard. Elle s’initia alors à la philosophie allemande et laissera de côté la poésie.  La critique soulignera la « virilité de [sa] pensée ». Louise Ackermann répondra :

« Quoi ! ce cœur qui bat là, pour être un cœur de femme,

En est-il moins un cœur humain ? »

Elle est toutefois hostile à tout féminisme militant et demeure assez conformiste.

Elle tenta de concilier ses aspirations philosophiques et la création poétique : Contes (1850-1853) , Premières poésies (1863), Poésies philosophiques (1871) dans lesquelles elle tenta une fusion entre poésie et science, Ma vie (1874), Les pensées d’une solitaire (1882). Elle passa la dernière partie de sa vie à Nice.

Des théories évolutionnistes, elle dira qu’elles sont « en parfait accord avec les tendances panthéistes de [son]esprit ».[1]

Elle jouit à son époque d’une reconnaissance incontestable et fut saluée par Barbey d’Aurevilly admiratif de cet « athéisme net, articulé, définitif. », Caro et Léon Bloy.[2]

Aux femmes

S’il arrivait un jour, en quelque lieu sur terre,
Qu’une entre vous vraiment comprît sa tâche austère,
Si, dans le sentier rude avançant lentement,
Cette âme s’arrêtait à quelque dévouement,
Si c’était la Bonté sous les cieux descendue,
Vers tous les malheureux la main toujours tendue,
Si l’époux, si l’enfant à ce cœur ont puisé,
Si l’espoir de plusieurs sur Elle est déposé,
Femmes, enviez-la. Tandis que dans la foule
Votre vie inutile en vains plaisirs s’écoule,
Et que votre cœur flotte, au hasard entraîné,
Elle a sa foi, son but et son labeur donné.
Enviez-la. Qu’il souffre ou combatte, c’est Elle
Que l’homme à son secours incessamment appelle,
Sa joie et son appui, son trésor sous les cieux,
Qu’il pressentait de l’âme et qu’il cherchait des yeux,
La colombe au cou blanc qu’un vent du ciel ramène
Vers cette arche en danger de la famille humaine,
Qui, des saintes hauteurs en ce morne séjour,
Pour branche d’olivier a rapporté l’amour.

Paris, 1835

Louise Ackermann, Premières poésies, 1871

Sources : Dictionnaire des femmes célèbres, Dictionnaire des créatrices, des femmes-Antoinette Fouque, Femmes poètes du XIXe siècle, une anthologie, sous la direction de Christine Planté.

 

[1] Femmes poètes du XIXe siècle, une anthologie, sous la direction de Christine Planté

P 205

[2] Femmes poètes du XIXe siècle, une anthologie, sous la direction de Christine Planté

Marie Nizet (1859-1922) – La bouche

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Deux recueils de poèmes, un roman consacré aux déboires historiques des roumains, un mariage, un divorce. l’amour secret pour le marin Cecil Axel Veneglia lui inspira un recueil posthume, tout d’audace, de défi à la morale convenue et d’ardeur quasi mystique.

 

Peinture de François Martin-Kavel

 

La bouche

Ni sa pensée, en vol moi par tant de lieues,

Ni le rayon qui court sur son front de lumière,

Ni sa beauté de jeune dieu qui la première

me tenta, ni ses yeux – ces deux caresses bleues ;

 

Ni son cou ni ses bras, ni rien de ce qu’on touche,

Ni rien de ce qu’on voit de lui ne vaut sa bouche

Où l’on meur de plaisir et qui s’acharne à mordre,

 

Sa bouche de fraîcheur, de délices, de flamme,

Fleur de volupté, de luxure et de désordre,

Qui vous vide le cœur et vous boit jusqu’à l’âme…

 

(Pour Axel de Missie)

Elisa Mercoeur (1809-1835) – La feuille flétrie

Native de Nantes, née de père inconnu, à onze ans, elle travaillait pour vivre, à dix-sept ans publiait ses premiers poèmes. Encouragée par Chateaubriand et Lamartine, elle connut le succès qui lui tourna la tête. Malade, elle mourut à vingt-six ans. Elle écrit avec fébrilité, l’âme ferme, la pensée sûre, en état d’urgence.

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La feuille flétrie

Pourquoi tomber déjà, feuille jaune et flétrie ?

J’aimais ton doux aspect dans ce triste vallon.

un printemps, un été furent toute ta vie,

Et tu vas sommeiller sur le pâle gazon.

Pauvre feuille ! il n’est plus, le temps où ta verdure

Ombrageait le rameau dépouillé maintenant.

Si fraîche au mois de mai, faut-il que la froidure

Te laisse à peine encore un incertain moment !

L’hiver, saison des nuits, s’avance et décolore

Ce qui servait d’asile aux habitants des cieux.

Tu meurs ! un vent du soir vient t’embrasser encore,

Mais ces baisers glacés pour toi sont des adieux.

œuvres complètes

Minna Canth, engagée et enragée contre l’injustice et la misère/ 19 mars jour de l’égalité en Finlande

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Mina Canth (1844-1897) , née Ulrika Johnsson, romancière et dramaturge finlandaise.

Après trois années à l’école de filles, elle entre à l’institut de formation des maîtres de Jyväskylä, ouvert en 1863, qui lui permet d’apprendre un métier et d’être indépendante, à une époque où la poursuite des études est limitée pour les femmes. Cependant elle ne deviendra pas institutrice car elle épouse son professeur d’histoire naturelle !

Elle écrit pour les journaux, sous un pseudonyme des articles servant à promouvoir Résultat de recherche d'images pour "minna canth"l’éducation des filles, et analysant les difficultés de la condition féminine.

Elle fut veuve très jeune à trente-cinq ans et mère de sept ans (rien que ça) commence une carrière de journaliste et de femme de lettres.

Kaarlo Bergbom, le directeur du Théâtre national de Finlande en visite à Jyväskylä, lira sa première pièce Murtovarkaus (Vol avec effraction), et acceptera de la monter.

Femme courageuse, malgré les idées étroites du temps, elle défend les idées progressistes, prend le parti des plus faibles, des plus démunis et s’insurge contre la condition qui est faite aux ouvriers, aux prisonniers et aux aliénés. Féministe militante, elle dénonce dans « La femme de l’ouvrier » les lois injustes envers les femmes, la morale hypocrite de l’Eglise et l’alcoolisme. Elle suscita de vives polémiques et choqua profondément ses contemporains, notamment les conservateurs, et se fit quelques ennemis ! Nous devons beaucoup, je crois, en Occident à ces femmes courageuses.

Elle tient salon et réunit sous son toit, dans sa maison de Kuopio, un groupe de jeunes écrivains qui forma le mouvement jeune Finlande.

Son œuvre rassemble essentiellement des pièces de théâtre, très marquées par l’influence d’Ibsen (Ou est-ce Ibsen qui fut influencé par elle ?)  et a laissé deux romans de veine naturaliste, engageant des problématiques sociales.

« Sans verser dans l’excès, il est possible de qualifier la littérature dramatique finlandaise de forme d’expression féminine. »[1]

Ses trois derniers drames, où se font sentir l’influence de Tolstoï et d’Ibsen acquièrent plus de finesse psychologique :  La Famille du pasteur, puis Sylvi, écrite en suédois, et enfin, Anna Liisa, qui traite de l’infanticide et du déni de grossesse.

Le 19 mars est jour d’égalité en Finlande, ses nouvelles et ses pièces sont étudiées dans les lycées finlandais.

En français, Hanna : Et autres récits, Editions Zoé, coll. « Les classiques du monde », 19 août 2012, 414 p. (ISBN 978-2881828744)

 En voici un extrait : « Salmela était au comble du bonheur, il la serrait dans ses bras au point de presque l’écraser et il lui embrassait fougueusement les joues, les lèvres et le cou. Le chapeau d’Hanna tomba par terre et ses cheveux se répandirent sur ses épaules. Mais elle était heureuse et encore plus heureuse du bonheur de Salmela. Puis ils apprirent à se tutoyer et à s’appeler par leur prénom.“Kalle.”

Dans son for intérieur, Hanna pensa que ce n’était pas un joli prénom, mais sans doute apprendrait-elle à l’aimer peu à peu.

http://data.bnf.fr/12572765/minna_canth/

[1] Hanna HELAVUORI, dictionnaire universel des créatrices

sources wikipedia, Dictionnaire des femmes célèbrs, Laffont 1992.

Marie Krysinska (1864-1908) – Le poème des caresses

Elle fut la première à pratiquer le vers libre en France dans les années 1881-1882, précédant le combat décadent de Gustave Kahn.

Inoubliables baisers qui rayonnez

Sur le ciel pâle des souvenirs premiers !

Baisers silencieux sur nos berceaux penchés !

 

Caresses enjouées sur la joue ;

Tremblantes mains des vieux parents, –

Pauvres chères caresses d’antan,

 

Vous êtes les grandes soeurs sages

Des folles qui nous affolent

Dans les amoureux mirages.

 

Baisers ingénus en riant dérobés,

Moins à cause de leur douceur souhaités,

Que pour s’enivrer de témérité.

 

Premières caresses, vacillantes –

Comme, dans le vent âpre,

Des lumières aux lampes ;

 

Caresses des yeux, caresses de la voix,

Serrement de mains éperdues

Et longs baisers où la raison se noie !

 

Puis, belles flammes épanouies,

Sacrilèges hosties

Où tout Dieu vainqueur avec nous communie !

 

Caresses sonores comme les clochettes d’or,

Caresses muettes comme la Mort,

Caresse meurtrière qui brûle et qui mord ! …

 

Baisers presque chastes de l’Amour heureux,

Caresses frôleuses comme des brises,

Toute-puissance des paroles qui grisent !

 

Mélancolique volupté des bonheurs précaires.

Pervers aiguillon du mystère,

Éternel leurre ! ironique chimère !

 

Puis, enfin, dans la terre –

Lit dernier, où viennent finir nos rêves superbes, –

Sur notre sommeil, la calmante caresse des hautes herbes.

La Force du désir, roman, Mercure de France, 1905 Texte en ligne

Ne le dis pas – Elisa Mercoeur – 1825 / En ce jour des amoureux, surtout ne pas parler d’amour

MÉLANGES TIRÉS D’UNE PETITE BIBLIOTHÈQUE (17) :  ÉLISA MERCOEUR, UNE VICTIME DU STAR-SYSTEM ?

Tiens, d’un secret je veux t’instruire ;

Moi j’ai peur de l’écho : je parlerai tout bas ;

L’indiscret pourrait redire;

Il faut, petit ami, qu’il ne m’entende pas.

 

Ecoute : du rosier la feuille fugitive

Tombe et s’envole en murmurant :

La feuille fait du bruit, je serai moins craintive ;

Le bruit m’a rassurée, et je tremble pourtant.

 

Qu’un secret fait de mal quand on n’ose l’apprendre !

Il semble qu’un lien l’attache sur le coeur.

Vois ! Mon regard te parle, il est plein de douceur :

Dis-moi donc mon ami, ne peux-tu le comprendre ?

Il était prêt à se trahir,

Le secret que devrait t’expliquer mon silence :

Il s’échappait. Timide en ta présence,

Ma bouche se referme et n’ose plus s’ouvrir.

Bien tendrement la tienne a dit : je t’aime !

Lorsque ce mot si doux fut prononcé par toi,

Méchant, c’est mon secret que ta bouche elle-même,

Comme un écho du coeur, t’a révélé pour moi.

Tu le connais, et peut-être parjure,

Un jour, hélas ! tu le décèleras :

Petit ami, je te conjure,

Si tu le sais ne le dis pas.

 

Décembre 1825

(Poésies, 1827)

Frederika Bremer (1801-1865), pionnière suédoise

 

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Femme de lettres suédoise (Tuorla, Finlande 1801- Arsta, 1865)[1]

Elevée au château d’Arsta, elle reçut une excellente éducation : elle suivit des cours de philosophie, de religion et de politique. A vingt ans, elle commence à ruer dans les brancards, ce qui nous la rend bien sympathique : elle critiqua les sermons des prêtres établissant la supériorité, voulue par Dieu, de l’homme sur la femme.

Elle refusa également de se marier et obtint sa majorité grâce au roi[2]. Pas question de moisir derrière les fourneaux, elle a bien autre chose à faire. Ecrire, par exemple, et voyager, car elle fut une grande voyageuse :  on lui doit des récits qui sont de précieux témoignages sur l’Amérique du Nord et du Sud, Cuba, l’Italie, la Turquie et la Palestine. Le XIXe siècle n’a pas été tendre pour les femmes, mais c’est aussi le siècle des première revendications féministes et des premières victoires : création d’une école normale en 1861, et l’autorisation de préparer un diplôme universitaire en 1873 ( Pour mémoire, en France,  il faut attendre 1880  pour que la Sorbonne s’ouvre aux jeunes filles et que la loi Sée institue un enseignement secondaire féminin d’Etat) et  majorité des femmes à vingt-cinq ans en 1858.

Entre 1835 et 1843, elle écrivit plusieurs romans réalistes, La Famille H… qui lui valut de remporter la médaille d’or de l’Académie suédoise en 1831, Nina (1835) ou les voisins (1837) regroupés sous le titre : Tableaux de la vie privée ( Teckningar utur hvardagslifvet) , où elle prend position en faveur de la femme et de l’enfant dont elle défendait la place dans la société, ce qui suscita de vives polémiques et permit d’engager le débat. Le narrateur gagne en objectivité, se défaisant de son aspect moralisateur (On passait aux femmes les romans édifiants, éducatifs, c’est donc une rupture avec ces codes). Puis elle remporta un immense succès avec Herta, paru en 1856, véritable roman féministe. Elle rassembla dans Foyers du Nouveau Monde et La vie dans l’Ancien Monde ces récits de voyage, découvre les mouvements féministes américains. Les suédoises lui rendirent hommage en créant en 1884 l’Association Frederika Bremer, affiliée à L’Alliance internationale des femmes.

[1] Dictionnaire des femmes célèbres, article, Lucienne Mazenod, Ghislaine Schoeller, Robert Laffont, paris 1992

[2] Birgitta BERG Le dictionnaire universel des créatrices, des femmes, Antoinette Fouque

L’auteure du mois – Marie Bashkirtseff (1858-1884)

Photo wikipédia

Marie Bashkirtseff (1858-1884)

Née dans une famille de l’aristocratie[1], en Ukraine, elle reçue une éducation assez complète : musique, dessin, langues, et littérature. Elle lut une grande partie des chefs-d’œuvre de la littérature grâce à son éducation très libérale..

Après la séparation de ses parents, en 1870, elle suivit sa mère et sa grand-mère à Nice puis à Paris. En 1877, où elle s’inscrivit à l’académie Jullian – L’école des beaux-arts étant réservé aux hommes -. Elle peignit une œuvre impressionnante (85 toiles, 55 dessins furent donnés au Musée de Saint-Pétersbourg). Elle exposa aux Salon de 1880, 1881,1883, et 1884 (La Parisienne, Jean et Jacques (1883), Un meeting (1884) conservé au musée d’Orsay , et un Autoportrait à la palette au musée Jules-Chéret à Nice.

Elle écrivit un journal, commencé à 17 ans et des lettres publiées en 1894 qu’elle adressa à sa famille et à Sully Prudhomme, Edmond de Goncourt, Émile Zola et Guy de Maupassant.

« Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce Journal intéressera les naturalistes… Et je dis tout, tout, tout. Sans cela à quoi bon ! »                                                                                                                       La réunion     

« À 22 ans, disait-elle, je serai célèbre ou morte. »

« Ce Journal est un témoignage sur la condition des femmes à la fin du XIXe siècle, sur leurs rapports à la création et les conflits entre le moi mondain et le moi créateur. »[2]

Elle le traduit ainsi : « Ce pauvre journal qui contient toutes ces aspirations vers la lumière, tous ces élans qui seraient estimés comme des élans d’un génie emprisonné, si la fin était couronnée par le succès, et qui seront regardés comme le délire vaniteux d’une créature banale, si je moisis éternellement ! Me marier et avoir des enfants ! Mais chaque blanchisseuse peut en faire autant. À moins de trouver un homme civilisé et éclairé ou faible et amoureux. Mais qu’est-ce que je veux ? Oh ! vous le savez bien. Je veux la gloire ! Ce n’est pas ce journal qui me la donnera. Ce journal ne sera publié qu’après ma mort, car j’y suis trop nue pour me montrer de mon vivant. D’ailleurs, il ne serait que le complément d’une vie illustre. »

Féministe, elle publie plusieurs articles sous le pseudonyme de Pauline Orrel pour la revue La Citoyenne d’Hubertine Auclert en 1881.[3]

Elle mourut de la tuberculose à 26 ans . Elle désira être enterrée, drapée de blanc, les cheveux défaits et pieds nus. Elle marqua les esprits et fut une figure d’identification pour de nombreuses femmes.

Elle devint une icône pour les femmes des années trente, qui possédaient son journal comme livre de chevet.

Elle me fait penser à Marcelle Sauvageot, qui mourut aussi de la tuberculose très jeune.

Journal 1877-1879, L’Âge d’Homme, 1999 (ISBN 2-8251-1107-4)

Extraits, Mercure de France, Paris, 2000 (ISBN 2-7152-2196-7)

Marie Bashkirtseff et Guy de Maupassant, Correspondance, Éditions Actes Sud, 2001

Marie Bashkirtseff, Un portrait sans retouches, Colette Cosnier, Éditions Horay, 1985 (ISBN 978-2-7058-0463-3)

[1]     Dictionnaire des femmes célèbres, article, Lucienne Mazenod, Ghislaine Schoeller, Robert Laffont, paris 1992

[2] Le dictionnaire universel des créatrices, des femmes, Antoinette Fouque, Olga CAMEL Mon journal, 16 t., Apostolescu G. (éd.), Montesson, Cercle des amis de Marie Bashkirtseff, 1995-2005.

■ HÉLARD-COSNIER C., Marie Bachkirtseff ou le Journal censuré, l’Ukraine et la France au XIXe siècle, Paris/Munich, Sorbonne nouvelle, 1987.

[3] wikipédia

La tradition des romans de femmes XVIIIe-XIXe siècle textes réunis et présentés par Catherine Mariette-Clot et Damien Zanone

 

 

Présentation de l’éditeur

Les noms de Mmes de Charrière, Cottin, de Duras, Gay, de Genlis, de Graffigny, Guizot, de Krüdener, de Montolieu, Riccoboni, de Souza, de Tencin (donnés ici dans l’ordre impersonnel de l’alphabet), romancières réputées en leur temps, ont difficilement passé les années : dès le milieu du XIXe siècle, ils n’ont plus été retenus que des érudits qu’intéressaient l’histoire de la littérature ou l’histoire du roman, l’histoire des femmes aussi. Quant à la notoriété qui a toujours entouré les noms de Mme de Staël et de George Sand, elle s’est souvent plus occupée d’aspects de leur biographie, construits et chéris comme des stéréotypes, que de leur oeuvre de romancières.
Le fait est, pourtant, qu’au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe, les romans écrits et publiés par des femmes occupent la scène littéraire d’une manière qui les met suffisamment en valeur pour que les lecteurs reconnaissent en eux une tradition, celle des « romans de femmes ». L’unité de l’appellation collective suggère la présence dans ces textes d’un maniement spécifique du langage romanesque, avec des traits récurrents (modèles d’intrigues, constantes thématiques, normes du discours moral). Par jeu de reprises et de variations, cet ensemble d’éléments créerait des conventions et ainsi déterminerait un genre (notion que le mot de tradition revient à dire par euphémisme). C’est à la rencontre d’un tel contenu objectivable que le présent ouvrage veut se risquer : existe-t-il ? Le discours critique doit-il valider l’idée qu’il y eut, au XVIIIe et au XIXe siècles, une tradition des romans de femmes ?

Biographie de l’auteur

Catherine Mariette-Clot est maître de conférences en littérature française à l’Université de Grenoble, membre du « Centre d’études stendhaliennes et romantiques » de l’équipe E.A. 3748 – Traverses 19-21. Spécialiste de littérature française du XIXe siècle, elle a publié de nombreux travaux sur Stendhal et George Sand.
Damien Zanone est professeur à l’Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve). Il travaille sur la littérature romanesque et autobiographique du XIXe siècle. On lui doit en particulier un ouvrage de référence sur le genre des Mémoires dans cette période (Écrire son temps, Presses universitaires de Lyon, 2006) ainsi que plusieurs éditions critiques de George Sand.