Née Marie-Louise Mignerot en 1832, Marie-Louise Gagneur a publié des essais, des nouvelles et plus de vingt romans. Membre de la Société des Gens de lettres, elle œuvre pour la féminisation des noms de métiers, lutte pour l’égalité des droits des femmes, et dénonce le sort injuste qui leur est fait depuis la Restauration, les plaçant sous la tutelle de leur mari, et leur interdisant de divorcer.
Ses propositions sur la féminisation du nom d’écrivain sont rejetées, sous prétexte que ce métier n’est peu ou pas exercé par les femmes. Elle mourra à l’entrée du siècle, en 1902, quelques mois après avoir reçu la Légion d’Honneur.
Elle dénonce l’éducation des femmes dans les couvents auxquelles on fait subir un véritable lavage de cerveau, visant à les rendre parfaitement soumises à Dieu et à leur mari. Son expérience du couvent nourrira son anticléricalisme.
Les éditions « talents hauts » publie un inédit, « Trois sœurs rivales » , roman feuilleton du journal « La presse » de juillet à août 1861 dans lequel « elle place les premiers jalons de son combat en faveur de l’émancipation des femmes »[1].
En outre le site Gallica lui consacre un long article sous la plume de Roger Musnik avec des liens vers ses œuvres désormais dans le domaine public.
Elle mérite d’être redécouverte, la littérature est pour elle une arme de combat, qu’elle manie avec une redoutable efficacité et sa vie est passionnante à lire (Voir Gallica).
« Je veux écrire comme la jeune fille qui se déshabille et court vers le lit de son amant. » Alejandra Pizarnik est une poétesse argentine née au sein d’une famille d’immigrants juifs d’Europe centrale (1936-1972)
L’écriture et le désir en 3 épisodes, écrit par Marie-Pierre Cattino que je remercie pour cette belle participation au printemps du désir et de la poésie.
Le désir (au) féminin n’est pas toujours là où on l’attend. Ce sont rarement les mains qui tremblent, mais plutôt le son autour du corps, qui va et vient, s’en échappe, – ce qui entoure la peau – et met un trouble. On ferme les yeux. Il disparaît. On les ouvre. On se demande si c’est réel, si ce qu’on a entendu est vrai ou faux. Si le désir se mélange avec l’amour d’un corps. Si c’est en ce moment que tout se joue, ou seulement si c’est la mort d’une relation. Si le désir tue le reste, tue les habitudes, tue les comportements vulgaires, primaires. Au contraire, si l’amour rend le désir bien plus sage et conventionnel. Trop peut-être.
On entend : «Ca va ? C’était bien ? » On a envie de mourir. Tous les mots sont de trop. Alors dans l’écriture, il faut aller ailleurs, fouiller plus loin dans un revers de la mémoire. Mais rien ne vient car tout est nouveau, toutes les fois. On revient à soi. On a besoin de silence, de cet écart entre temps et rupture. On ne sait pas trop où l’on se trouve. On sait que c’est imminent. On revient à soi, on croit revenir à soi. On n’en revient rarement.
« L’amant » s’est dissipé dans la brume. C’était il y a longtemps, très longtemps. Le premier amour est mort. Mais son désir est entier et Duras le tient fort entre ses doigts sans lâcher, elle l’écrit. L’amant chinois est mort. Mais le désir (au) féminin triomphe.
Merci à Marie-Pierre pour ce texte magnifique, Litterama
Illustration : Marie-Pierre Cattino « sans titre », 2021 encre de Chine noire, sur papier, au dos: datée signée.
Malgré la tourmente économique dans laquelle se trouve les éditions Koïnè, due au contexte actuel, plusieurs livres doivent voir le jour :
Le frère de Léa, Marie-Pierre Cattino et Christian Bach, traduction bilingue allemand, espagnol, anglais. Article dans La revue des livres pour enfants de la BNF : L’art du bref | N° 317 – 2020.
Qu’est devenue la sœur de Léa? À son arrivée dans son nouvel établissement scolaire, Jasmine se rapproche de Léa que les autres appellent la peste. Sur fond de harcèlement, la tension monte. Jasmine doit choisir son camp.
Etat de chocs (je frappe quand je m’émeus) » *écriture en incursion avec Camille Davin, voyage au long cours dans la découverte de l’écriture de l’autre. Mise en scène de Françoua Garrigues, dramaturges, Camille Davin et Marie-Pierre Cattino.
Dans une cité urbaine contemporaine, il y sera question d’interdits, danger et jeux vidéo. Un jour des adolescents passeront à l’acte… Mélange de fiction et de théâtre documentaire.
Les larmes de Clytemnestre, édition Koinè, 2011, traduction en grec par Panagiota Kalogéropoulou, et Mikhaïl Valvis, 2019, bientôt aux éditions Koïnè, diffusion en Grèce.
D’autres part, j’ai entrepris des Encres noires, couleurs et techniques mixtes. 70 formats ont vu le jour, depuis le premier confinement !
L’écriture et le désir en 3 épisodes, écrit par Marie-Pierre Cattino que je remercie pour cette belle participation au printemps du désir et de la poésie.
Le désir. Sa manière de l’écrire est toujours vivace. Elle n’a jamais cessé d’être contemporaine en se nourrissant de cet instant.
[2]« J’avais 15 ans, le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance ».
L’expérience est dépendante du corps : « [3]C’est là dans ce petit champ de chair que tout s’est passé et que tout se passera».
Le personnage durassien ose vivre sa vie telle qu’elle l’entend et s’exprimer dans sa sexualité. Une histoire d’un crime passionnel, une histoire d’amour, de passage à l’acte.
[4]« Toutes mes femmes […] sont envahies par le dehors, traversées, trouées de partout par le désir ».
Elles aiment comme on tue l’autre, comme on veut le posséder, irrémédiablement. Elles aiment sans accepter de plier, (comme a pu faire sa mère).
C’est de cela dont l’écriture participe, de ce désir inassouvi. Revivre les moments les plus intenses, voire les plus cruels : de la découverte à la perte.
Duras a amené, à elle, tous les personnages (féminins) de sa vie pour qu’ils vivent dans ses livres. Celle qui apparaît sans crier gare, elle la repousse, la refoule, mais si elle revient à la charge, alors, existera dans les pages noircies. Les corps se mélangeront dans une envie commune de gourmandise. Le désir sera inassouvi, celui qui, immanquablement, déteint sur les personnages féminins.
Elles sont le désir-même, une détonation de sensations, saveurs, et ressemblent à ce qu’elles ont de vrai, dans une histoire qui n’a pas commencé. Elles se faufilent dans une vie insoluble mais concrète, sont le geste d’une écriture accomplie, dans les moindres détails.
Elles sont le désir de l’inachevé et d’un départ. Une chose commencée est déjà défaite. Elles attendent l’élégance et la noirceur, alliance dans le lit de l’accomplissement.
Et puis, il y a la vague qui annonce le déferlement.
Celles qui entrent dans l’écriture de Duras, fracassent le monde. Cela se produit à des égards fortuits. Quelque chose de sourd. Un arrêt sans bruit à ce moment-là, juste dans un petit creux, d’une faille infinitésimale. Il y a rencontres et foudroiement. Il y a annonciation de quelque chose en suspens.
La douceur d’un visage, par exemple, d’une mèche de cheveu dans une lumière tamisée, une silhouette dans l’encadrement d’une porte, une trace qui s’offre à la lueur d’un port, des pas qui traversent une ville, un corps posé à table, exactement là où le rideau est un peu relevé, une image déposée, là, très sérieuse.
Ce qui arrive là est très sérieux. C’est une envie qui augmente, qu’on n’ose pas appeler de son nom. C’est un désir qu’on ne reconnaît pas tout de suite, quelque chose de surnaturel dont on a envie, besoin, par nécessités successives.
C’est simple.
Elle est là sans faillir. Là, dans une bulle qui, éclate et y laisse entrer un rire, un brouhaha de sons, se referme bien vite autour. Elle n’entend plus. Elle est seule. Elle ne s’enferme pas, s’isole dans une envie de vivre là, ou mourir, si tout venait à cesser.
C’est la force de la pesanteur d’un personnage féminin qui fait irruption dans une chambre où la lumière joue à cache-cache. C’est le geste qui fera tout. Il s’agira d’étourdissement, de capture, d’un léger engourdissement.
L’écriture et le désir en 3 épisodes, écrit par Marie-Pierre Cattino que je remercie pour cette belle participation au printemps du désir et de la poésie.
Ce qui me vient d’emblée, c’est l’expression, « ce pâle objet du désir », tirée du roman de Pierre Louÿs, que Buñuel et Carrière ont métamorphosé à l’occasion de leur adaptation au cinéma. De pâle à obscur, cette mécanique amoureuse est érodée car parle du côté de l’homme, pas de la femme. Tentations et tentatives répétées d’un amour non accompli. Le personnage féminin, la belle Conchita, promet à l’homme sans jamais le satisfaire. « La femme et le pantin », de Pierre Louÿs, est devenu : « Cet obscur objet du désir », cet insoumis. Cela se passait en 1977, à l’heure où l’amour se consommait encore. Là où aujourd’hui le sens de la culpabilité n’est plus fondé sur l’interdit, mais sur l’injonction à jouir, là où il y aurait ratage si l’on ne parvenait pas à posséder l’autre, le désir ne serait-il alors plus que le pâle reflet de ce que l’autre veut bien nous concéder ? La part de l’inconnu reste entière. La psychanalyse nous demande de nous dévoiler, de nous mettre à nues, de nous raconter allongées sur un divan, mais malgré la parole déliée, le désir reste à l’aune de ce quelque chose parfois inavoué. Nous ne sommes pas dans l’acte mais au cœur même de la pensée. Mais qu’en est-il du désir d’écriture ou de l’écriture désirante ? Ecrire, se retirer, un temps, du monde, comment, dès lors, le désir peut-il advenir dans la solitude ? L’écriture où l’on y cherche l’infiniment désirable. Est-ce entre désir et frustration que s’ébranle quelque chose ? L’insensé est en train de se jouer là.
Tout naturellement, je reviens vers Marguerite Duras. Il est tard, je ferme les yeux. Et soudain je l’entends très distinctement : « La femme, c’est le désir ». Le désir. Sa manière de l’écrire est toujours vivace. Elle n’a jamais cessé d’être contemporaine en se nourrissant de cet instant. « J’avais 15 ans, le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance ». L’expérience est dépendante du corps : « C’est là dans ce petit champ de chair que tout s’est passé et que tout se passera». Le personnage durassien ose vivre sa vie telle qu’elle l’entend et s’exprimer dans sa sexualité. Une histoire d’un crime passionnel, une histoire d’amour, de passage à l’acte.
J’écris tout le temps, oui tout le temps, j’ai un cahier dans mon sac, j’écris aux arrêts de bus, et surtout j’écris le matin, très tôt, parce que je me réveille très tôt, même à quatre heures du matin, et en fait je remets ensemble tous les morceaux que j’ai écrits. in France Culture
« Recevez chaque jour un texte écrit par une femme, qui parle des femmes ! De la romancière à la salonnière, de la physicienne à la journaliste, redécouvrez la condition féminine dans tous ses états. »
Voici la présentation de cette merveilleuse application créée par Sarah Sauquet, et Dominique Sauquet, Fondatrice d’It’s Sauquet.com, Directrice technique des applications.
Chaque jour donc, vous pouvez découvrir un article et un extrait d’une oeuvre écrite par une autrice dont l’oeuvre est dans le domaine public.
Je me suis abonnée à cette application dont le coût est extrêmement modique et j’ai pu découvrir ou re-découvrir les textes d’Edith Wharton, Madeleine Pelletier, Aline de Valette.
Chaque texte est resitué dans l’oeuvre, l’oeuvre dans son contexte, et dans l’Histoire, accompagné d’une notice biographique. Leur particularité est d’évoquer tous les sujets qui ont un lien avec les femmes, ainsi Madeleine Brès, première femme docteure en médecine évoque l’allaitement et l’intérêt du biberon, ou Madeleine Pelletier, première femme diplômée en psychiatrie, le célibat, le manque de liberté accordé aux jeunes filles, ou les agences d’avortement.
l’Espace Niemeyer, Place du Colonel Fabien, 6 avenue Mathurin Moreau (métro : arrêt Colonel Fabien)
10 DÉCEMBRE 2019 : Violette Leduc
Avec : René de Ceccaty, écrivain
14 JANVIER 2020 : Mme de La Fayette et les femmes de la littérature baroque
Avec : Marine Roussillon, maîtresse de conférences de Littérature française université Artois
11 FÉVRIER 2020 : Marguerite Yourcenar
Avec : Josyane Savigneau, journaliste littéraire, auteure
10 MARS 2020 et 14 AVRIL2020 : non communiqué.
12 MAI 2020 : George Sand
Avec : Judith Lyon-Caen, Maîtresse de conférence à l’EHESS, directrice adjointe du CRH, spécialiste des usages sociaux de la littérature dans la France du XIXe siècle
« A travers ce parcours chronologique en six chapitres, des origines de la littérature française à nos jours, complété par une anthologie de textes, Camille Aubaud démontre que les femmes de lettres ont eu du mal à échapper « à une imagerie sur les femmes ». Cette imagerie discriminatoire « a à la fois bridé et encouragé » leur écriture : elles se révoltent de siècle en siècle contre les conditions de vie qui leur sont faites, contre les lois et les moeurs qui leur imposent soumission et effacement, mais leurs oeuvres sont immédiatement enfermées dans des stéréotypes, classées au rayon des accessoires féminins, déconsidérées. »
«Dès que les presses entamèrent l’impression d’Une forêt cachée, il m’apparut que sur ses 156 portraits seuls 17 étaient consacrés à des femmes de lettres…
Aurais-je été misogyne sans le savoir?
Avec ce nouveau recueil, j’ai souhaité montrer comment de très nombreuses créatrices ont été « cachées par la forêt » de la littérature, comment elles ont œuvré avec beaucoup d’imagination, de sensibilité, d’érudition, d’astuce et d’humour durant plus d’un millénaire.
De quoi se convaincre que le seul XXe siècle a vu d’autres grandes romancières que Marguerite Duras, Marguerite Yourcenar, Colette et Annie Emaux. Il suffit de lire les livres délectables de Myriam Harry, de Fanny Clar, de Rose Celli, de Marie-Louise Haumont, et de beaucoup d’autres, pour se convaincre de leur talent inestimable.
Cachées par la forêt, 138 femmes de lettres nous contemplent…» Éric Dussert.
Une émission a eu lieu aujourd’hui à 15H sur France Culture, « Ces femmes qui écrivent », Avec : Eric Dussert, critique littéraire et essayiste, auteur de Cachées par la forêt : 138 femmes de lettres oubliées (Table ronde, 2018) et Frédéric Maget, président de la Société des amis de Colette et directeur du Festival international des écrits de femmes. Elle est disponible en podcast.
Une chercheuse espagnole s’est vu attribuer une bourse de 1,5 million d’euros de la part de l’Union européenne pour retrouver les textes écrits par des femmes en Europe entre 1500 et 1780.
Nous le défendons ici à Litterama depuis plus de dix ans maintenant, de nombreux chercheurs travaillent dans l’ombre, avec assez peu d’échos auprès du grand public, et les bénéfices de tant de travail et d’acharnement se font enfin sentir : jugez plutôt, une bourse de 1,5 millions d’euros pour retrouver les textes de femmes en Europe entre 1500 et 1780 !
Quelle satisfaction, quelle joie !
De nombreux textes de femmes ont été perdus tout au long de l’Histoire, victimes de la dévalorisation systématique du féminin. Et si quelques jeunes hommes aujourd’hui, comme l’indiquait la chronique précédente, cherchent cette part en eux, tant l’éducation les a obligés à la refouler, je ne suis pas vraiment surprise. Le monde change !
Carme Font – docteure en philologie anglaise de l’Université autonome de Barcelone sera responsable de ces recherches, (selon El Pais et The Guardian) . Elle a 5 ans pour parcourir toutes les bibliothèques, archives et collections privées, afin de trouver et recenser les lettres, poèmes et pensées philosophiques rédigés par des femmes entre 1500 et 1780 afin de les faire connaître au grand public. ( sourceFigaro-Madame)
Merci à mon amie Karine d’avoir repéré pour moi cette information.
L’autrice Nathalie Léger- Cresson a publié sur le blog un commentaire que je trouve éminemment intéressant, j’aimerais le mettre en avant afin que vous réagissiez à son propos.
Qui est Nathalie Léger-Cresson ?
Nathalie Léger-Cresson est née à Paris. Quatre ans au Mexique pour son doctorat en biologie l’orientent vers l’écriture. Elle publie d’abord pour la jeunesse. Auteure d’une pièce de théâtre et de fictions radiophoniques pour France Culture, elle anime des ateliers d’écriture, notamment à l’École de la deuxième chance de Seine- Saint-Denis. Ses trois derniers livres Encore et Angkor (2012 ), Hélice à deux(2014) et À vous qui avant nous vivez (2018) ont été publiés aux éditions des femmes-Antoinette Fouque.
« Auteure de trois fictions éditées aux Editions des Femmes-Antoinette Fouque, cette question m’intéresse. Il me semble que certaines écritures -pas toutes!- sont sexuées, au-delà du propos de l’auteur. Une vision du monde mais aussi une langue peuvent être imprégnées d’une sensualité plus typique de l’un ou l’autre sexe. Cas de Virginia Woolf ou de Pascal Quignard, par exemple. Nous sommes tous pourvus des deux aspects féminin et masculin de la libido. Un auteur peut donc fort bien écrire à partir de l’aspect qui n’est pas le plus associé à son sexe ou jouer des deux, (ou d’aucune libido si il ou elle écrit « d’ailleurs »). Mais il existe des écritures féminines, comme il existe des écritures masculines (question subsidiaire qui n’est jamais posée). Et elles correspondent quand même souvent au sexe de leur auteur… »
Quelques questions se posent : comment caractériser une écriture féminine ? Par ses thèmes, par son style, par l’utilisation d’une syntaxe, d’un champ lexical ? Par l’écriture du corps, mais de quelle manière ? Nous avons tous cinq identités sexuelles : chromosomique, anatomique, hormonale, sociale et psychologique. A quelle identité se référer ? Le débat reste ouvert, qu’en pensez-vous ?
Deux blogs, tenus par des hommes, traitent uniquement du féminin,
Marie-Pierre Cattino a accepté de livrer, pour Litterama, sa conception de l’écriture théâtrale.
ECRIRE…
« Il y a cette préférence chez moi pour un travail vecteur d’images. Mes textes sont une tentative d’approcher des personnages plongés dans un monde nouveau. Ce que je veux dire, c’est que je m’immerge dans un univers et regarde ce qui s’y passe quand les éléments bougent. Parfois, ils se défendent… Je travaille un texte jusqu’à ce qu’il ressemble à ce que je perçois de lui. Me mettre à table, pour comprendre ce qui se trame à l’intérieur, n’est pas un vain mot mais un choix, des lignes, des pistes pour obtenir ce qui ressemble à ce que je voudrais y mettre, tout en laissant une place au comédien et à l’imaginaire du lecteur. Je crois aussi que cette conscience poussée à l’extrême est usante et réjouissante et à la fois, me permet d’écrire de nouveaux textes. C’est difficile de transmettre le sens de son objet, car je ne suis ni sculpteur ni orfèvre, ne prends aucune matière brute en devenir. Je crée du sens avec du vide. J’aime tellement le vide et le plein. Ils sont faits pour cela les mots, mettre une matière à l’épreuve. Mais je le répète, pas comme un art en devenir mais plutôt comme une issue en phase avec son temps. On crée de la modernité incessante. L’écriture, serait alors mettre en bouche une langue formée de trous, d’aspérités, de silences, d’étonnement. Et le théâtre auquel j’aspire, (donner vie) use de la gomme. Il y a DES écritures, je le sais fort bien. Toutes et tous cherchons à y voir plus clair. Sans doute, est-ce pour cela qu’on écrit. Je me dis, parfois, qu’aller dans ce sens ne sera pas intéressant pour le texte, alors je m’efforce d’aller dans le sens où les personnages seraient à leur aise, c’est-à-dire, connivence entre sens et conflit. Mettre en jeu, en avançant un thème, un sujet, des personnages, ensemble, peu à peu, en faire un tout, une fin ouverte. Ce n’est pas si simple, on parle assez rarement des textes qui ont résisté, qui ne s’offrent pas facilement à l’auteur…«