J’ai lu ce roman dans le cadre particulier de cette journée, et aussi parce que Claude Lamarche est blogueuse et écrivaine. Sur ma liseuse, parce qu’il était plus difficile de le trouver en version papier. Au mois de novembre est organisé un autre rendez-vous avec la littérature « Québec en novembre » auquel je compte bien participer.
Le récit de Claude Lamarche est intéressant à plus d’un égard. Par ses conditions de création, tout d’abord, lors d’ateliers d’écriture, pratique assez courante Outre-Atlantique, beaucoup plus rare chez nous, et par sa double généalogie, celle de sa production mais celle aussi des ancêtres de l’auteure, les familles Bushell et Lynch.
C’est en découvrant un cahier écrit par sa grand-mère maternelle qu’elle se plonge dans l’histoire familiale.
Cependant, ce n’est pas un simple travail de généalogiste mais aussi de romancière qu’a entrepris l’auteure. Claude Lamarche avertit : « Dès que j’ai commencé à fouiller dans la vie de mes ancêtres, les personnes sont devenues des personnages. Plutôt que de tenter de me rapprocher de leurs vérités – ce que j’aurais pu croire être leur vérité-, j’ai choisi de les suivre sur le chemin qu’ils ont décidé d’emprunter. »
La famine sera à l’origine d’une très forte immigration irlandaise à la fin du XIXe siècle. Le mildiou qui a attaqué les pommes de terre à la base de l’alimentation mais aussi l’injustice dans la répartition des terres, le morcellement, qui ne permet pas de produire suffisamment, pousseront un grand nombre d’irlandais à fuir leur pays.
On connaît assez bien, par de nombreux récits, la migration vers les Etats-Unis, mais moins bien peut-être celle vers le Canada, encore sous domination anglaise, nommé le Canada-Uni. En tout cas, en ce qui me concerne, cela a été une vraie découverte.
Les orphelins Bushell vont donc quitter leur Irlande natale, en 1847, à la recherche d’une vie meilleure. Bridget, la grande sœur, mène son petit monde d’un main aimante mais ferme jusqu’à Saint-Henri des Tanneries. Commence alors une vie rude, faite de privations, de travaux pénibles et mal rémunérés. Il y a notamment de nombreux passages qui montrent la dureté du travail des enfants, embauchés dans les manufactures, et leurs vies sacrifiées.
Progressivement la famille anglophone va s’adapter et s’intégrer à la culture québécoise, en adopter certaines caractéristiques et l’on comprend peu à peu comment la langue française va devenir également un élément important de l’histoire familiale.
C’est un récit linéaire, dans lequel les personnages sont engagés dans une forme de survie et qui progressivement, au fil des générations, vont acquérir une forme d’aisance.
En cette fin du XIXe siècle, la majorité de la population suit la tradition : la religion, l’ordre social, la condition des femmes, les nombreux enfantements, la répartition des tâches ne sont pas contestés.
C’est un récit qui se lit avec plaisir… C’est toujours savoureux pour nous, ici en France de lire nos amis francophones auxquels nous attache une indéfectible affection