Kate Morton L’enfant du lac – (2015), Presses de la Cité 2016 pour la traduction française de Anne-Sylvie Homassel (733 pages dans l’édition de poche)
Je ne connaissais pas du tout l’auteure et je me suis laissée tenter par la quatrième de couverture. J’ai découvert un roman attachant même s’il souffre, à mon avis, d’un manque de rythme qui nuit à l’intrigue et surtout à l’enquête policière. Il traite avec une certaine profondeur des liens familiaux et surtout du lien biologique, de sa complexité et du syndrome de l’abandon.
Le roman est construit sur un aller-retour constant entre l’année 1933 à travers le drame qui a eu lieu cette année-là, et l’époque contemporaine sous les traits de Sadie Sparrow, inspecteur de police en disgrâce qui se passionne pour une enquête non résolue, dans une Cornouaille mystérieuse et romantique, rythmée par la mer et ses embruns.
En l’année 1933, le petit Théo a disparu sans laisser de traces, et la famille Edevane quitte, éplorée, la maison du Lac, immense propriété des Cornouailles qui au fil du temps et des mésaventures de riches propriétaires ruinés, s’est réduite à la confortable demeure du gardien (Il était vraiment très bien logé !). Sadie Sparrow n’aura de cesse, soixante-dix ans après, de résoudre ce mystère alors que la plupart des acteurs du drame ont disparu, si ce n’est une vieille dame octogénaire, Alice Edevane, auteure de romans policiers. Toute une réflexion sur l’écriture assez intéressante parcourt en filigrane le récit dans une sorte de mise en abyme.
Spécialiste du gothique, Kate Morton, tire habilement les ficelles du récit et rien ne manque : la culpabilité, les tourments des âmes meurtries, le récit tout en clair-obscur, les menaces qui planent, l’atmosphère inquiétante de lieux qui, pour être laissés à l’abandon n’en recèlent pas moins de terribles dangers.
Toutefois ces incessants flash-backs sont parfois fatigants, et on laisse à regret un personnage dont on aurait bien aimé savoir davantage, et les révélations orchestrées par les personnages du récit aujourd’hui disparus (en lieu et place de véritables preuves, on vit les scènes telles qu’elles se sont déroulées) masquent parfois les faiblesses de l’enquête.
Quant à la fin – les révélations s’accélèrent dans le dernier quart du roman – elle est complètement ubuesque, mais non sans charme. Un happy-end en quelque sorte, auquel on ne se serait vraiment pas attendu. Bon, un peu tiré par les cheveux mais assez génial, il faut l’avouer. Je me suis attachée à ce roman que j’ai eu un peu de mal à quitter (C’est le problème de ces pavés, les personnages deviennent trop familiers !).