Miranda, en latin, veut dire « celle qui doit être admirée ».
A L’Opéra Comique, le semi-opéra (alternance du parlé et du chanté, genre populaire au XVIIe siècle) conçu par Katie Mitchell, Cordelia Lynn et Raphaël Pichon à partir d’œuvres de Shakespeare et Purcell (mais aussi de Matthew Locke, Orlando Gibbons, Jeremiah Clarke, et aussi Ann Boleyn…), remet à l’honneur Miranda, unique personnage féminin de The tempest de Shakespeare.
Cet opéra est une création originale de la metteuse en scène Katie Mitchell , de la dramaturge Cordelia Lynn, et du chef d’orchestre Raphaël Pichon .
Qui est donc Miranda, fille unique de Prospero, élevée de manière libre mais soumise au pouvoir des hommes ?
« Violée, abusée, mariée alors qu’elle n’était encore qu’une enfant » elle représente une figure du martyre féminin, et de son statut de victime dans une société patriarcale qui la violente. les femmes, ici, utilisent » le désir de vengeance, la violence, l’invective, le reproche, la déploration « .
Dans cet opéra, Miranda organise un faux suicide (une noyade) afin de revenir demander des comptes aux hommes qui ont marqué sa vie et se venger.
D’objet de convoitise, elle devient sujet de la narration.
La critique (essentiellement Télérama) pointe un certain manichéisme dans ce huit clos (étouffant ?) où les femmes sont toutes des victimes et les hommes tous des salauds. Mais il faut dire que dans la pièce de Shakespeare, c’est bien la violence de ce monde d’hommes qui sert d’armature au récit. Et il me semble que la librettiste voulait rééquilibrer le monde un peu patriarcal de Shakespeare.
Seul lueur d’espoir du récit, Ferdinand, le mari de Miranda, s’exclame : « Je veux trouver un moyen d’aimer qui ne blesse pas. Un amour sans douleur. Sans craintes »
mezzo : Kate Lindsey (Miranda); soprano : Katherine Watson (Anna, épouse de Prospéro) ; ténor : Allan Clayton (Ferdinand); soprano (14 ans) Aksel Rykkvin (fils de Miranda); baryton : Marc Mauillon (le pasteur)
Orchestre : ensemble Pygmalion