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Paroles de femme : Yannick Lahens

                                                                                                                                                  (photo extraite de la vidéo précédente)

« Je pense que les femmes ne changent pas la littérature, elles ne peuvent pas changer les règles de la littérature mais je crois que les femmes apportent leur vécu, leur situation, quand vraiment elles y mettent le tout d’elles-mêmes. Je crois que ça apporte quelque chose de différent, et je crois qu’aujourd’hui il y a un phénomène qui est en train de se vivre en Haïti, la voix des femmes donne une autre perspective des choses, […] il y a un chemin qui est en train de se tracer… »

Yanick Lahens – Influences et confluences

Yanick Lahens – Bain de lune – Prix Femina 2014

Yanik Lahens

Yanick Lahens – Bain de lune – Sabine Wespieser Editeur 2014

vignette femmes du MondeUne jeune femme, rejetée par les flots, éprouvée dans son corps, l’esprit chaviré par la douleur, est trouvée par un pêcheur qui, avec l’aide de quelques autres, la ramène au village. Dans son délire, elle raconte les événements qui l’ont amenée là, une longue suite d’épreuves et de misères qui ont malmené sa famille et ses ancêtres mais aussi son pays, en proie à la violence politique. Les dieux du vaudou ont beau veiller sur le petit peuple des miséreux, des paysans, le pouvoir des dictateurs semble plus grand encore. Alors qu’on croyait la liberté retrouvée, à la suite de luttes et de sacrifices, un autre tyran encore plus sanguinaire prend la place. Comment faire, pour survivre sur cette île, pour échapper à cette malédiction d’un pouvoir incontrôlable, parfois soutenu par d’autres puissances étrangères ? Rester ou partir ? Courber le dos, s’effacer, se faire le plus petit possible, ou risquer la torture et la folie ?

A lire Yanick Lahens, dont l’écriture tourmentée et magnifique sait nous emporter sur cette île recroquevillée sous un soleil implacable, on se prend à désespérer d’Haïti et de ses dirigeants, tous plus implacables ou corrompus les uns que les autres, de droite ou de gauche, farouches exploiteurs ou habiles populistes, il semble n’y en avoir aucun  qui prenne soin de cette île dont la beauté et le désespoir sont magnifiquement chantés par l’auteure.

Voilà, on repose le livre avec une infinie lassitude, sous le charme pourtant de ces hommes et de ces femmes courageux, face à une misère implacable et victimes, de génération en génération, de la violence politique.

Yanick Lahens vit en Haïti. Depuis la parution de La couleur de l’aube (2008, prix RFO 2009), elle porte en elle le grand roman de la terre haïtienne qu’est Bain de Lune.

Née en Haïti le 22 décembre 1953, Yanick Lahens part très jeune pour la France où elle fait ses études secondaires, puis des études supérieures en lettres. À son retour en Haïti, elle a enseigné à l’École Normale Supérieure (l’Université d’État) jusqu’en 1995.

« Elle vit à Port-au-Prince où elle prend une part active dans l’animation culturelle et l’activité citoyenne. Son œuvre occupe une place privilégiée – à côté de celles de Marie Chauvet, Jan J. Dominique, Yanick Jean et Paulette Poujol-Oriol – dans la littérature au féminin en Haïti. Elle est membre du conseil d’administration du Conseil International d’Études Francophones (CIEF). Elle partage aujourd’hui son temps entre l’écriture, l’enseignement et ses activités de conférencière en Haïti et à l’étranger. » (source :lehman.cuny.)