Fiona Kidman rescapée (2005) Sabine Wespieser éditions 2006 et Grands Romans Points
Fiona Kidman a publié plus de vingt livres dans sa Nouvelle-Zélande natale et seulement quelques-uns d’entre eux (4 si je ne me trompe pas) ont été traduits en français. Quel dommage ! Peut-être les éditeurs peinent-ils à trouver un lectorat français.
J’adore véritablement la plume de cette auteure qui excelle à retracer l’histoire de son pays et de ses habitants dans une veine romanesque et réaliste à la fois. Elle campe toujours des personnages extrêmement attachants, aux personnalités complexes et décrit de manière très subtile leurs révolutions intérieures.
Rescapée ne déroge pas à la tradition. Le roman retrace l’arrivée et l’installation des convicts, c’est-à-dire des bagnards européens qui, après avoir purgé leur peine, tentent de vivre et travailler sur ce sol étranger qui est devenu le leur. Une polyphonie de voix, à travers des extraits de journaux, de lettres et de confessions retrace l’histoire d’Elizabeth Parker, dite Betty, mariée à quatorze ans à un homme de vingt ans son aîné, John Guard, et capturée lors d’un naufrage au large de la Nouvelle-Zélande, peuplée à l’époque essentiellement de Maoris.
Elle restera plusieurs mois chez ses ravisseurs maoris avant d’être délivrée. Mais cela suffira à changer sa vie. La rencontre de ce monde étranger, de cette terre magnifique, va finir de la transformer intérieurement.
Elle racontera son histoire à son ancienne institutrice, Adeline Malcolm. En effet, depuis son retour, elle est en butte à des rumeurs malveillantes qui prétendent qu’elle n’est pas l’héroïne que l’on croit.
Le roman retrace la condition des femmes en ce début de dix-neuvième siècle franchement misogyne. La bonne société s’est reformée ici comme en Angleterre, confite dans son apparente morale et sa dévotion, plus soucieuse des apparences, de la fortune et du rang social que de la vérité des personnes. Elle juge, sanctifie ou condamne selon les rumeurs et une réputation peut se bâtir ou se défaire en quelques insinuations bien placées lors d’un dîner. Ce monde est aussi celui des baleiniers, et du massacre de ces mammifères au large de la Nouvelle-Zélande, grâce auquel on fabriquait de l’huile pour les lampe, des baleines pour les corsets ou les parapluies et une grande quantité d’objets au quotidien. Les maoris sont choqués par ces pratiques, plus proches de la nature, ils attendent qu’elles s’échouent sur les plages pour les consommer et utiliser leur matière première.
Un grand roman d’aventures, un talent d’exception pour nouer une intrigue et entretenir le suspense, mais aussi pour donner un souffle profond au récit, et construire des personnages, font de ce livre un dépaysement total !
Je l’ai lu, il y a très longtemps, j’ai un souvenir assez flou. Dommage, oui, qu’on ne la lise pas plus.
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Oui parce que je suppose que les éditeurs engageraient plus de traductions si c’était le cas !
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Après un tel billet, je ne peux que noter le nom de cette auteure, que je ne connais pas du tout.
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Elle a un style assez classique mais une telle maîtrise, c’est un bonheur de la lire !
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