Marie-Claire – Marguerite Audoux

audoux

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En ce mois de novembre enfiévré par les prix littéraires et notamment  le Prix Fémina, une occasion de lire ou de relire celles qui furent parmi les premières primées.

  Prix Fémina 1910 – Marguerite Audoux.

  Née en 1863 à Sancoins dans le Berry, Marguerite Audoux est couturière. Elle écrit pour tromper l’ennui et la misère et aussi certainement pour la distraire de sa solitude. Ce n’est que tardivement, la quarantaine passée, que Marguerite Audoux, pauvre et malade, connaîtra le succès. Elle écoulera pourtant 75 000 exemplaires de Marie-Claire qui obtiendra le prix Femina en 1910. Octave Mirbeau en écrivit un  vibrant éloge en guise de préface  :

«  Marie-Claire est une œuvre d’un grand goût. Sa simplicité, sa vérité, son élégance d’esprit, sa profondeur, sa nouveauté sont impressionnantes. Tout y est à sa place, les choses, les paysages, les gens. Ils sont marqués, dessinés d’un trait, du trait qu’il faut pour les rendre vivants et inoubliables. On n’en souhaite jamais un autre, tant celui-ci est juste, pittoresque, coloré, à son plan. Ce qui nous étonne surtout, ce qui nous subjugue, c’est la force de l’action intérieure, et c’est toute la lumière douce et chantante qui se lève sur ce livre, comme le soleil sur un beau matin d’été. Et l’on sent bien souvent passer la phrase des grands écrivains : un son que nous n’entendons plus, presque jamais plus, et où notre esprit s’émerveille ».

              Le roman de Marguerite Audoux est en grande partie autobiographique : elle y raconte la mort de sa mère, son enfance passé à l’orphelinat, et son adolescence dans une ferme solognote où elle est placée comme bergère. La grâce de ce roman tient aux non-dits qui le tissent, lui donnant une sorte de mystère et de profondeur. La petite fille raconte toute une série d’événements qui semblent incompréhensibles à ses yeux d’enfant ; on comprend pourtant ce qui est tu, les souffrances, et les regrets d’adultes qui ont manqué leur vie. Ce regard d’enfant est d’une grande fraîcheur et restitue un milieu et une époque qui nous sont assez méconnus, loin de la grande Histoire, au plus près du quotidien des petites gens où le destin est marqué en grande partie par la condition et le milieu social et où la fortune, parce qu’elle est l’apanage de privilégiés dans une société souvent injuste, est aux mains d’une bourgeoisie soucieuse de ne pas se mésallier.

            La langue de Marguerite Audoux est belle, équilibrée, simple sans être pauvre. Son grand sens de l’observation  lui permet de croquer presque sur le vif des situations cocasses : ainsi lorsqu’elle raconte l’épisode de sa communion : « Je tombais sur les genoux dans le confessionnal, et tout aussitôt, la voix marmottante et comme lointaine de Mr le curé me rendait un peu confiance. Mais il fallait toujours qu’il m’aidât à me rappeler mes péchés : sans cela j’en aurais oublié la moitié.

            A la fin de la confession, il me demandait toujours mon nom. J’aurais bien voulu en dire un autre, mais en même temps que j’y pensais, le mien sortait précipitamment de ma bouche. »

            Un livre qui restera dans l’histoire littéraire et marqua d’une pierre l’entrée des femmes dans un milieu littéraire qui leur était encore assez fermé, pour ne pas dire hostile.

Une bonne raison de continuer mon entreprise d’exhumation des textes féminins et de poursuivre mes tentatives d’archéologie littéraire…

Challenge La Belle Epoque (1879-1914)

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2 réflexions sur « Marie-Claire – Marguerite Audoux »

  1. Je l’ai lu en cinquième (mon prof de littérature était génial), mais c’était il y a 25 ans !
    Commentaire n°1 posté par delphine le 02/01/2013 à 11h54

    Peu importe les années ! En tout cas belle initiative de ton prof de littérature. Il faudrait qu’il y en ait davantage.
    Réponse de Anis le 03/01/2013 à 12h03

    Les cahiers rouges de chez Grasset est une collection qui permet de faire une littérature de grande qualité. Je note ce titre qui m’interesse vraiment. Je suis contente de revenir vers les blogs littéraires j’ai passé un mois difficile : J’ai eu une tonne de formations informatique, les médiathèques sont à l’aube d’un grand changement pfffffff !!!! Je pense que l’informatique va me rendre débile entre les identifiants, les mots de passe, les clics d’un coté et de l’autre et bien la moitié de ma commande de la rentrée littéraire n’est toujours pas disponible au public.
    Commentaire n°2 posté par Nina le 05/12/2012 à 23h12

    J’espère que tu récupères de ta fatigue et que l’informatique va vous aider à la médiathèque à gérer le fonds mais il faut un temps d’adaptation.
    Réponse de Anis le 02/01/2013 à 11h48

    Un livre lu au collègue et relu récemment avec un très grand plaisir. Contente de lire d’autres billets sur cette auteur
    Commentaire n°3 posté par delphine le 01/12/2012 à 11h24

    On parle donc de ce livre au collège ? C’est assez rare pour être noté. mais j’ai vu qu’il avait été réédité pour un célèbre club de lecteurs, donc il a été redécouvert.
    Réponse de Anis le 02/01/2013 à 11h41

    Je ne connaissais pas cette auteure et ce que tu écris à propos de Marie-Claire concernant les thèmes et le style, l’éloge d’Octave Mirabeau également, me donnent envie de la découvrir. Je ne sais pourquoi, en te lisant, je pensais à ma grand-mère qui a commencé à travailler à 12 ans. Je chercherai le roman lors de mon prochain passage en bibliothèque ou je le commanderai. Merci Anis !
    Commentaire n°4 posté par Heide le 01/12/2012 à 09h54

    Je trouve que ce roman est d’une limpidité et d’une beauté toute simple; une belle oeuvre.
    Réponse de Anis le 02/01/2013 à 11h39

    Je ne la connaissais pas. Merci pour la découverte.
    Commentaire n°5 posté par Nadael le 28/11/2012 à 16h48

    Je ne la connaissais pas non plus. poutant elle a eu beaucoup de succès en son temps même si elle est morte dans la misère.
    Réponse de Anis le 16/12/2012 à 10h08

    Je reprends : une pionnière, forcément une femme essentielle. (désolée pour ce bourrage de boîte à coms.)
    Commentaire n°6 posté par Philisine Cave le 26/11/2012 à 10h56

    Mes clics fourchent souvent moi aussi.
    Réponse de Anis le 16/12/2012 à 10h04

    Une mionnière, forcément une femme essentielle ! bisous
    Commentaire n°7 posté par Philisine Cave le 26/11/2012 à 10h55

    C’est mignon, cette mignonnière !
    Réponse de Anis le 16/12/2012 à 10h04

    Merci pour cette lecture. Voilà une auteure dont j’ignorais totalement l’existence. D’après ce que je viens de lire sur le net, il aurait donné son titre au célèbre magazine créé en 1937.
    Commentaire n°8 posté par eSseL le 25/11/2012 à 13h24

    Oui, tout à fait. Je découvre beaucoup de femmes dans mes recherches.
    Réponse de Anis le 09/12/2012 à 19h13

    Je l’ai lu ainsi qu’une suite quand elle est à Paris (si ce n’est moi c’est ma mère, car c’est à la bibli, on habite dans la zone géographique du roman).

    Bref, je peux te conseiller Raymonde Vincent la Berrichonne montée à Paris aussi, pris Femina aussi… Bon pour ta liste!
    Commentaire n°9 posté par keisha le 25/11/2012 à 08h30

    Keisha tu es merveilleuse, je peux le dire. Tu connais tout.
    Réponse de Anis le 25/11/2012 à 10h32

    bonsoir anis,j’ai pris connaissance de tes coomentaires concernant le prix des lectricesterra femina decerné le 15 11 2012 à blandine le callet pour la ballade de lilak et du livrd demarguerites audoux l’atelier de marie claire,et autres commentaires recents;tout celà me permet deme documenter sur des idées de cadeau pour noel,ce sont tous des bonnes lectures,je ferais mes choix le moment venu,ton blog est tres bien à bientot
    Commentaire n°10 posté par marchand le 24/11/2012 à 20h56

    Je suis très heureuse que mon blog soit utile !
    Réponse de Anis le 25/11/2012 à 10h31

    encore une belle découverte, merci
    Commentaire n°11 posté par denis le 24/11/2012 à 20h53

    Je me rends compte que des gens l’ont lu ou la lisent. Elle n’esrt pas oubliée grâce aux rééditions de Grasset-Flasquelle
    Réponse de Anis le 25/11/2012 à 10h30

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