La femme auteur de Madame de Genlis

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Stéphanie-Félicité Du Crest, comtesse de Genlis (1746-1830)  fut très admirée en son temps et se présente comme la figure emblématique de la grande aristocratie de l’Ancien Régime. Disciple de Rousseau, elle réfléchit sur l’éducation et exposa ses théories pédagogiques dans son roman « Adèle et Théodore ». Mais cette communauté de pensées n’alla pas plus loin car elle se fâcha définitivement avec « les philosophes » quand ceux-ci lui demandèrent de quitter le parti des dévots (dixit Martine Reid). Elle émigra puis revint après la Révolution, défendant le christianisme contre la pensée des philosophes. Sa pensée est ce curieux mélange de conservatisme et d’érudition qui lui permet de penser avec les outils que donne une immense culture mais l’empêche d’aller trop loin et d’adopter des idées nouvelles.

 

La Femme auteur en est le parfait exemple : elle y analyse finement la société de son époque, et les codes du sentiment amoureux, tout en dénonçant les multiples contraintes auxquelles les femmes sont soumises, prisonnières de l’opinion et des conventions sociales.

Elle y brosse également le portrait d’une relation féminine ou l’amitié l’emporte sur la rivalité amoureuse. Voilà pour le côté moderne si l’on peut dire de Mme de Genlis. Mais son conservatis

Français : Félicité du Crest, comtesse de Genlis
Français : Félicité du Crest, comtesse de Genlis (Photo credit: Wikipedia)

me la pousse du côté d’une vision assez pessimiste du métier d’auteure. 

          En effet, son héroïne se retrouve punie d’avoir choisi la carrière d’auteure et on a l’impression que son roman pourrait servir essentiellement à dissuader les femmes d’écrire. Il faut dire que Mme de Genlis a elle-même essuyé de vives critiques et  des attaques assez virulentes lorsqu’elle a commencé à publier ses ouvrages. Aussi son personnage , Nathalie, est-il en fait son double en écriture.

          Dorothée l’autre personnage féminin, sait, elle, se tenir à sa place : elle préfère le bonheur des vertus domestiques à la vie malheureuse des femmes auteurs, qui sont accusées de négliger leur rôle d’épouse et d’abandonner leur rôle de mère. Elles deviennent dès lors des femmes « publiques » et sont déshonorées.

         Toutefois, on peut penser également qu’elle tient simplement à montrer le sort que réserve la société aux femmes qui ont quelques velléités d’écrire.

 

Martine Reid raconte comment ses positions ont évolué à la fin de sa vie et comment elle défendit  les femmes contre l’inégalité de traitement qui leur était réservée , imaginant qu’un jour peut-être les femmes pourraient écrire librement, et pourquoi pas devenir critique littéraire.

Elle rendit également hommage aux femmes écrivains  qui furent ses contemporaines. Elle plaida aussi pour l’éducation des jeunes filles, qui à l’époque était d’une pauvreté affligeante et ne leur permettait guère de rivaliser avec les hommes dans le domaine de la culture et l’esprit.

 

« Si vous devenez auteur, vous perdrez la bienveillance des femmes, l’appui des hommes, vous sortiriez de votre classe sans être admise dans la leur. Ils n’adopteront jamais une femme auteur à mérite égal, ils en seront plus jaloux que d’un homme. Ils ne nous permettront jamais de les égaler, ni dans les sciences, ni dans la littérature ; car, avec l’éducation que nous recevons, ce serait les surpasser. »

 

L’histoire : Nathalie est une jeune femme passionnée qui aime l’étude et l’écriture. Mariée très jeune, elle perd son mari à l’âge de 22 ans. Son statut change alors et elle se trouve courtisée plus ouvertement. Germeuil, amoureux de la Comtesse de Nangis depuis cinq ans, va peu à peu se détourner d’elle, captivé par la belle Nathalie. Celle-ci parviendra-t-elle à faire taire cet urgent besoin d’écrire afin de préserver son amour ?

6 réflexions sur « La femme auteur de Madame de Genlis »

  1. Encore un livre et un auteurs inconnus pour moi!

    Bonne soirée.
    Commentaire n°5 posté par Philippe D le 28/09/2011 à 20h54

    Rassure-toi, elle est inconnue de la plupart.
    Réponse de Anis le 02/10/2011 à 20h25

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  2. Encore une femme de lettres que je ne connais pas…merci de nous les faire sortir de l’ombre.
    Commentaire n°4 posté par Nadael le 29/09/2011 à 10h41

    C’est vrai que c’est un peu le but de mon blog, restaurer l’histoire littéraire des femmes, même si cela risque me prendre de nombreuses années.
    Réponse de Anis le 02/10/2011 à 20h25

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  3. Je vais essayer de me le procurer demain, ce qui m’intéresse dans cette histoire c’est l’envie de mener sa vie et les contraintes sociales et familiales qui nous empêche de le faire, cette femme c’est l’époque qui l’empêche de pouvoir vivre selon ses envies et ça peut se comprendre de plus vivre en marginale n’est pas chose facile mais à cette époque c’était impossible. Ce sont ces femmes là qui ont poser les premiers petits cailloux de l’émancipation des femmes ensuite sont arrivées les autres mais préparées par toutes celles là. Il faut du temps pour changer les mentalités, et même pour nous ce n’est pas toujours facile je le vois bien souvent ………..
    Commentaire n°2 posté par Nina le 02/10/2011 à 11h02

    J’ai pu trouver ce texte intéressant parce qu’il illustre l’histoire littéraire des femmes, mais en dehors de ce thème je ne l’aurais pas lu et je ne le recommanderais pas, il est rempli des poncifs de l’époque et peut être parfois lassant.
    Réponse de Anis le 02/10/2011 à 20h14

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  4. Je vais quand même le lire par curiosité, j’espère le trouver demain dans ma librairie, de plus c’est un petit livre à 2 euros je ne vais donc pas me ruinée en temps et en argent… Je te souhaite une bonne semaine.
    Commentaire n°1 posté par Nina le 02/10/2011 à 21h47

    Oui, c’est à lire vraiment par curiosité. C’est ce qui m’a motivée d’ailleurs, l’intérêt historique.
    Réponse de Anis le 06/10/2011 à 22h19

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  5. Ce livre m’intéresse beaucoup, j’en ai lu une critique récemment sur « Les livres de George Sand et moi ». J’aimerais me pencher sur cette autrice mais le côté religieux et moraliste me freine un peu. Je lirai tout de même cette nouvelle, toujours intéressée par les femmes créatrices qui doivent surmonter des obstacles pour pouvoir s’exprimer.
    Commentaire n°3 posté par urgonthe le 01/10/2011 à 12h50

    Oui, ce qui est passionnant c’est l’histoire littéraire des femmes, mais je n’aurais pas lu ce livre en dehors de ce cadre, je crois qu’il m’aurait un peu agacée.
    Réponse de Anis le 02/10/2011 à 20h21

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