Adélaïde Dufrénoy (née Billet) – 1765-1825

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Elle naît à Paris le 3 décembre 1765 dans un milieu aisé et libéral. Son éducation est celle des filles de l’époque et ses lectures se bornent aux Evangiles et au grand catéchisme de Montpellier. Encore a-t-elle eu la chance, grâce à son milieu, d’apprendre à lire ! Intelligente et vive, sa soif d’apprendre la guide vers d’autres horizons de lectures, elle dévore le « Magasin des enfants » de Mme Leprince de Beaumont et lit en cachette les ouvrages  d’une vieille tante. Les femmes ne peuvent ouvrir leur esprit qu’en contournant les nombreux interdits qui les condamnent à rester sottes et ignorantes.

A l’âge de 15 ans, elle épouse Petit-Dufrénoy, un veuf qui a l’âge d’être son père , procureur au Châtelet de Paris.  Il se targue d’avoir connu Voltaire et se pique d’un peu de culture ; c’est ainsi qu’il fait lire à sa jeune épouse les œuvres de Parny, poète français qui mourra en 1814.

C’est une révélation pour Adélaïde qui devient poétesse de salon.

De 1787 à 1789, elle dirige le Courrier lyrique et amusant dans lequel avait paru son poème« Le silence éloquent ». Dès lors, elle publie régulièrement ses verset fait la connaissance de poètes et d’écrivains, parmi lesquels le jeune Chateaubriand et Fontanes dont elle sera amoureuse.

Pendant la révolution, elle héberge des proscrits malgré le danger. Son mari ruiné, et après un bref séjour en Italie, elle reprend ses publications et fait vivre sa famille grâce à sa plume: une petite révolution pour l’époque !

Elle écrit non seulement des vers mais aussi un roman et s’essaye à des ouvrages pédagogiques (le livre du premier âge , Instruction religieuse et maternelle, l’Abécédaire des jeunes gourmands), tout en continuant ses activités de journaliste au Mercure de France, à l’Abeille et aux Dimanches avec Mme de Genlis (entre autres). Elle encourage aussi ses contemporaines, dont Marcelline Desbordes-Valmore dont le talent commence à éclore et qui deviendra une poétesse brillante et inspirée.

Ses positions politiques évoluent tout au long de vie vers un certain conservatisme et elle qui connut l’amour hors du mariage, condamne le divorce.

Catriona Seth qui a conduit tout un travail sur l’auteur et nous permet de mieux appréhender  son originalité, conclut son étude ainsi :

« Dans ses meilleurs écrits, les vers savent épouser les espérances et l’angoisse de l’énonciateur grâce à des alternances de coupes abruptes et de périodes plus régulières, souvent en recourant à l’hétérométrie.
A une époque où rares sont les poètes, hommes ou femmes, qui livrent leur intimité au regard du public, elle dit ses sentiments avec des accents personnels qui peuvent encore émouvoir » (in Femmes poètes du XIXe siècle, une anthologie, sous la direction de Christine Planté).

 Mieux connaître les chercheuses qui sont le plus souvent dans l’ombre :
Après des études à l’Université d’Oxford et à la Sorbonne, Catriona Seth est reçue à l’Agrégation en 1995 et soutient sa thèse. Elle a été commissaire d’exposition, avec Élisabeth Maisonnier, pour Marie-Antoinette : femme réelle, femme mythique à la Bibliothèque municipale de Versailles, a fait partie du comité scientifique pour Les Enfants du secret au Musée Flaubert et d’histoire de la médecine (Rouen). Elle a collaboré aux catalogues Goya du Palais des Beaux-Arts de Lille, Sciences et curiosités à la cour de Versailles et Parties
de campagne
du Musée de la Toile-de-Jouy.
Elle est directrice de collection pour les Classiques Garnier et dirige la série diffusée par Le Monde, des Grands classiques de la littérature libertine.

3 réflexions sur « Adélaïde Dufrénoy (née Billet) – 1765-1825 »

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