J’aime particulièrement le personnage d’Olive Schreiner. Sa vie pourrait être un roman tellement sa personnalité est fascinante et son destin étonnant. Née au Cap en 1855, elle a eu une enfance difficile auprès d’un paysan missionnaire luthérien borné et d’une mère qui la négligeait. Michel Le Bris raconte : « Négligée par sa mère, elle avait grandi à l’abandon dans le bush, rebelle et tourmentée. Sa seule éducation : le fouet, jusqu’au sang, quand elle défiait son père en se disant athée. Pourtant sans être jamais allée à l’école, elle réussit à apprendre à lire, dévore les rares livres qui lui tombent sous la main –pour l’essentiel des récits bibliques. »1 Il ajoute plus loin qu’un étranger de passage lui donna les premiers principes du philosophe Spencer alors qu’elle travaillait dans une ferme et que cette lecture déclencha chez elle un appétit de savoir qui ne la quitte plus : Carlyle, Darwin, Locke, Goethe, Schiller, Shakespeare, Locke , Stuart Mill, rien ne lui résiste ! Elle fut véritablement courageuse à une époque où il était particulièrement difficile pour les femmes de vivre une vie non-conventionnelle. Elle fut ainsi une pionnière par la place qu’elle réserva aux femmes dans ses romans. 2
Elle part en Angleterre en 1881 alors qu’ elle a déjà achevé « The Story of an African Farm », son premier roman et le seul publié de son vivant. Il paraît deux ans plus tard sous le pseudonyme de Ralph Iron. Le XIXe siècle ne manque pas d’exemples de ces femmes écrivains qui ont recours à la protection d’un pseudonyme masculin. Ce succès lui vaut d’être admise dans les cercles littéraires d’avant-garde où elle rencontre Havelock Ellis, littérateur, médecin et sexologue. Il lui fait partager ses idées progressistes notamment en matière de sexualité.
Côtoyant de nombreux socialistes et des libre-penseurs tels Karl Pearson, elle adhère à une organisation progressiste (la Fellowship of the New Life) et au mouvement féministe, où, en compagnie notamment de Eleanor Marx, la fille de Karl Marx, elle prend la défense des ouvrières exploitées, des prostituées, des femmes battues, ou abandonnées dans la misère.
Cependant elle regagne l’Afrique du Sud en 1889 malade et à bout de forces, mais à la surprise générale semble aller mieux et se marie, elle épouse un jeune fermier qui partage ses convictions politiques. La situation politique dans la colonie du Cap est très compliquée, elle prend partie pour les Républicains face aux Britanniques, puis plus tard pour les Boers (seconde guerre des Boers), mais ses prises de position humanistes et modernistes lui valent l’inimitié de tous. Elle se sent rejetée… Pour ajouter à son malheur, l’ enfant qu’elle a mis au monde meurt peu après sa naissance. Ses troubles reviennent. Elle détruit alors toute sa correspondance et brûle ses manuscrits un à un. Elle revient en Angleterre en 1914 puis repart en Afrique du Sud pour y mourir.
Ses autres romans à sujet féministes, « From Man to Man » et « Undine » paraissent après sa mort en 1927 et 1929. De son vivant elle publie des séries de récits et d’allégories, des articles sur la politique et l’Afrique du Sud ainsi qu’un ouvrage sur les femmes et le travail en 1911.
1 préface de Michel Le Bris à l’édition de poche Presse Pocket
2 Lucienne Mazenod et Ghislaine Schoeller
Photo Wikipédia
Je ne connaissais pas Cette auteure mais je vais retenir son nom.
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Oui, c’est la faire revivre, dire d’une certaine façon que sa lutte n’aura pas été vaine.
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Merci pour cette nouvelle découverte ! J’aime beaucoup ton nouveau blog que je trouve très clair et facile à lire. Par contre je me perds compétement antre anciens et nouveaux posts… Bravo et courage pour tout ce travail !
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En génértal il y a les dates sauf pour certains comme Olive Schreiner que je remets à l’honneur car je les trouve importants.
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