La voix de tante Julia – Mario Vargas LLosa

la tante Julia et le scribouillard

Qui est donc cette tante Julia ? Julia a 32 ans, est bolivienne, et divorcée. Dans les années cinquante, au Pérou qui plus est, ce n’est pas une position enviable : « Ce qu’il y a de terrible pour une femme divorcée, ce n’est pas que tous les hommes se croient obligés de te faire des propositions, mais qu’ils pensent, puisque tu es une femme divorcée, qu’il n’est pas besoin de romantisme ».

Elle a sa beauté à elle, Julia, et son rire rauque, fort et joyeux lui fait ouvrir tout grand sa bouche, aux lèvres épaisses. Elle a aussi le sens de la répartie et raconte des histoires salées avec grâce. Mais la littérature, elle ne connaît pas, elle est même a-littéraire dit le narrateur, comme la plupart des femmes de son entourage. A peine si elle a lu quelques livres de Delly.

Elle est venue voir sa sœur au Pérou afin de « trouver » un mari. Elle est également la tante par alliance de « Varguitas » qui rêve de devenir écrivain mais poursuit « mollement » des études de droit pour faire plaisir à sa famille. Il travaille dans une radio dans laquelle il s’occupe des bulletins d’information quotidien.

Julia a un compatriote, Pedro Camacho qui écrit des feuilletons pour Radio central. Il a un très grand succès et ce sont des femmes pour la plupart qui l’écoutent.

D’ailleurs tous les bons ingrédients se retrouvent dans les feuilletons de Pedro : un peu de sexe, de la passion et des aventures. Les ficelles sont parfois un peu grosses mais le public en redemande.

Varguitas ne réussit pas à écrire, à peine a-t-il écrit quelques feuillets qu’il les froisse en boule et les jette à la corbeille. Pedro lui écrit tout le temps. Vivre est pour lui écrire.  Il est à la fois une parodie d’écrivain et en même temps « le seul qui, pour le temps consacré à son métier et l’œuvre réalisée méritait ce nom au Pérou ». Ses personnages de femmes, même s’ils sont parfois caricaturaux, sont souvent des personnages de femmes fortes, qui à un moment donné se révoltent, contre le mari, contre la société telle Dona Zoila et ses filles qui se révoltent et répondent aux coups du père ou cette jeune fille, Virago, qui joue dans les matches de rue, et possède autant d’agressivité que les garçons, ou ces prostituées qui sont délivrées un jour de leurs souteneurs.

Roman pour une partie autobiographique, Vargas Llosa, raconte ici comment il naquit à l’écriture à travers l’amour de Julia et la passion d’écrire et d’inventer de Pedro Camacho.

  J’ai beaucoup aimé la construction de ce roman, qui fait alterner les feuilletons radiophoniques de Pedro Camacho, à la fois mélodramatiques et grotesques, et l’histoire d’amour de Julia et Mario. J’ai souvent ri car ce roman est très drôle, toujours à la frontière du mauvais goût le plus total et tendre aussi car il raconte l’éveil amoureux d’un adolescent. La seule critique que je ferai peut-être est que je n’ai guère senti l’amour de Mario pour sa tante, l’émotion n’est pas venue de là mais davantage de l’histoire de Pedro Camacho, de son ascension et de sa chute.

Un très bon roman.

  Ce roman évoque le mariage de Mario Vargas LLosa avec Julia Urquidi Illanes, sa tante par alliance, à la fin des années cinquante. Elle était de dix ans son aînée et ils restèrent mariés une dizaine d’années. Elle l’aida beaucoup dans son métier d’écrvain.

vargas llosa urquidi 01Lecture commune avec   Hélène Choco

Lo que Varguitas no dijo

C’est la réponse de Julia Urquidi Illanes à Mario Vargas LLosa que l’on pourrait traduire par « ce que Vargas n’a pas dit ». Ils étaient respectivement âgés de 19 et 29 ans quand ils se marièrent en dépit de l’opposition de leur famille. Ils vécurent d’abord à Madrid où Mario Vargas LLosa avait obtenu une bourse pour un doctorat puis à Paris. Ils se séparèrent en 1964 quand Mario avoua par lettre à Julia qu’il était amoureux de sa nièce Patricia. Ce livre écrit en 1983, décrit un mariage perpétuellement en crise, et la jalousie terrible de Julia. Mais l’essentiel du livre n’est pas là; Julia raconte l’amour de Vargas LLosa pour la littérature, la façon dont elle le soutint et l’appuya quand il n’était pas encore connu. Il écrivit alors le livre qui sera publié quatre années plus tard sous le titre « La ville et les chiens ».

 

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