Liesel Memingen parvient à échapper à la mort par trois fois. Cette particularité – cette chance ou ce hasard – lui a valu un intérêt particulier de la narratrice . Car celle qui raconte est la mort. Elle raconte le destin terrible et magnifique d’une petite fille allemande, voleuse de livres, dans l’Allemagne nazie.
Les mots. « Pourquoi fallait-il qu’ils existent ? Sans eux, il n’y aurait rien de tout cela. Sans les mots, le Führer ne serait rien. Il n’y aurait pas de prisonniers boitillants. Il n’y aurait pas besoin de consolation et de subterfuges pour les réconforter. »
« La voleuse de livres » est un livre magnifique sur les mots, leur violence et leur douceur, leur pouvoir de destruction et de création. Il y a des mots qui disent la haine et le chaos, d’autres qui disent l’amour et le pardon.
C’est par le pouvoir des mots que furent embrigadés des milliers d’enfants et d’adolescents dans les jeunesses hitlériennes, grâce à leur pouvoir de persuasion et d’adhésion mais aussi leur pouvoir de contrainte : Markus Suzak montre ce qu’il en coûtait à ceux qui refusaient d’adhérer : vexations, menaces, mise à l’écart et parfois mort économique.
Hitler, lorsqu’il parlait, galvanisait les foules. Il savait utiliser toutes les ressources du langage pour séduire, persuader et ramener à soi un auditoire conquis par sa parole. Il était maître de la rhétorique. Sa puissance fut telle que ses paroles devinrent des actes, et que ce qu’il commanda advint. Les camps de la mort par exemple, ce lieu, Dachau, où dans le livre, marchent des Juifs épuisés et hagards. Ce maillage serré de la société allemande, où tout et tout le monde est contrôlé en permanence ou dénoncé, à la merci des mots d’un autre.
Mais si les mots peuvent détruire, ils peuvent aussi créer, porter une vision à travers une œuvre, faire naître un monde.
C’est pourquoi Hitler fit brûler sur les places publiques les livres interdits car il avait compris plus que tout autre le pouvoir subversif des mots : ces mots tracés par Liesel Memingen ou par Max, (d’ailleurs quelle plus belle parabole que ce livre Mein Kampf dont un Juif recouvrit les pages de peinture blanche pour y tracer ces mots à lui). La résistance s’organise avec d’autres mots, des mots d’amour pour l’humanité souffrante, des mots de colère et d’espoir.
Une fillette, ainsi sauva un livre du charnier et un homme de la mort. Elle assista à la fin du Monde et à son embrasement.
Mais pourquoi voler des livres me direz-vous ? Parce que voler c’est transgresser les lois d’une société, et lorsqu’elle est injuste, voler c’est résister. C’est pourquoi elle fut « la voleuse de livres ».
Et puis dire merci encore à ce pouvoir d’évocation des mots, aux auteurs, ces enchanteurs, dire encore mon amour profond pour la littérature.
J’ai beaucoup aimé cette lecture 🙂
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Il est toujours quelque part dans les profondeurs de ma PAL…
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J’avais lu une mauvaise critique sur ce livre. Intéressant donc !!! Il y était dit que le livre ne parlait finalement pas ou peu de livres !!
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Pas encore lu… tu donnes envie.
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je me rappelle avoir pleuré à la fin, je l’ai passé à ma fifille, elle a adoré.
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Moi aussi j’ai versé quelques larmes…
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