Jean Rhys : l’histoire d’une vie (1890-1979)

Jean-Rhys

Ella Gwendoline Rees Williams, dite Jean Rhys, naît à saint-Domingue, dans les Antilles britanniques en août 1890. Née au XIXe siècle, écrivain dans un peu plus de la première moitié du XXe siècle, elle est à la croisée de deux mondes.. Issue d’une famille galloise –son père, un médecin gallois a épousé une créole– établie aux Antilles, elle quitta son île pour l’Angleterre à dix-sept ans. Elle fit de courtes études d’art dramatique.

A vingt ans, sous le pseudonyme de Vivian Grey3, elle joua dans des pièces de théâtre et des comédies musicales comme « Our Miss Gibbs ». En 1919, elle quitta l’Angleterre pour les Pays-Bas où elle épousa Jean Lenglet, premier de ses trois maris dont elle eut une fille. En 1922, le couple s’installe à Paris mais Jean Lenglet est extradé pour entrée illégale en France. Elle hanta « Le Dôme » et les « Deux Magots » pour vivre la vie de bohème du Montparnasse des années 20 . En 1927, elle publia un recueil de nouvelles, « Rive Gauche », « Croquis et études de la vie de Bohème à Paris » et deux romans « Postures » (1928), et « Quai des Grands Augustins » (1931).  Ruptures et mariages ratés, alcool, pauvreté et solitude sont son quotidien .1

Entre-temps, elle épouse en secondes noces Leslie Tiklen Smith avec qui elle se fixa en Angleterre en 1931. Elle y publia quatre romans, dont « Voyage dans les ténèbres » (1934) et « Bonjour minuit » (1939).

S’ensuivit une période de vie nomade, où remariée à Max Haner, cousin de son mari décédé, elle va de meublés en hôtels de troisième catégorie. En 1950, son mari fut emprisonné pour escroquerie ; ils s’installèrent dans les Cornouailles cinq ans plus tard. Souvent alitée, dépendante de l’alcool, Jean Rhys n’écrit plus.

En 1959, une adaptation radiophonique de « Bonjour minuit » la sortit de l’ombre. Elle retrouva le goût d’écrire, survécut à une crise cardiaque et se consacra à son œuvre. Publiée en 1966, « La prisonnière des sargasses », roman sombre et cruel qu’elle a mis près de dix ans à écrire fut couronnée par la Société Royale de littérature et lui assura une gloire internationale. La créole Antoinette Cosway raconte son enfance à la Jamaïque auprès d’une mère indifférente, puis son entrée dans un couvent qu’elle quittera à dix-sept ans pour épouser un Anglais, distant, égoïste et arrogant.

Elle fit encore paraître deux nouvelles « Les tigres sont plus beaux à voir » (1968) et « Il ne faut pas tirer les oiseaux au repos » (1976).

A sa mort, elle laisse une autobiographie inachevée, Smile Please. Sa correspondance Letters 1931-1966, a été publiée en 1984.

Elle laisse une œuvre dure et sans concession.

André Durand du « Comptoir littéraire » résume brillammant la thématique qui hante son oeuvre : « Ses nouvelles et ses romans ont presque toujours pour héroïnes des femmes qui font un effort désespéré pour être comme tout le monde, mais à qui le monde ne leur en sait aucun gré, d’abord parce qu’elles n’y arrivent pas, ensuite parce qu’elles sont de ces faibles que tous les lâches se plaisent à écraser. Ce sont des femmes vaincues par la vie, bafouées par les hommes, se consolant avec un «pernod» ou une bouteille de rouge, et terrorisées jusqu’à la folie par les humains, qu’elles considèrent tous comme des fauves cruels. Ce sont des folles, des pochardes, des déchues solitaires, dont le goût qu’elles ont de la catastrophe fait que, dans leurs larmes, elles se disent que ça finit par être drôle. Car, loin d’être des geignardes, des résignées, elles affrontent leurs malheurs avec une lucidité et un humour n’épargnant rien ni personne. Il n’y a de la complaisance nulle part. Il n’y a que de la constatation, sans cesse répétée, que le monde est froid, que la connaissance aiguë de la solitude et de la misère, que vivre n’apporte que détresse. »4

Elle disait : « Si je cesse d’écrire, ma vie n’aura été qu’un échec atroce… Je n’aurais pas gagné ma mort. »2


3 Dictionnaire des femmes célèbres de Lucienne Mazenod et Ghislaine Schoeller, Bouquins, Robert Laffont

1 Bio Folio

2  idem

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