Roselyne Durand-Ruel présente dans « L’Héritier » une saga familiale chinoise, qui balaie l’histoire de la Chine des années 70 à aujourd’hui. Liu Sin-Ming est le seul fils d’un couple d’intellectuels, « rééduqués » dans les laogai ( goulag maoïste), victimes d’un collectivisme forcené et d’une idéologie sans pitié. Hong Kong, l‘opulente, est par contraste, son antithèse. Y règnent un capitalisme décomplexé, et une liberté d’entreprendre qui attirent de nombreux étrangers dont quelques français qui témoignent de la difficulté de créer une entreprise en France :
« Il faut être cinglé ou inconscient pour monter sa boîte en France. Surtout pour quelqu’un comme moi qui n’a travaillé qu’en Asie. L’entrepreneur est responsable de tout, libre de rien et suspecté en permanence par l’administration. On comprend pourquoi les jeunes rêvent de devenir fonctionnaires. Ni soucis, ni stress, la garantie de l’emploi et une pléthore de vacances. »
Le ton est donné comme vous l’aurez compris: Ce roman est un roman d’initiation, l’initiation d’un jeune homme contraint à fuir son pays pour trouver un peu de liberté et pouvoir épanouir ses talents. Son père le prépare pendant de longues années à devenir champion de natation sans dévoiler l’objectif final et même si le fils n’est pas fan de la discipline, en bon chinois il obéit à son père. Ce moment m’a fait penser au film « Welcome » dans lequel un jeune homme veut franchir la Manche à la nage pour rejoindre l’Angleterre. Ce mode de locomotion assez original deviendrait presque à la mode en littérature et au cinéma ! Sin Ming va tenter à son tour une aventure dans laquelle de nombreux chinois, candidats à l’exil, ont péri avant lui. Il franchit courageusement « le rideau de bambou » à la nage.
Va commencer pour lui l’apprentissage d’une sorte d’inversion de toutes ses valeurs, du collectivisme à l’individualisme et de l’obéissance confucéenne à l’exercice de l’esprit critique.
Peut-on toutefois oublier totalement l’éducation que l’on a reçue ? Héritier des traditions de son pays, où »la face », sorte d’honneur viril, tient une grande place, où le fils devient l’héritier et le garant de la continuation de la famille, Sin Ming se trouve confronté à des choix cornéliens, pris dans des dilemmes que sa double culture ne lui permet pas de résoudre. Et c’est peut-être là tout l’intérêt de ce livre. Quelle est notre marge de liberté, quel poids ont les valeurs héritées, comment tracer sa propre route ?
Ce roman de presque cinq cent pages se lit avec plaisir. Il sait doser les différents ingrédients qui font une bonne histoire : l’amour, le danger, la réussite et l‘argent. Il propose une certaine vision de la Chine d’aujourd’hui mais surtout celle de l’auteure qui l’air de rien, passe au crible toute une série de valeurs fondatrices d’une civilisation, ainsi que la délicate question de l’articulation entre bonheur individuel et intérêt collectif. Je ne me suis pas retrouvée dans cette ode au libéralisme, et bon nombre d’assertions m’ont considérablement agacées. D’autre part, la facture en est vraiment très classique, trop classique, et la construction irréprochable n’empêche pas un sentiment de déjà-lu. Toutefois ses qualités en font un bon pavé pour l’été !
Au final, les quelques femmes qui traversent ce roman, sont des femmes énergiques, loin de l’image de la femme soumise. Elles ont beaucoup de mal toutefois à trouver le bonheur, enchaînées pour une part à la tradition, ou victime d’une idéalisation de l’amour à l’occidentale qui ne correspond pas toujours à la réalité.
« Entre une existence de princesse à Hong Kong et un r^le de soubrette en chef chez mon paternel, y a pas photos », s’était-elle dit avec pragmatisme. D’ordinaire les hommes prennent sans rien donner. »
« – La passion, peut-être. L’amour ? Est-ce que j’ose y croire ? Quant à toi tu devrais lire des romans russes ou français.
– Pour être frustrée de n’avoir jamais éprouvé le grand frisson ?
– Non, pour apprendre à rêver !
– Mais ma vie est toute tracée !
– Dommage ! Le Prince Charmant ne hante pas les petites filles de l’Ouest par hasard. Elles s’identifient aux héroïnes de la littérature. Une sorte de formation à l’esprit romanesque qui n’existe pas dans cette partie du monde. »
Un roman est cité cmme roman d’apprentissage de Sin Ming, il s’agit d’une ode à l’individualisme radical : La Source vive est un roman de l’écrivain américaine Ayn Rand publié en 1943 sous le titre The Fountainhead. Ce sera son premier grand succès, adapté par la suite au cinéma par King Vidor en 1949 (voir Le Rebelle).
Le récit décrit la vie d’un architecte individualiste dans le New-York des années 1920, qui refuse les compromissions et dont la liberté fascine ou inquiète les personnages qui le croisent. (Source Wikipédia)
un livre à noter donc
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Bof, bof…
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Entre la note basse (1 sur 5) et les multiples expressions du plaisir pris a le lire, on ne sait vraiment pas quoi penser sur la base de cette critique!
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Il a des qualités mais je ne suis pas convaincue de sa valeur littéraire parce qu’il est écrit sur un modèle un peu trop classique sans réelle originalité. Ce n’est pas une note 1 sur 5. Il teste un livre dans lequel il y a un réel travail cependant. Voilà il me semble ce que je voulais dire : c’est un avis partagé.
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Le 1 sur 5 est au contraire tout a fait clair, « pas convaincue ». Ce n’est pas un avis « partage »!
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