l y a les livres qu’on a aimés, ceux qui nous ont déçus et ceux que l’on a laissés au coin d’une table. Ceux qui se sont refermés et qu’on n’ouvrira plus parce qu’il faut bien tourner la page. Les livres accompagnent nos vies et nos amours, nos défaites et nos trahisons. Parfois aussi notre solitude.
Dans nos vies tissées de mots, les livres renvoient à des moments singuliers : un livre offert, celui qu’un amoureux ou un ami vous a conseillé, le livre d’un cher disparu, l’odeur de son parfum sur la page, le bruit des larmes, la page qui gondole un peu d’avoir été mouillée. Parfois ils nous trahissent, nous leur avions insufflé tant d’espoirs qui ont été déçus. Nous avions voulu croire que la vie pouvait être comme dans les romans, aussi bien écrite, aussi passionnément relatée. Mais souvent il n’en est rien. La vie ne prend pas de raccourci ni ne fait d’effet de style. Et on ne peut faire de retour en arrière….
J’ai laissé les poèmes d’Anne Sexton au coin d’une table, ces poèmes tourmentés qui font l’éloge de l’infidélité, j’ai refermé le livre sans l’avoir terminé et je ne l’ouvrirai plus. Un auteur peut vous entraîner dans ses abysses sans que vous y preniez garde, Sylvia Plath et Anne Sexton sont quelques-unes des plus célèbres suicidées de la littérature ; les mots n’ont pas apaisé leurs souffrances et il faut prendre garde à ce qu’elles ne réveillent les vôtres.
Y a-t-il des lectures funestes et d’autres salutaires ?
J’ai terminé l’année avec « Mudwoman » de Joyce Carol Oates, emprunté chez mon médecin dans le cadre d’une opération de prêt de livre (vous prenez un livre et vous le ramenez quand vous l’avez terminé). J’aime profondément Joyce Carol Oates, et ses personnages brisés, résilients et fragiles, qui se battent pour exister et aimer. Ces personnages de papier sont un véritable manifeste pour la vie.
Je commencerai l’année en terminant un autre livre « Ce qui reste de nos vies » de Zeruya Shalev.
Et peut-être les fêtes familiales de cette fin d’années et les discussions passionnées autour de la politique, l’état de la Gauche, François Hollande, la crise et le libéralisme m’ont-elles donné envie de revenir à mes premières amours, l’économie politique et la philosophie politique. J’avais lu deux livres qui m’avaient beaucoup plu, « L’art d’ignorer les pauvres » de John Kenneth Galbraith et « Défier le récit des puissants » d’un de mes cinéastes préférés, Ken Loach. Je pense que la nouvelle année sera l’occasion de lire à nouveau dans ce domaine…
Ton billet est superbe ! Il dit exactement ce que nous éprouvons pour les livres, nos chers bien ou mal-aimés…
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Ils peuvent parfois être les révélateurs d’un état d’esprit et doivent être considérés au pire comme des symptômes dans certains cas.
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Oui, bien beau billet !
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Merci beaucoup…
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Tiens, tu es la deuxième à parler du Shalev, il faudrait que je voie cela de plus près.
Quand une lecture me met dans le malaise, je stoppe aussi!
Bonne année à toi (et j’ai vu ce que donnent les lutins wordpress, on s’amuse bien)
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Oui, parfois il faudrait s’arrêter à temps.
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On dirait que tu nous réserve encore de bien belles choses cette année :0) Ton billet est tout à fait pertinent, cette phrase là me parle en particulier ; « Un auteur peut vous entraîner dans ses abysses sans que vous y preniez garde », c’est tout à fait juste… Mudwoman est aussi sur ma PAL et il m’attire terriblement.
Je te souhaite une très bonne année Anis, et des bisous
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Il faut prendre garde à certaines lectures qui peuvent faire écho trop profondément à une souffrance ou un malaise intérieur. Cela dépend des périodes de la vie.
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Merci, merci…
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