Ce soir, vendredi 13 mars, à la bibliothèque de Meulan avait lieu une rencontre poétique avec trois enchanteurs de plume, Peter Bakowski, Habiba Djahnine et Bruno Doucey, écrivain, poète et éditeur.
Un moment d’une belle profondeur, des voix d’une singulière richesse, des textes, des poèmes en multiples échos de nos remous, de nos respirations intimes, de nos multitudes d’êtres. Les mots des poètes tissent des mondes toujours sur le point de sombrer, anéantis de pesanteur mais lumineux, aériens et rebelles. Comment traduire les émotions que provoquent les mots des autres ?
J’ai découvert les éditions Bruno Doucey avec Maria–Mercè Marçal, et puis quelques autres poètes dont je n’ai pas toujours parlé, souvent par manque de temps, mais aussi parce que l’immersion dans les textes poétiques nécessite, pour moi, une remontée par paliers de temps indéfinis. Le temps de la poésie est un temps qui peut se distendre indéfiniment, vous laisser dans un état de stupeur, qui vous rend incapable de toute autre parole que la leur.
Ces trois poètes m’ont laissé comme toujours dans un état certain de sidération : Peter Bakowski, digne héritier de Jacques Prévert, et Jack Kerouac sait faire chanter le quotidien dans ses poèmes, comme si un détail, un objet, était éclairé d’une lumière soudaine, sous le feu des mots tels des projecteurs, et acquerrait ainsi une beauté ignorée mais puissante :
« Joe regarde
ses mains;
des mains qui ont manié
la corde, le fer à marquer, la cisaille,
l’aiguille et le poêlon… »
Je vois les mains de Joe, et
« elles se débattent avec un bouton de chemise,
pour témoin : le miroir de la salle de bain,
juge argenté,
impossible à corrompre. »
Tout est question de regard, n’est-ce pas ?
A Habiba Djahnine, je pourrais emprunter ses mots :
« Sur le sens magique qu’elle donne aux mots
Elle réinvente sa colère, sa fureur, ses sanglots
La tempête fait rage dans son âme fébrile
Lui boit ses larmes et laisse le vent l’envahir. »
Le corps est en résonance, il ploie, vente, coule comme une eau, s’enracine ou s’évade de toute identité qui l’enfermerait.
Habiba Djahnine en écrit l’alphabet :
» Tout commence
Avec les éclats du feu
Corps présents à nous
Nous présents au monde
Sans identité, sans langue, sans pays.
Le temps d’une main caressante
A suffi à éveiller le doute
Le tourment, le silence… »
Bruno Doucey, voyageur infatigable, éveilleur de mots, n’a jamais cessé d’écrire, tout au long d’une vie consacrée à l’aventure des mots et à la rencontre des autres :
« Écrire de feu l’eau claire
la pente du sourcil
la traque du jaguar
Écrire d’un bond ta peau
le sable des lisières
l’aube des sentinelles. «
Il ouvre ainsi des routes et des passages pour nous inviter à suivre, comme il le dit, le sentier parfois escarpé mais riches d’aventures de la poésie….
Je constate à vous lire qu’il est possible que le Bruno DOUCEY dont vous rendez compte du talent, a été le prof de lettres de mon fils et un de mes collègues. Nous l’avons apprécié beaucoup. Il a réussi à faire aimer les lettres à notre fils qui était matheux. Il l’a « civilisé » !
Amicalement.
Hervé ALLIOUX
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C’est tout à fait possible car il a été prof de lettres. Et il a une passion et une foi dans le pouvoir des mots qui certainement ont dû faire de lui un prof assez merveilleux. Je vous invite à découvrir sa poésie si vous ne la connaissez pas encore.
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L’éditeur Bruno Doucey, je connais mais je n’ai encore jamais lu ses mots à lui Lacune à réparer !
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Il écrit avec une belle lumière et une profonde humanité, un vrai poète…
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