Dix-sept ans de Colombe Schneck – 07 janvier 2015 – Grasset – 47 pages
Ce court récit pour rappeler que le droit à l’avortement, partout menacé, est essentiel à la liberté des femmes. A dix-sept ans, Colombe Schneck devient enceinte d’un beau garçon dont elle n’est pas amoureuse. Pas question de sacrifier son avenir, ses études. Fille de médecins de gauche, compréhensifs et à l’écoute, elle décide de subir une IVG. A l’heure des discours de certains politiques qui voudraient restreindre l’application de la loi, sous prétexte d’une banalisation de l’avortement, l’auteure rappelle qu’il ne s’agit pas d’un moyen de contraception, que c’est un événement qui reste un choix à assumer, qui laisse des traces, dont on ne peut parler facilement, parce qu’il renvoie à une certaine culpabilité. L’avortement de confort n’existe pas, c’est une fiction commode. Et c’est bien là le problème, 40 ans après la loi Veil, cette difficulté à affronter le regard des autres. Annie Ernaux, dans « L’événement » (paru en 2000 , personne n’en fit écho) raconte la solitude dans laquelle l’a plongé un avortement en 1963 , cinq ans avant la légalisation de la pilule et onze ans avant celle de l’IVG, à une époque où l’avortement était illégal et risqué. Si la jeune fille de 17 ans est enceinte, c’est par négligence, une pilule oubliée, l’insouciance de celle qui croit que cela ne peut pas lui arriver.
Le corps des femmes peut enfanter, et c’est une différence irréductible avec celui des hommes. C’est la brutalité du biologique, sa violence, son aliénation parfois mais aussi son pouvoir de création. Après le combat de Simone Veil, 44 ans après «Le manifeste des 343» paru dans le no 334 du magazine Le Nouvel Observateur dans lequel des Françaises reconnaissent « Je me suis fait avorter » s’exposant à des poursuites pénales, l’auteure raconte une nouvelle fois la rébellion, et l’illusion due peut-être à la liberté que donne la contraception, que les garçons et les filles sont à égalité. « Je suis aussi libre que mon frère, ma mère est aussi libre que mon père. », et que les femmes sont délivrées du biologique.
Un livre court et sensible.
sélection 2015
J’ai lu il y a peu un petit roman pour ados sur ce sujet : Trop tôt de Jo Witek, un livre très juste et sensible.
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OUi. On oublie qu’aujourd’hui encore le regard pèse et les jugements.
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