
Eleanor Catton – Les Luminaires (The Luminaries, 2013) – folio n° 6186, 1226 pages, Libella, Paris, 2015, pour la traduction française par Erika Abrams de l’anglais de Nouvelle-Zélande.
Man Booker Prize 2013
Nouvelle-Zélande, Ile aux confins du monde occidental, sauvage et rude, d’une beauté menaçante, devient la destination, au XIXe siècle, de tous ceux qui, pour une raison ou autre, veulent commencer une nouvelle vie, tenter leur chance et faire fortune grâce à la prospection des terres aurifères. Le peuple Maori en est peu à peu dépossédé, victimes de ces petits blancs qui les méprisent et les exploitent.
Walter Moody, jeune britannique, débarque à son tour sur l’île, en 1866, après une traversée mouvementée, et prend une chambre dans un petit hôtel de la ville d’Hotikita. Le soir, il assiste à une étrange assemblée dans le salon de l’hôtel où douze hommes se sont réunis pour élucider un mystère dont il détient, sans le savoir, une des clefs.
Vaste fresque, les Luminaires, semble emprunter sa structure à l’Astrologie, chaque titre de chapitre s’y rattachant (Mercure en Sagittaire, etc) et des passages, explicites, expliquant l’influence des astres dans nos vies :
« Ce qui était entrevu sous le signe du verseau… tout ce qui était simple objet de foi, anticipé, prophétisé, présagé, redouté et auguré… tout cela devint manifeste dans les Poissons. »
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard, si un des personnages, vil escroc, prétend faire tourner les tables et prédire l’avenir, car le dix-neuvième siècle est friand de ces spirites dont les prédictions sont assez vagues pour redonner foi en sa propre chance.
L’Homme n’est pas seul, il fait partie de l’Univers, dans un vaste réseau d’influences dont il n’est pas le maître. Eleanor catton explique dans la vidéo que vous pourrez voir ensuite que ce sont les deux sens du mot « fortune », à la fois dans le sens de richesse et dans celui de destin qui a donné la forme de ce roman.
Ce roman est à la fois un récit haletant, qui sait ménager le suspense, et n’est pas avare des retournements de situations, et une sorte de méditation sur la destinée humaine. Les femmes sont rares dans ce milieu d’aventuriers, mais deux d’entre elles pourtant vont servir d’articulation à ce récit.
Sous une facture, à premier abord, assez classique, dans une très belle langue (et une très belle traduction) il est aussi un roman expérimental dans sa structure et sa narration relativement asymétrique. Œuvre d’une jeune prodige, il en acquiert un intérêt supplémentaire. A lire…
Eleanor Catton est née en 1985 au Canada et a grandi à Canterbury, en Nouvelle-Zélande. Elle n’a pas 23 ans quand elle écrit son premier roman « La répétition ». Ce premier roman est acclamé par le public et la critique. Il a remporté le prix Betty Trask, a été nommé Meilleur Premier Roman à l’occasion des Montana New Zealand Book Awards 2009 et a reçu le first Novel Award du site Amazon en 2011.
En recevant le Man Booker Prize pour les Luminaires, elle devient la plus jeune lauréate de ce prix à ce jour.
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