« Un sort mauvais est fait aux femmes poètes; on a l’impression qu’elles ne sortiront jamais du ghetto de la « féminitude ». Les anthologies leur font la part congrue quand elles ne les ignorent pas tout simplement. Comme partout ailleurs, on retrouve « la femme alibi » – une par siècle, rarement plus. leurs noms nous sont connus : Christine de Pisan, Louise Labé, Marceline Desbordes-Valmore, Anna de Noaïlles, Marie Noël, Andrée Chédid… Mais les autres, toutes les autres ? Celles qui trouvaient dans la poésie, le rêve et l’évasion, l’expression de leurs joies, de leurs peines, ou de leur foi, qui manifestaient, dans des vers souples et amples, leur sensualité, l’émerveillent de la maternité, leur amour du beau, leur peur devant la mort, qui disaient le bonheur des matins auprès de l’être aimé ou celui, simple, d’exister, qui jouaient avec les mots, avec les rimes, qui montraient leur sens aigu d’observation du monde, leur difficulté à se prendre au sérieux, qui dissertaient savamment, en alexandrins, de philosophie et de politique, qui prenaient la plume contre l’injustice et celles pour qui la poésie donnait, le plus souvent, un sens à la plus banale existence. »
Régine Desforges, 1993 in Poèmes de femmes
Wow.
J'aimeAimé par 1 personne
Une sacré puissance, une belle écriture et la passion qui l’anime quand elle évoque ce sujet.
J'aimeJ'aime
« la femme alibi » – c’est tellement juste comme expression et c’est une attitude encore si récurrente dans tellement de milieux professionnels en dehors aussi de celui de la littérature!
J'aimeJ'aime
Oui, malheureusement, cela évolue mais beaucoup de choses restent à faire.
J'aimeJ'aime