Dolores Prato – Brûlures /Eté 2020 des romancières italiennes

Un Livre Que J'ai Lu (19) : Brûlures (Dolorès Prato) - LE JOURNAL ...

Éditeur : ALLIA (31/08/2000), nouvelle traduite par Monique Bacelli

« Cette nouvelle, que tous les critiques ont définie comme « parfaite », condense un univers poétique élaboré au long de toute une vie, et en même temps le dépasse par la description miraculeuse de l’instant du passage, de l’ouverture au monde, avec sa promesse effrayante de bonheur et de liberté. » Note de l’éditeur

En 1902, l’oncle qui l’avait recueillie, n’ayant pas les moyens de la garder, elle entra au collège des sœurs Visitandines, où elle resta huit ans.

Brûlures est l’évocation des brûlures externes et internes qui firent tant souffrir Dolores Prato.

«Je suis venu apporter le feu sur la terre ; que veux-tu d’autre sinon qu’il flambe ? »

Celle d’abord du mystère de ses origines et de sa mère qui l’abandonna, elle, la bâtarde.

« …un point noir, une tache, une zone d’ombre dans laquelle nous étions confondues elle et moi ; peut-être une terrible brûlure »

De ces années au couvent, où les mystères de la vie terrestre sont évoqués comme de possibles brûlures, le péché de chair, où la philosophie du lieu est de « punir son corps et le réduire en esclavage, non pas mourir mais souffrir », l’autrice évoque des moments symboliques, des moments charnières qui la menèrent vers la liberté.

« Pour la première fois je vis, au-delà des toits, un morceau de mer nocturne ! Il y avait de la lumière même dans le noir : une lumière chargée de nuit que je n’aurais jamais pu imaginer si je ne l’avais pas vue. »

De cette liberté qu’elle entrevoit, elle ne perçoit que des fragments, des promesses, durement conquises. Car on ne lui fait aucun cadeau, tout se paie par d’intenses brûlures, on dit de la honte qu’elle est cuisante, qu’elle vous met le feu aux joues, de la même façon que la chair brûle, elle aussi, et vous met le feu au derrière.

« Et, en effet, on évoquait souvent certaines « brûlures » sans plus de précisions, que le « monde » avait l’habitude d’infliger à ceux qui avaient trop de familiarités avec lui. »

Faire des études, fuir le pensionnat, devient le seul espoir… Échapper à la monotonie, à l’enfermement, à la sécurité mortifère d’une vie où l’on ne risque rien, retenue par l’obéissance de la dette, la reconnaissance de la honte.

« Je voyais toutes ces choses nouvelles sans savoir ce qu’elles étaient : un mystère sans peurs, plus grand que l’océan et moi libre, dans cette ampleur vitale. »

Nous ne sommes pas condamnés à brûler, il suffit juste d’apprendre les usages du monde, de la même façon qu’il faut utiliser de manière raisonnée l’eau et le soleil pour ne pas attraper d’insolation et de coups de soleil.

La brûlure est aussi celle du désir et de l’amour, de la vague qui claque contre une cuisse, de la morsure du soleil sous la peau.

La brûlure de la vie en soi.

Vivre tout simplement …

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