En me promenant le long des bords de la Seine, grouillant de monde, mais tout le monde (ou presque) masqué, exceptés les hordes de coureurs, un petit groupe qui fait des exercices de musculation, un autre qui danse, une scène de tournage, pour un film, un homme en caleçon juché sur, je ne sais plus, une trottinette ou une bicyclette, une course, encore une autre, en faveur des handicapés, un homme et son chien, dormant sous un pont, et le soleil qui brille dans un ciel presque sans nuages, j’ai eu soudain comme une vision d’horreur. J’ai imaginé Paris, dévasté, dépeuplé, tout le monde ayant fui à la campagne, les commerces définitivement fermés, les pigeons mal nourris, cette fois pour de bon (pas seulement en période de confinement). Ce concentré de vie soudain synonyme d’une proximité fatale et délétère, disparu.
J’étais à Paris pour voir l’exposition de Sarah Moon. Paris enchanteur, ville adorée entre toutes, des groupes de jeunes autour du Panthéon qui sirotaient leur bière, le soir qui tombe, ce café restaurant où de gros ours en peluche (peut-être le connaissez-vous, près du jardin du Luxembourg) vous tiennent compagnie lorsque vous dinez seul.e. Et les librairies du quartier latin où je logeais, la Sorbonne pas loin, où j’ai été étudiante, les conférences au Collège de France, Hélène Cixous, des flots d’images au présent et au passé, se fondant, s’entremêlant, déchirant cette vision d’apocalypse, pour juste laisser, vibrant, l’amour… l’amour de Paris.
Oui, l’amour de Paris…
Je te lis et mon coeur se serre.
J’aurais eu, moi aussi, quelque chose d’une vision d’horreur.
… Et monte en moi l’envie de t’envoyer ceci…
Parce qu’on ne se connaissait pas à l’époque où je l’ai publié.
Et que ton amour pour cette ville me ramène au mien.
J’ai d’abord pensé te l’envoyer en privé, ce lien. Mais après réflexion,
j’ai peut-être envie de le crier plus fort que jamais, cet amour que j’ai pour Paris.
https://carolinedufour.com/2015/11/18/je-taime-et-je-taimerai-paris/
Merci pour ce beau texte, Ann. Qui me parle beaucoup.
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J’ai beaucoup aimé te lire, et bien sûr tant de questions se pressent sur mes lèvres. Peut-être s’est-on croisées au détour d’une ruelle ! C’est bien possible. Depuis que je suis ici, j’arpente les rues, des kilomètres de pavés et de trottoirs, et les ciels arpentés aussi, de toutes les teintes, comme un écheveau de couleurs infinies. Et je fais corps avec la ville, et la ville m’a faite chair. Et cette ville te va bien, elle épouse ton être et te fais de chemins de retour. Merci caroline.
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Merci à toi, Ann.
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