Les autrices questionnent l’identité de genre le 12 novembre à Paris

Une soirée qui s’annonce passionnante, à l’instigation de Sarah Pèpe, et à laquelle je participerai avec plaisir.

Les quatre textes qui seront présentés : Je suis bizarre de Astrid Bayiha, Le frère de Léa de Marie-Pierre Cattino et Christian Bach (Les hommes étant des femmes comme les autres), Pour un temps sois peu de Laurène Marx, Lili/ Heiner intra-Muros de Lucie Depauw sont quatre textes puissants qui questionnent l’identité de genre.

Deux grands paradigmes s’affrontent habituellement lorsqu’il s’agit d’expliquer les différences hommes/femmes : une explication naturaliste qui repose sur la biologie à travers les gènes, les neurones et les hormones, et propose une identité sexuelle relativement stable et une autre qui souligne l’influence de la culture (l’éducation, l’environnement, l’histoire, les expériences personnelles) et réfléchit une identité de genre plus fluide et fluctuante.

En effet, nos identités varient dans leurs expressions génétique, anatomique, sociale et psychologique. Même le biologique qui semblait engendrer des définitions stables et rassurantes se fissure sous l’impulsion des neurosciences dont les recherches mettent en avant l’influence de l’environnement sur le biologique à travers l’épigenèse. Les frontières entre l’inné et l’acquis se brouillent irrémédiablement. Les personnes intersexes, possédant des attributs sexuels féminins et masculins, permettent également de penser des identités plurielles. Sommées de choisir l’un ou l’autre sexe, certaines d’entre elles revendiquent le droit de ne pas choisir, de garder les deux. Astrid Bayiha, à travers le personnage d’Alix, explore le thème de la différence, avec une identité qui questionne, à travers un corps qui offre différents choix, différentes réponses.

Comment, dès lors, savoir qui l’on est ?

La norme sociale, et la pression des valeurs admises et imposées par la loi ou les mœurs, permettent de penser le corps politique. Ainsi Lili , jeune fille qui n’aura pas le temps de devenir femme, devient-elle Heiner, victime du dopage aux hormones masculines pratiqué en ex-RDA. Ce corps devient le lieu de nombreux stigmates à travers « les déchirures de l’Allemagne, de Berlin par un mur, les déchirures des corps par les muscles, les frontières, les désirs et les genres… »

Dès lors, les critères de la virilité ou de la féminité, les uns aussi arbitraires que les autres, destinés à asseoir la domination du patriarcat, ou en tout cas d’un modèle politique qui désire contrôler l’ordre social à travers les corps, volent en éclats : les identités deviennent plurielles et mouvantes offrant toute une palette de figures allant de « l’hyperféminité aux mixages les plus improbables de féminité et de masculinité » .

En effet, « qu’est-ce qu’une femme ? » demande Laurène, la femme transgenre mise en scène par Laurène Marx, question énigmatique car la transition hormonale et médicale, ce parcours souvent douloureux, de la transition d’un sexe vers l’autre, et souvent le parcours d’une réassignation qui repose sur les apparences.

Suis-je davantage une femme lorsque je porte une jupe, que j’ai les cheveux longs, et des talons hauts ? De la même façon, une femme qui n’a pas de seins, ou une grande pilosité, ou qui ne peut pas avoir d’enfants est-elle moins une femme ?

L’écriture de Laurène Marx est incisive et parfois chirurgicale, elle n’élude aucune question, et aucun paradoxe. Son texte est non seulement un témoignage, un texte politique sans concessions et un texte poétique. Il/elle, puisqu’elle revendique la non-binarité, possède une écriture puissante et ciselée, poignante et subversive. On peut lire, sur le site de son éditeur :  » […] écrire sans cause, sans combat est impossible. Elle se promet de ne plus jamais raconter d’histoires inoffensives, mais de s’efforcer de mettre les zones d’ombre en lumière. »

C’est ce qu’elle fait.

Il est toutefois difficile de changer les mentalités. Laurène raconte la violence féroce qui s’exerce contre ceux qui mettent en question les normes de la virilité et donc du pouvoir.  » Imagine maintenant, où que tu ailles, ton tueur t’attend. Imagine une maison. Imagine une maison et dans chaque pièce vers laquelle tu fuis, derrière chaque porte que tu refermes, il est là, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de portes, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de maison. Juste la forêt, immense, inimaginable… »

Laurène Marx écrit terriblement bien.

Mais alors comment faire taire et transformer cette violence ? Marie-Pierre Cattino et Christian Bach, dans cette subtile et aimable alliance des genres, proposent un texte à destination des adolescents (mais pas que). En effet, en 2020, les éditions Koïnè ont imaginé une nouvelle collection de publications bilingues à destination des écoles, de textes traduits dans des langues européennes. Dans  » Le frère de Léa », frère dont on parle mais qu’on ne voit jamais, transgenre, les deux auteur.es montrent l’ostracisme social que subit Léa, la sœur, au sein de son lycée. Peut-être une partie de la solution consiste-t-elle à faire réfléchir les jeunes gens sur les enjeux politiques et sociaux de l’identité de genre.

Peut-être faut-il éduquer les regards et les esprits à penser « ouvertement » pour déverrouiller les cœurs … Merci à eux.

Pour réserver : https://billetterie.mpaa.fr/spectacle?id_spectacle=192&lng=1

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2 réflexions sur « Les autrices questionnent l’identité de genre le 12 novembre à Paris »

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