Roland (Manon) – née Jeanne-Marie Philipon. Femme politique et écrivain française (17 mars 1754-8 novembre 1793).
Fille d’un maître graveur, elle se révéla une enfant intelligente et même précoce et apprit très tôt à lire et à écrire. À huit ans, elle se passionna pour la lecture de la Vie des hommes illustres et Plutarque resta un de ses auteurs favoris. Sa passion pour cet écrivain perdura tout au long de sa vie — puis Bossuet, Massillon, et des auteurs de la même veine, Montesquieu, Voltaire. Après un passage d’une seule année au couvent, où elle excellait (il faut dire que l’instruction des femmes à l’époque y était assez rudimentaire), elle continua sa formation intellectuelle en lisant Rousseau et acquit une vaste culture.
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Domaine public , File:Madame Roland.png
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création : XVIIIe siècle date , (Photo credit : wikipedia), Inconnu, École française
Sa mère mourut en 1775 et elle en éprouva un profond chagrin.
En 1780, elle épousa Jean-Marie Roland de La Platière, de vingt ans son aîné, qui fut inspecteur des manufactures à Amiens puis à Lyon. De cette union, elle eut une fille, Marie-Térèse Eudora, en 1781. Economiste reconnu, il fut nommé ministre de l’intérieur dans le cabinet Dumouriez en mars 1792, grâce aux relations de sa femme. Manon aida son mari dans divers projets éditoriaux.
En 1787, le couple s’installa à Villefranche près de Lyon, puis dans une maison à la campagne, à Clos, dans le Beaujolais, qui appartint à la famille Roland. Ils soutinrent les idées révolutionnaires dans le journal « Le courrier de Lyon » dans lequel ils publièrent des articles régulièrement et écrivirent

aussi pour le « Patriote français » de Brissot.
De retour à Paris en 1790, Manon Roland avait ouvert un salon rue Guéguénaud où se rencontraient Robespierre, Pétion, Desmoulins, Condorcet, Brissot et Buzot, qui fut vraisemblablement son amant, et de nombreux autres, sous le charme de cette femme intelligente et cultivée.
Elle fut l’égérie des Girondins, fervente républicaine, et influença fortement son mari.
Député de paris et chef des représentants qui vont former le parti girondin, Brissot appelle à la guerre et rompt avec Robespierre, comme ses amis Roland. Manon fait la connaissance de Buzot, avocat à Evreux.
Elle rédigea la lettre de Roland au roi le 10 juin 1792, insistant pour que l’on crée à Paris un camp de vingt mille fédérés.
Il fut renvoyé de son poste qu’il réintégra dès les débuts de la législative, le 10 août 1792.
Horrifiée par les massacres de Septembre, Manon Roland s’éloigna des Montagnards qui lui vouèrent dès lors une haine tenace qui ne cessera qu’avec sa mort. Elle se servit de son mari pour répandre des critiques sur Robespierre et progressiste et modérée, ne voulait pas l’exécution du roi et attaqua Danton de plus en plus violemment par la voix de Buzot. Il ne le lui

pardonna pas. Ce fut le commencement de ses déboires politiques : elle fut arrêtée le 1er juin 1793 à l’âge de 39 ans et incarcérée à l’Abbaye. Son mari réussit à s’enfuir et se cacha à Rouen.
Elle parvint à démontrer l’illégalité de cette mesure d’emprisonnement et fut relâchée pour être emprisonnée deux heures plus tard à Sainte-Pélagie puis à la Conciergerie.
Ce fut alors qu’elle se mit à rédiger, ses Mémoires particuliers, des Notices historiques et Mes dernières pensées.
« Amie de la liberté, dont la réflexion m’avait fait juger le prix, j’ai vu la révolution avec transport, persuadé que c’était l’époque du renversement de l’arbitraire que je hais », constate-t-elle amère.
Femme courageuse, elle se défendit elle-même lors de son procès, mais fut condamnée à mort le 8 novembre 1793 et exécutée le jour même, victime de l’une des périodes les plus sombres de la Révolution : La terreur est en marche et sera responsable de plus de 17 000 exécutions entre mars 1793 et août 1794. Son mari se suicida en apprenant sa mort. Quelques mois plus tard, François Buzot, qui était amoureux de Mme Roland, et que celle-ci aimait en retour, se donna la mort alors qu’il allait être arrêté.

Elle se serait écriée, « O Liberté, que de crimes on commet en ton nom ».
En 1796, dépositaire de ses papiers, des amis de Mme Roland, publient une partie de ses mémoires sous le tire « Appel à l’impartiale postérité ». C’est le début de sa célébrité posthume. En 1888, sa petite-fille léguera l’ensemble de ses manuscrits et papiers à la Bibliothèque nationale.
Ses mémoires, et ses lettres ont été publiées de nombreuses fois.
Pour Stendhal, elle était la lectrice idéale de ses romans, et Sainte-Beuve fit d’elle un portrait élogieux. Martine Reid dit d’elle qu’elle fut « une sorte de Mme de Staël de l’époque révolutionnaire ».

Sources : Dictionnaires des femmes célèbres, Belfond, Enfance de Madame Roland, Préface de Martine Reid, chronologie établie dans la collection Folio.
Ton article me renvoie aux lointaines années de mes études d’histoire lors desquels j’avais croisé Roland de la Platière, me jurant bien de m’intéresser à son épouse, ce que je n’ai jamais fait. Un oubli à réparer donc, grâce à toi !
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Je ne les connaissais pas, sinon vaguement un nom. Je trouve intéressant de réhabiliter ces textes. on devrait les étudier à l’école un peu plus. C’est un beau texte en plus que celui de Manon Roland.
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Superbe Dame Elogieuse plume Manon!
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