Elle s’en est allée, de ses pas ailés, de son regard d’azur…

La mort est un grand mystère qui parfois nous saisit d’effroi… Expérience terrible qu’il m’a fallu vivre.  Une immense douleur et un immense amour, ma mère s’en est allée, de ses pas ailés, de son regard d’azur.

cri

Devant la mort

Ils me disent, tandis que je sanglote encore :
« Dans l’ombre du sépulcre où sa grâce pâlit,
Elle aspire la paix passagère du lit.
Les ténèbres au front, et dans les yeux l’aurore.

« Elle aura la splendeur de l’Esprit délivré,
Rêve, haleine, musique, essor, parfum, lumière.
Le cercueil ne la peut contenir tout entière,
Ni le sol, de chair morte et de pleurs enivré.

« Le cierge aux larmes d’or, le râle du cantique
Les lys fanés, ne sont qu’un symbole menteur :
Dans une aube d’avril qui vient avec lenteur,
Elle refleurira, violette mystique. »

— Et j’écoute parmi les temples de la mort.
Je sens monter vers moi la chaleur de la terre,
Dont l’accablante odeur recèle le mystère
Du sanglot qui se tait et du rayon qui dort.

J’écoute, mais le vent des espaces emporte
L’audacieux espoir des infinis sereins…
Elle ne sera plus dans l’heure que j’étreins,
L’heure unique et certaine, et moi, je la crois morte.

La nuit, dont la langueur ne craint plus le soleil,
L’enveloppant du bleu féerique de ses voiles,
Éteint jusqu’aux lueurs lointaines des étoiles,
Et le vin des pavots lui verse le sommeil.

O Morte que j’aimais, ô Pâleur étendue
Dans l’immobilité des néants noirs et froids,
Je n’ose t’apporter que les fleurs d’autrefois
Et mes sanglots païens sur ta beauté perdue.

Renée Vivien, Cendres et Poussières, 1902

32 réflexions sur « Elle s’en est allée, de ses pas ailés, de son regard d’azur… »

  1. Chère Anis, je m’inquiétais de ton silence et voulais justement t’adresser un message sans soupconner un seul instant que tu pouvais être entrain de vivre quelque chose d’aussi douloureux. Mes pensées vont vers toi, Anis, vers ta maman et ta famille. Je t’envoie mes très ffactueuses pensées.

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  2. Ce poème (ce cri) montre à quel point votre douleur est immense .Je ne suis pas sûre qu’il existe dans l’univers un lieu qui permette de retrouver les êtres chers ,mais je suis certaine qu’ils peuvent continuer à être à travers nous ,nos souvenirs….Je suis remplie de tristesse en pensant à vous et d émotion en lisant ce poème .Vous êtes certainement une belle personne Anis .A bientôt

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    1. Je ne sais pas si je suis une belle personne mais l’expérience de l’amour, cette pulsion vitale qui nous conduit à prendre soin des autres, à les écouter et à partager est pour moi le premier acte fondateur. L’amour de soi aussi…

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