Dans la remise – Inès Benaroya, 02 avril 2014, français, Flammarion, 288 pages
Une belle découverte que ce livre présenté parmi les huit de la sélection du Prix de la Romancière 2014.
Anna a tout pour être heureuse, un mari beau et attentionné, un métier passionnant et une réelle aisance matérielle. Ils étaient d’accord tous les deux ; ils ne voulaient pas d’enfant. Non seulement les enfants sont sales et bruyants mais plus encore ils risqueraient leur rappeler leur enfance fracassée… Mais deux événements vont perturber ce fragile équilibre : le décès d’ une mère qui ne l’a jamais aimée et l’intrusion, une nuit, d’un jeune vagabond dans sa remise. Incapable d’en parler à son mari, elle porte ce secret qui devient de plus en lourd jusqu’au jour où tout bascule…
« Dans ma famille, les mères n’aiment pas leurs enfants. J’ai préféré m’abstenir. »
Ce premier roman est un magnifique roman sur l’enfance et le désir d’enfant, sur les choix conscients et inconscients qui pèsent sur lui. Pour être père et mère, il faut convoquer des modèles souvent hérités des parents que nous avons eus et de l’amour que nous avons reçu.
Mais voilà Anna, elle, n’a pas reçu d’amour de la part de sa mère, Ava, qui l’a envoyée en pension pour l’éloigner d’elle et ne pas avoir à s’en occuper. Sa mère vient de mourir, et Anna retrouve la mémoire…L’intrusion du petit vagabond dans sa remise réveille en elle un désir d’enfant qu’elle croyait à jamais éteint et qui va bouleverser sa vie.
« Mais déteste-t-on sa mère pour un lot de nuit sombres ? »
Ce roman rappelle, s’il était besoin, que l’amour maternel n’est pas « naturel », qu’il n’est pas un instinct dont hériterait toute femme sur le point d’enfanter, un instinct qui procéderait d’une « » nature féminine « , mais bien plutôt d’un comportement social, variable selon les époques et les mœurs.
Être mère s’apprend, se construit ; c’est s’insérer dans un milieu et une culture. Avoir un enfant ne veut pas dire qu’on l’a désiré, des grossesses accidentelles sont encore légion malgré la contraception et les Interruptions Volontaires de Grossesse.
Ces grossesses interviennent le plus souvent chez des jeunes femmes trop fragiles et trop déstructurées pour maîtriser une contraception, respecter des horaires de prise de médicament et toutes choses supposant une maîtrise de son corps, de sa vie, de ses choix. Il y a ces êtres qui se laissent voguer sans but, au fil des rencontres et du courant, incapables parfois de s’aimer eux-mêmes et a fortiori les autres. Les dénis de grossesses, les bébés congelés dans des frigos. Le mal-amour se transmet parfois de génération en génération…
Dans la remise est un roman subtil et délicat, d’une belle écriture et d’une belle facture. L’émotion est au rendez-vous, les personnages sont parfaitement convaincants, et nous y reconnaissons parfois nos propres blessures symboliques. Un vrai coup de cœur pour moi.
Ton avis rejoint un peu ce que j’avais déjà pu lire sur ce roman. Il va sûrement entrer dans mes projets de lecture.
J’aimeJ’aime
Je viendrai lire ton avis avec beaucoup d’intérêt.
J’aimeJ’aime
Un roman au thème intéressant avec une belle couverture de Hopper… je chercherai à la bibli !
J’aimeJ’aime
J’espère qu’il va avoir une belle vie de roman…
J’aimeJ’aime
Ce roman a tout pour me plaire. Je le lirai, c’est sûr. Ton billet donne très envie.
J’aimeJ’aime
J’espère qu’il aura du succès.
J’aimeJ’aime
Jamais entendu parler de ce roman. Tout ce que tu en dis me donne terriblement envie de le lire ! Merci pour cette découverte. Je note.
J’aimeJ’aime
Oui, un roman superbe, qui vaut vraiment d’être lu. Une auteure prometteuse.
J’aimeJ’aime