Baise m’encor, rebaise-moi et baise de Louise Labé

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Baise m’encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux :
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise.

Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j’apaise,
En t’en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l’un de l’autre à notre aise.

Lors double vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m’Amour penser quelque folie :

Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.

Louise Labé

Poème découvert grâce à Anne du blog « Des mot et des notes »

Il faut lire et relire cette magnifique poétesse, une des plus belles plumes féminines…

Il y a de fortes polémiques autour de l’existence de cette poétesse du XVI e siècle.  Murielle Huchon notamment pense qu’elle est la création d’un groupe de poètes autour de Maurice Scève. Quant à moi je préfère croire que la belle Louise, qui décrit si bien les tourments de la passion féminine a bien existé !

6 réflexions sur « Baise m’encor, rebaise-moi et baise de Louise Labé »

  1. Chère amie blogeuse,

    Je suis votre publication depuis quelque temps déjà, avec le plus grand intérêt.
    Personnellement j’adore les poèmes de Louise Labé que j’ai pu réunir au fil des anthologies. J’ai depuis longtemps une vieille et durable passion pour le XVIe siècle, et en poésie un fort attrait pour Ronsard. Ma « rencontre » avec Louise Labé remonte à quelques années seulement, mais le plaisir n’en est que plus intense. J’admire son naturel, sa fraîcheur et la tendresse de sa poésie. Elle nous admet sans fausse pudeur dans la richesse sensible de son cœur. Elle a la simplicité d’expression qui est l’apanage des grands artistes. En cela, elle est touchante.
    Comme vous, j’espère, je crois, je désire, que cette femme ait existé et que ses poésies soient tombées tout droit de sa plume et qu’elle ne soit pas une illusion mise en place par un cercle de poètes, même talentueux…
    Je me permets de vous adresser quelques extraits du livre de CG Dubois…
    Ils me semblent aller dans le sens de nos souhaits.

    Amitiés littéraires.
    Hervé A.

    Louise LABE, pour Claude-Gilbert DUBOIS :
    (-La poésie du XVIe siècle en toutes lettres – BORDAS 1989)

    « LABE Louise (1524-1566) est auréolée d’une légende qui fait de son œuvre le prétexte à toutes sortes d’interprétations. Fille d’un riche marchand cordier, Pierre CHARLY, dit LABE, son éducation soignée allia les arts réservés aux jeunes filles (comme la musique et la broderie) à des activités où se plaisaient les dames de la bourgeoisie avancée (jeux équestres, maniement des langues). Belle, affable, dotée d’une sociabilité dont témoignent ses contemporains, elle crée autour d’elle un cercle d’admirateurs. Elle épousa en 1540 un notable de la ville (Lyon), cordier de son état, Ennemont PERRIN, et fut liée à Olivier de MAGNY. Son œuvre comporte des sonnets, des élégies et un conte allégorique, le « Débat d’Amour et de Folie »  , qui, précédés d’une lettre dans laquelle elle expose ses objectifs, constituent ses Oeuvres réunies en un volume en 1555.
    L’originalité de l’emploi d’un je au féminin pour dire l ‘amour créa le scandale dans les milieux rigoristes. Toutes sortes de légendes se créérent autour d’elle : on en fit une courtisane, une nymphomane, le prototype des revendications féministes…
    …(son œuvre) « reprend en fait les thèmes et les figures de la rhétorique amoureuse, mais avec une aisance dans la sensualité et une profondeur intelletuelle qui la rendent unique. L’intérêt vient de ce que l’amour se dit et se vit ici au féminin, ce qui renverse les régles de la tradition occidentale (sic).

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    1. Hervé,
      Merci beaucoup pour ces informations. Je suis d’accord avec Claude-Gilbert Dubois, Louise Labé révolutionne l’écriture de l’amour et du désir parce qu’elle le dit, de là où elle est, de son corps de femme, c’est ce qui m’intéresse avant tout. Le reste est politique (au sens noble du terme). Que cette parole qui pour avoir été rare, n’en reste pas moins importante, et qu’elle puisse nous enchanter par-delà les siècles. Je vous remercie de votre précieuse lecture. Je viens aussi chez vous parfois puisque nous sommes voisins… Et qu’un homme est d’autant plus intéressant quand il aime le féminin.

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