Chaos sur la toile, Kristín Marja Baldursdóttir Gaïa Editions 2011 (2007 pour la version originale) traduit de l’islandais par Henrý Kiljan Albansson
Chaos sur la toile est la suite de « Karitas, sans titre » que j’avais déjà lu et chroniqué ici mais qui peut se lire indépendamment.
Dans ce second Opus, nous suivons la suite de Karitas, peintre islandaise qui tente de vivre de son art malgré les inévitables contraintes liées à sa condition de femme, contemporaine de Simone de Beauvoir dont elle découvrira l’œuvre lors d’un séjour à Paris.
A chaque fois que Karitas se trouve libérée des contraintes matérielles et peut à nouveau se consacrer à son art, de nouvelles obligations lui échoient, dont une petite fille que ses parents ne peuvent élever et qu’elle amènera à Paris.
Nomade, elle sillonnera le monde, de Paris à New-York pour revenir en Islande. Son œuvre, ce chaos sur sa toile, épousera les interrogations et les recherches de son temps, art concret, tourmenté, puis abstrait, conceptuel, incompris de sa famille et de ses contemporains épris d’académisme. Elle ne peint pas « le beau », ne cherche pas la vérité mais tente de capter ses visions intérieures. C’est lorsqu’elle trouvera écho chez les féministes américaines, que sa notoriété commencera à s’établir.
La femme et l’art
Karitas se demande si les femmes ont façonné des tendances et combien elles sont dans le monde car le monde de l’art est encore et surtout à son époque un monde d’hommes. Un soir qu’elle rentre saoule après une exposition, son frère la met en garde « Tu dois prendre garde à toi, tu es une femme ». Femme artiste , des obligations invisibles tissent les fils de sa conduite. A Paris, elle découvre les tableaux de ses contemporains : « Je les avais vus dans la salle d’exposition, vu ce qu’ils faisaient, les garçons, ils avaient réussi à contrecarrer les formes, les lier ensemble avec des couleurs … »
La femme et la mère
« La femme croit qu’elle échappe au pouvoir de sa mère quand elle s’en va adulte dans le monde mais quand on a étouffé sa volonté suffisamment longtemps, lui a bien fait longtemps comprendre qu’elle peut seulement faire ce que l’homme décide, elle cherche de nouveau secours auprès de sa mère dans l’espoir d’obtenir alors encouragement et stimulation qu’elle a reçus enfant. C’est l’histoire sans fin du cercle dont les femmes ne réussissent jamais à sortir. »
J’ai beaucoup aimé ce livre car il brasse nombre de thèmes qui me sont chers sur la place de la femme dans l’art et dans la société. Les contraintes , les contradictions et les choix cruciaux qu’elle doit parfois faire. C’est une sorte de livre-fanal pour moi, qui aide à réfléchir.
Mais que d’erreurs de traduction, que de maladresses dans l’écriture de la langue française, tout de même qui gênent malheureusement un peu la lecture. C’est dommage…