Joyce Carol Oates Mudwoman – Meilleur roman étranger 2013 des lecteurs dePOINTS- 2012, édition original – 2013 Editions Philippe Rey Publié en points P3352
Survivre à des événements traumatisants de l’enfance, réussir brillamment un parcours professionnel, être entouré et aimé, autant d’atouts qui semblent forger une personnalité dans de l’acier trempé et lui garantir un destin exceptionnel.
C’est bien le cas de Meredith Neukirchen : abandonnée par sa mère dans les marais des Adirondacks, Mudgirl est sauvée puis adoptée par des parents qui lui donnent tout leur amour mais aussi des valeurs fortes pour la guider dans l’existence.
Quel moteur suffisamment puissant va transformer cette petite fille martyrisée en étudiante brillante puis en première femme président d’université ? Une volonté farouche, l’angoisse, le désir de remercier ses parents ou de se garantir leur amour ?
Mais si Meredith réussit sa vie professionnelle, elle recueille seule les fruits de son labeur, pas d’époux à ses côtés, pas d’enfants non plus…
Meredith Neurkichen, sous son apparence si lisse, cache des béances secrètes, les blessures sont toujours là, nichées dans les profondeurs de son inconscient et se remettent à saigner. Un jour, elle perd complètement les pédales, son passé la rattrape, et les fantômes resurgissent. S’en sortira-t-elle une fois encore ou sera-t-elle terrassée définitivement par ces forces mystérieuses qui semblent la dépasser ?
Beaucoup de suspense dans ce livre dont l’intrigue est efficace et subtilement menée, et dont l’héroïne au fond nous est si proche. Lequel d’entre nous est assuré d’avoir un chemin sans embûches, sans rien qui risque nous faire trébucher ? Meredith a été, certainement une enfant résiliente, mais le roman de Joyce Carol Oates démontre, si besoin était, que la résilience n’est pas une guérison et qu’elle n’explique pas tout. Les blessures restent, même cicatrisées, elles font de nous des géants aux pieds d’argile. Je me demande si une grande partie des livres de Joyce Carol Oates ne sont pas des thrillers d’une possible résilience.
En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité.
« Je pense qu’on ne peut parler de traumatisme – et d’évolution résiliente – que si l’on a côtoyé la mort, si l’on a été agressé par la vie ou par les autres, ou encore si des personnes de notre entourage ont été en danger. Mais les processus qui permettent de reprendre son développement après un coup du sort nous concernent tous, car ils obligent à penser la vie en termes de devenir, d’évolution.
D’ailleurs, environ une personne sur deux subit un traumatisme au cours de son existence, qu’il s’agisse d’un inceste, d’un viol, de la perte précoce d’un être cher, d’une maladie grave ou d’une guerre. » [1]
[1] Interview psychologies
Je souhaitais lire ce livre maos il faut dire que les pavés de JC Oates sont difficiles à programmer. Mais je sais que ce roman est à la bibliothèque et je le lirais un jour.
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Oui c’est vrai ce sont des pavés mais ils sont tellement passionnants qu’au fond on les lit très vite.
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Magnifique roman !!!
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Oui, un bon cru celui-là.
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Je l’ajoute à ma PAL, il a vraiment l’air très intéressant!
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Il est intelligent et bien écrit.
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Quel hasard, quel hasard! C’est ma lecture de samedi:
https://empreintedemesmots.wordpress.com/2015/02/21/le-samedi-je-lis-8/
J’ai beaucoup aimé.
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J’espère alors que tu vas te régaler !
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Je l’ai lu.
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Je n’ai lu qu’un seul roman de Oates : Fille noire, fille blanche. Ton billet est très convaincant, je le note!
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Je n’ai pas lu celui-là mais il y en a tant à lire d’elle !
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Joyce Carol Oates sait toujours bien révéler les failles de ses personnages, leur humanité qui est aussi la nôtre… Je trouve qu’il faut être dans une certaine disposition pour la lire car ses romans ne sont jamais légers tant ils pointent du doigt nos malaises. Voilà une auteure qui sait gratter sous le verni des choses… Elle n’essaye pas de faire croire au lecteur que la résilience est la clé du bonheur, elle démontre honnêtement que nos blessures sont toujours là et nous guettent. Je n’ai pas lu ce roman, mais je suis curieuse de le découvrir.
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Oui, tout à fait, elle montre les limites de toute résilience. Elle montre que les blessures sont toujours là comme tu le dis parfaitement. Et en cela elle est honnête.
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Et c’est pour ça que l’on aime cette auteure… Je l’ai écrit à plusieurs reprises sur mon blog, j’aime être bousculée quand je lis. Je ne sais pas pour toi, mais quand je lis je ne cherche pas nécessairement la romance, mais plutôt la réalité de l’humain. Si je ne veux que de la fiction, j’ai tendance à me tourner vers les romans policiers qui m’offrent des pauses du point de vue émotionnel…
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Oui, comme toi je ne cherche pas à être confortée dans mes opinions, ni à être rassurée, même si parfois la littérature s’avère être un baume puissant contre la douleur. Je cherche à comprendre notre situation dans le monde et nos interrogations. La littérature exerce pour moi les fonctions du mythe; elle est une histoire toujours racontée et toujours modifiée. Mais au fond c’est toujours la même histoire.
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