Printemps des poètes : le désir féminin (4) Dominique Aury

Les fils qui m’ont attachée

Sont plus fins que des cheveux

Si la main les tire un peu

Qui les a pris à poignée

J’entends répondre sans voix

La captive volontaire

La muette la prisonnière

Que je cache au fond de moi

Son sang me brûle les veines

Des épaules aux genoux

Elle se tait mais c’est nous

Qui perdons ensemble haleine

Si les fils incandescents

Leur réseau de moi détachent

Si l’étreinte se relâche

Par quoi je vais respirer

Je deviendrai cendre éteinte

Scorie poudre et sable au vent

Gravats débris pavement

Sel de gemme asphalte peinte

Pour me renforcer en terre

Au plus proche au plus commun

Pour que la chaleur des mains

Se refroidisse à la pierre

Et que me marche dessus

Le roi qui m’a caressée

Déchirée brûlée jetée

Vide défaite et rompue

Dominique Aury, née en 1907 et morte en 1998, est l’autrice d’Histoire d’Ô. Elle a assuré la fonction de secrétaire générale de La Nouvelle Revue Française, a été traductrice en langue anglaise, mais aussi poétesse.

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