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Les raisons du coeur – Mary Wesley

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Mary Wesley – Les raisons du cœur , 1990 Mary Wesley, 2010 pour la traduction française. Traduit de l’anglais par Michèle Albaret

C’est dans l’atmosphère des vacances, au printemps 1926, que débute ce roman. L’Hôtel Marjolaine résonne des cris et des rires d’une joyeuse colonie anglaise. Seule Flora, dix ans, ne semble pas participer à la fête. Elle attend ses parents, solitaire et désœuvrée, lorsqu’elle rencontre Cosmo sur la plage, puis Hubert qui la sauvera de la noyade, et enfin Félix, beau et sûr de lui, qui la prendra dans ses bras pour la faire valser. Dès lors, ces trois hommes seront au cœur de sa vie…

On entre tout doucement dans ce roman et il m’a bien fallu une cinquantaine de pages pour être happée par ce récit et ne plus avoir envie de le lâcher. Peut-on aimer plusieurs hommes à la fois ? Comment organiser alors une telle vie amoureuse ? De nombreux romans, et non des moindres, ont traité de ce sujet et ont répondu chacun à leur manière à cette question. Celle de Mary Wesley n’est ni plus originale, ni forcément plus juste mais sa force tient au personnage de Flora et à sa rébellion. Elle tient à décider elle-même de sa vie amoureuse et ne supporte pas d’être le jouet des désirs masculins. Car ils sont prêts à la partager, sans lui demander son avis !  Ignorante des choses de l’amour,  la jeune fille découvre les premiers émois, puis la sexualité en s’affranchissant  des tabous de son milieu et de son temps.

Dans la société anglaise des années trente, les femmes sont surtout des épouses ou des mères. Les romans sentimentaux écrits par des femmes sont révélateurs des aspirations, des paradoxes et des impasses d’une époque.

Je remets à l’honneur cet article de mon ancien blog, en ayant relu tous les passages que j’avais beaucoup aimés.

         Mary Wesley est née en 1912 et décédée en 2002. Elle a écrit une dizaine de best-sellers en moins de 20 ans, dont « La Pelouse de Camomille », « Rose Sainte-Nitouche », « La resquilleuse », tous traduits chez Flammarion. C’est après la mort de son second mari que veuve et pauvre, elle se mit à écrire.  Elle publia son premier roman « Souffler n’est pas jouer » en 1983, alors qu’elle avait déjà 71 ans. Certains l’ont décrite, raconte un journaliste de « Jane Austen plus sexy », ce qu’elle trouvait ridicule.

Elle n’eut de cesse de moquer les travers des anglais de la bonne société, de dénoncer l’hypocrisie bourgeoise, et la rigidité des mœurs victoriennes qui négligeaient les aspirations et les sentiments de l’individu au profit d’une moralité de façade, uniquement faite des codes de la bienséance et jouissant de privilèges de classe qu’ils ne remettaient jamais en question . Si souvent, les premières victimes en étaient les femmes, les hommes n’étaient pas moins prisonniers de leur éducation.

C’est pendant la guerre, alors qu’elle était au service de décodage, qu’elle rencontra son second mari, journaliste. Elle vécut alors en Italie et en Allemagne avant de revenir en Angleterre. Cette période lui permit de s’affranchir du joug de la morale conformiste et bourgeoise dans laquelle elle fut élevée et la marqua durablement.

Dans le cadre du mois anglais et avec Lou ou Titine.

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